L'assouplissement des mesures en lien avec le coronavirus permet aux théâtres et cinémas d'ouvrir à nouveau leurs portes dès demain. La salle obscure du Balcon du Jura propose une fin de journée de pré-ouverture dimanche avant de reprendre, à la normale ou presque, dès jeudi prochain.
Les cinéphiles qui ont quitté la salle le 12 mars dernier ne savaient pas qu'ils venaient d'assister à la dernière projection avant la fermeture temporaire des cinémas. La crise du Covid-19 a mis à l'arrêt les salles de spectacles, théâtres et autres lieux culturels. Le Royal a donc fermé ses portes en attendant patiemment de savoir quand il pourrait à nouveau faire le bonheur de son fidèle public. Clap de fin ? « Heureusement, non ! La structure même de la société a permis de passer cette période sans trop de difficultés », rassure Adeline Stern, directrice du cinéma sainte-crix. La société n'emploie qu'une seule personne à temps partiel. Son salaire a pu être pris en charge par le chômage technique. Le reste du personnel est payé à l'heure et est composé d'étudiants ou de personnes qui sont au bénéfice d'une autre activité lucrative. La gérante est quant à elle bénévole. Une organisation qui a permis de limiter l'impact sur la trésorerie du ciné local.
« Nous appliquons également une gestion rigoureuse. Nous n'avions aucun retard de paiement », observe l'exploitante. Le Royal a également pu bénéficier de l'entier de la subvention de la Loterie Romande prévue pour les évènements culturels de cette année et ceci bien que beaucoup d'entre-eux soient tombés à l'eau. Les seules pertes à craindre se situent du côté de la marchandise qui a dû être jetée en raison de l'arrêt de l'exploitation de la salle. « J'ai fait une demande de soutien au Canton. J'attends leur retour, ajoute la directrice, je précise que je n'ai pas pris en compte d'éventuel manque à gagner. Le but n'est pas de profiter mais juste d'éviter de perdre de l'argent sur des frais effectivement engagés. »
Besoin de tout son public
Si jusqu'ici le Royal n'a pas trop souffert de la crise, il a besoin, en revanche, de pouvoir compter sur son public dès la reprise pour assurer sa pérennité. « Venez au Royal ! C'est la meilleure aide que vous puissiez nous fournir », incite Adeline Stern. Elle n'hésite d'ailleurs pas à rappeler les bénéfices d'une séance en salle. « Au cinéma, on profite pleinement du film, comme un spectacle. Nous sommes concentrés sur l'œuvre, nous partageons nos émotions avec le public présent », sourit-elle.
L'exploitante et son équipe sont prêtes à reprendre du service dès ce dimanche. Le cinéma recouvrira « vie » par une journée de pré-ouverture (lire encadré de droite). Puis il proposera, dans un premier temps, sept séances hebdomadaires du jeudi soir au dimanche. « Nous respectons évidemment les directives de la branche. Nous avons adapté le bar et la caisse en les équipant de plexiglas et disposé des flacons de solution hydroalcoolique aux endroits stratégiques. Dans la salle, il faudra laisser un siège de libre entre chaque groupe de personnes », explique la directrice. Le Royal contenant 262 places, elle ne craint pas que cette directive soit une contrainte. « Ce d'autant qu'aucun gros blockbuster n'est annoncé ces prochaines semaines », ajoute-t-elle.
Mais que les amatrices et amateurs de cinéma se rassurent, des films, « et des bons » aux dires d'Adeline Stern - dont l'expertise en la matière n'est plus à démontrer - sont sortis ces dernières semaines. « Nous avons planché sur une programmation assez éclectique. Il y en aura pour tous les goûts. Nous avons la volonté que tous les publics reprennent le chemin du Ciné. Nous sommes un cinéma de village et il doit le rester. Malgré son succès auprès des cinéphiles, il ne doit pas devenir un cinéma d'art et d'essai », précise la directrice.
Le dimanche soir est effectivement « programmé » pour un public averti qui vient de loin à la ronde. Ces films « pointus » seront toujours de la partie mais il n'y aura, toutefois, pas d'évènements en présence de cinéastes en juin. « Nous reprendrons ces activités progressivement dès juillet », annonce Adeline Stern.
Le bar prend le virage du « consommez local »
Une sortie cinéma rime aussi avec un instant gourmand que ce soit avant, pendant ou après le film. Le cinéma local a décidé de profiter de la crise sanitaire pour opérer un changement majeur dans l'assortiment des produits proposés au public. Exit les barres chocolatées, glaces, boissons et bonbons issus de la grande distribution. Ces produits feront place désormais aux denrées locales et faites maison. « Cela faisait très longtemps que j'avais envie de proposer quelque chose de différent. La période que l'on vient de traverser m'a convaincu d'agir et de passer le cap », se réjouit Adeline Stern, la maîtresse des lieux. « Nous allons nous approcher des artisans de notre région pour proposer des produits du coin. Nous servirons, par exemple, du thé froid maison. La crise nous a fait remarquer qu'il faut consommer différemment. Je pense que l'on ne doit pas compter toujours sur les autres, c'est aussi à nous de nous bouger et de mettre cela en pratique », appuie la gérante.
« Bien sûr, je peux comprendre que les gens n'adhèrent pas et veuillent prendre leurs propres gourmandises avec eux lorsqu'ils viennent au cinéma. Il n'y aura aucuns souci », tient-elle à préciser. Le bar proposera prochainement des prix libres. « Il y aura un prix conseillé et ensuite aux gens de mettre ce qu'ils peuvent selon leurs moyens ou ce qu'ils veulent s'ils désirent soutenir le Royal », explique Adeline Stern. « Le rêve serait de pouvoir pratiquer de la sorte également avec le prix de l'entrée pour la séance de cinéma. Ce n’est pas gagné car il faut convaincre les distributeurs de film. Mais je vais me battre pour », sourit-elle.