Des nuitées au moins égales mais certainement supérieures à celles décomptées en été 2019 caractérisent le bilan touristique 2020 du Balcon du Jura. Les restaurants ont également bien travaillé, malgré les mesures restrictives liées à la Covid-19.
« Désolés, notre établissement est complet ce soir ». Cette phrase, la plupart des hébergeurs du Balcon du Jura l’ont répétée souvent, tout au long de l’été. Démarrée sur les chapeaux de roue en mai, la saison touristique a battu des records de fréquentation. Les hébergeurs, qui craignaient de vivre un été calamiteux avec les restrictions liées à la Covid-19, respirent. « Nous avons enregistré 29% de nuitées supplémentaires en juillet, et 20 % en août par rapport à l’été dernier, qui était déjà une bonne année », se réjouit Patrice Bez, directeur du Grand Hôtel des Rasses. Sans surprise, c’est la clientèle suisse alémanique qui est à l’origine de ces chiffres, alors que la clientèle étrangère, souvent française, est tombée à 5-7%.
À l’hôtel de France, en revanche, l’absence de groupes n’a pas pu être compensée par le tourisme individuel, même si celui-ci a été bien présent dans l’établissement, expose Marina Capaccini.
Les séjours s’allongente
Dans ce contexte particulier où les Suisses étaient encouragés à passer leurs vacances dans le pays, les nouveaux hébergements ont tiré leur épingle du jeu. Fabrice Jordan, du Centre Ming Shan, à Bullet, qui a ouvert son hôtel de 32 lits au public, « ne communique pas de chiffres mais relève que la fréquentation a été bien supérieure aux prévisions ».
Du côté de la parahôtellerie, même appréciation positive : « Nous avons accueilli beaucoup de randonneurs et de cyclistes qui faisaient la traversée du Jura, et cela a compensé la période de fermeture liée au Covid-19 », relève Pierre Musy, du B&B Les Replans.
Patrice Bez met en avant un autre phénomène : les séjours ont tendance à s’allonger, passant de 2-3 nuits à 4-5 nuits. Autre phénomène constaté, les réservations arrivent de plus en plus souvent à la dernière minute, liées à la météo.
Les recettes de la taxe de séjour n’étant pas centralisées en cours d’année, un indicateur connu, celui du mois de juillet, montre pour la commune de Sainte-Croix des rentrées identiques à celles de juillet 2019.
L’affluence de clients sur le Balcon du Jura a cependant mis en lumière l’absence d’un système de réservation centralisé où l’on peut voir rapidement où des chambres sont encore disponibles.
Casba fermée
Le mot « complet » est revenu également très souvent dans la bouche des restaurateurs, qui ont facilement rempli le nombre de places réduites dans leur établissement et ils ont dû refuser du monde. Au Grand Hôtel, Fabrice Bez dit avoir rengagé du personnel en cuisine et au service pour faire face à l’affluence.
En contact régulier avec ses collègues, M. Bez souligne que chacun a bien travaillé. Aux Avattes par exemple, Elsa Biban relève une bonne fréquentation, en particulier des Romands : « ils n’ont pas pu aller au Paléo ou au Jazz Festival, alors ils sont venus chez nous !». La dernière saison du couple aux Avattes se conclut donc sur un bilan positif. Au 1er novembre, Myriam Afonso et son mari Gokhan Bozdag reprendront l’établissement. La Casba, elle, est restée fermée et n’ouvrira sans doute pas cet hiver. La nouvelle cuisine est installée, mais « l’établissement doit maintenant obtenir une licence – elle a perdu son statut de cabane de montagne – ainsi que l’accord de l’ECA et du Service de l’Aménagement du territoire », explique Roger Félix.
L’absence de coordination des jours de fermeture hebdomadaire des établissements publics pénalise toujours les visiteurs en début de semaine.
Du côté des commerces locaux, un pointage montre une nette satisfaction. « Nous avons eu beaucoup de voyageurs, intéressés notamment par l’achat de sacoches », souligne Adrien Nantez, de Thévenaz cycles.
Moins de monde au Musée
Au chapitre culturel, le Musée Baud, malgré des ouvertures quotidiennes en été, a connu une baisse de fréquentation de moitié par rapport à 2019, estime Arlette Baud. Les groupes ont dû annuler et la clientèle individuelle s’est réduite.
L’Office du tourisme local, de son côté, a accueilli 650 visiteurs entre mai et août, un nombre inférieur à celui de 2019. Cela s’explique par le fait que « les touristes étrangers, plus enclins à solliciter l’OT, étaient beaucoup plus nombreux l’an dernier que cette année », précise Justine Paillard, cheffe de l’office.
Le Pèdze Pass, initiative lancée par le Centre Thermal, la Maison d’Ailleurs et l’ADNV pour la relance économico-touristique a comptabilisé 4000 visites sur le site internet qui recense 63 prestataires. « Le Pèdze Pass est un projet cadre de l’ADNV pour la période 2021-2024, il sera davantage développé dans le futur », souligne Justine Paillard. En l’état, il était peu visible pour les hôtes de passage. « Je ne peux pas dire si cela fonctionne ou pas », note Fabrice Bez.
De leur côté, les visiteurs n’ont pas boudé leur satisfaction : la beauté du paysage, la tranquillité et un accueil aimable ont été appréciés. Des citadins alémaniques ont dit avoir été touchés par des gestes inattendus: une employée de la Poste qui offrait spontanément son aide pour boucler un paquet récalcitrant, une prise en charge en voiture de randonneurs épuisés ou un accueil particulièrement attentionné dans un chalet restaurant d’alpage…
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