
Si les vacanciers ont été très déçus de ne pas pouvoir faire de ski, le soleil et l’exceptionnel beau temps ont attiré de nombreux randonneurs au-dessus du brouillard. Le bilan à l’issue des vacances était déjà très bon pour les hôteliers et les restaurateurs de la région. Mais c’est depuis samedi dernier que l’ensemble des prestataires touristiques ont le sourire. Les chutes de neige et le froid ont enfin offert les conditions climatiques permettant le lancement de toutes les activités sportives hivernales.
Cela fait près d’une semaine que la neige est enfin arrivée sur les pistes et la saison de ski alpin et nordique ne fait que commencer. Grâce aux précipitations de ce début de semaine et au froid intense de ces derniers jours, les conditions sont excellentes dans notre région pour tous les amateurs de glisse. La station des Rasses a été prise d’assaut ce samedi 12 janvier ; il faut dire que le redoux de Noël, qui n’avait pas laissé beaucoup d’or blanc sur nos sommets, avais généré une grande frustration pour les skieurs durant les vacances.
En effet, en cette fin d’année les remontées mécaniques n’ont pu fonctionner que quelques rares jours et guère plus en ce début janvier malgré l’enneigement artificiel. C’est donc véritablement samedi dernier que la saison a débuté sur toutes les installations du Balcon du Jura. L’effervescence a été telle que l’école de ski a même battu son record d’affluence. En ce qui concerne le ski de fond, les pistes sont intégralement tracées depuis le 10 janvier et sont ouvertes non seulement aux Rasses, mais aussi au Mont des Cerfs et à L’Auberson, où la patinoire naturelle du village a pu ré-ouvrir grâce à la baisse des températures.
Le soleil et le brouillard comme atouts
L’absence de neige durant les vacances de Nöel n’a rien d’anormal car les fêtes de fin d’années arrivent très tôt dans la saison hivernale. Toutefois, il est vrai que le réchauffement climatique rend les choses de plus en plus difficiles en moyenne montagne (lire encadré). Malgré tout, les conditions météorologiques ont permis au secteur touristique de vivre un excellent début de saison. Tous les hébergements du Balcon du Jura ont connu une forte fréquentation. Les très rares annulations dues à l’absence de neige ont été rapidement compensées par des visiteurs venus prendre un bain de soleil. Le stratus qui s’étendait sur tout le Plateau suisse a poussé bon nombre de personnes à venir faire de la randonnée et profiter des terrasses ensoleillées des restaurants. La clientèle majoritairement suisse alémanique a répondu présent.
Un constat rassurant quant à l’avenir de la station qui a ainsi pu tirer son épingle du jeu.
Le Grand Hôtel des Rasses affichait complet à Noël et Nouvel An. L’établissement qui a été élu Hôtel Historique de l’année 2019 a passablement bien continué sur sa lancée au mois de janvier en accueillant quelques séminaires professionnels. La direction a en outre pris des mesures afin de diversifier l’offre et s’affranchir un peu des conditions météorologiques avec la création d’un espace SPA (sauna, hammam, piscine, fitness et massage).
Optimisme également à Yverdon malgré la disparition d’un hôtel
Enfin, selon Pierre Droz, directeur de l’office du tourisme régional, la fin de l’année a également été très bonne dans la branche gastronomique pour les régions du Nord vaudois et de la Vallée de Joux. Si pour l’heure, les chiffres des nuitées hôtelières ne sont pas encore connus, il est possible que la fréquentation moyenne en 2018 ait été légèrement à la baisse suite à la fermeture de l’ExpoHotel en Chamard au profit de l’expansion de la surface commerciale. Cent six chambres dans le segment deux étoiles ont ainsi disparu de l’offre. La clientèle d’affaire, qui représente 70 % du public cible pour Yverdon-les-Bains, s’est largement reportée sur les autres établissements de la cité thermale qui ont -à première vue- très bien travaillé durant l’année 2018.
Réchauffement climatique, vu de l’espace la neige disparaît
En Suisse, la neige est en train de disparaître et ce phénomène est probablement lié au réchauffement climatique. Un récent communiqué de presse de l’UNIGE explique que, suite à l’analyse de deux décennies de photos satellite du pays, des chercheurs arrivent à la conclusion que les zones où les chutes de neige sont rares, voire inexistantes, couvrent désormais 44% du territoire national contre 36% auparavant.
«D’une manière générale, on observe aussi que les conditions de faible enneigement qui prévalent sur le plateau gagnent peu à peu du terrain dans le Jura et dans les Alpes, un phénomène particulièrement visible dans la Vallée du Rhône», note Grégory Giuliani, chercheur à l’Institut des sciences de l’environnement (ISE) de l’UNIGE et auprès du GRID-Genève. L’étude a été rendue possible par la mise en œuvre d’un nouvel outil, le Swiss Data Cube. Ce dernier regroupe toutes les images prises par les trois derniers satellites américains du programme d’observations de la Terre Landsat, et celles du satellite européen Sentinel-2, depuis leurs lancements respectifs dès le début des années 70.
Les données sont librement accessibles non seulement aux scientifiques du monde entier, mais aussi bientôt au grand public : un visualisateur intégré au site www.swissdatacube.org permettra de comparer facilement les données pour des zones précises du territoire à différentes époques. «Notre ambition est que chacun puisse naviguer librement dans le territoire suisse pour en comprendre l’évolution», conclut Grégory Giuliani.
L’année 2018 est officiellement la plus chaude depuis le début des mesures en Suisse
L’observation de l’évolution du climat helvétique ne saurait se limiter aux seules images satellite ; Météo Suisse vient de publier son bilan 2018 et arrive également à une constatation préoccupante : l’année 2018 a été en moyenne 1,5°C plus chaude que la période standard 1981-2010. Le semestre estival a été le plus chaud des 155 dernières années avec de nombreuses conséquences sur le monde animal et végétal, l’agriculture et la sylviculture. La chaleur record s’est accompagnée d’un manque inhabituel de pluie sur plusieurs mois. En Suisse orientale, le déficit pluviométrique massif d’avril à novembre est devenu un événement séculaire.
Pour en savoir plus : www.nccs.admin.ch. Vous y découvrirez notamment les scénarios climatiques CH2018 qui montrent où et comment le changement climatique affecte le territoire suisse et ce que les efforts mondiaux pour la protection du climat peuvent faire pour l’atténuer.
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