Les milieux de la restauration et de la culture du Balcon du Jura s’y attendaient et prennent acte avec résignation des mesures de fermeture imposées par le gouvernement vaudois, sur fond de crise sanitaire de plus en plus aiguë.
« Nous devons croire que cette fermeture est nécessaire. Il faut casser la chaîne d’infection pour éviter d’aller dans le mur », constate avec lucidité Maria Caramia, responsable du Musée CIMA à Sainte-Croix. Elle s’exprimait ainsi mercredi, au lendemain de la décision du gouvernement vaudois de fermer les établissements publics, à l’exception des hôtels, et les lieux de culture jusqu’au 30 novembre. Une mesure forte alors que la Suisse figure dans le trio de tête des pays d’Europe les plus infectés.
« Nous respectons la décision cantonale, plus dure que les mesures de la Confédération », abonde Adeline Stern, tout en regrettant que « les lieux de culture soient mélangés avec les espaces de loisirs qui peuvent être beaucoup plus dangereux ». Une salle de 260 places où 50 personnes regardent dans la même direction et un repas de Bénichon, « ce n’est pas du tout pareil », poursuit la fondatrice du cinéma Royal. En outre, « la culture contribue à aider les gens à supporter les changements liés à la crise ».
Aucune critique
« Je suis presque soulagée pour notre famille », reconnaît Camille Rybacek Erbetta, du chalet-restaurant la Ronde Noire (Tévenon). « Je n’ai aucune critique envers les autorités, j’admire leur travail et leur persévérance », poursuit la jeune femme qui venait de rouvrir le chalet pour l’hiver.
« Nous avons un peu la gueule de bois », confie de son côté Vincent Hermann, qui tient en famille le restaurant Les Planets, aux Rasses, depuis trois ans. Conscient du risque, il avait limité les commandes de denrées périssables. Il espère un assouplissement pour Noël, « pour le moral », mais craint un effet yoyo sur la durée.
« On pouvait s’y attendre, mais je n’ai pas de mots pour réagir », avoue Zijada Delilovic, responsable du restaurant le Centre, à Sainte-Croix, la voix pleine d’émotion. Elle envisage déjà de proposer la vente à l’emporter, autorisée par la police vaudoise du commerce, mais lors du premier semi-confinement, « cela n’avait pas marché, les gens avaient peur. Cette fois-ci, les écoles restent ouvertes et cela pourrait sauver le minimum », espère-t-elle.
« Nous avions prévu des vacances, mais pas aussi tôt », réagit Nicolas Blanchard, de l’Hôtel restaurant du Chasseron, qui a pris la décision de fermer complètement l’établissement, plutôt que de garder une activité hôtelière pour quelques nuitées. Il n’en oublie pas les clients : « Les hôtels restent ouverts sur le Balcon du Jura ».
À la même corde
Alain Gervais Meuwly, du restaurant de La Gittaz, est amer : « nous avons fait le nécessaire, les tablées de quatre personnes, la désinfection des mains, sûrement mieux que dans le privé… ». Selon lui, les mesures prises pour éviter la saturation des hôpitaux découlent des coupes antérieures dans les budgets et des regroupements hospitaliers. Il estime que « l’on peut guérir de la Covid, mais que l’économie ne survivra pas ».
Secrétaire de la Société industrielle et commerciale (SIC), Maria Caramia a un autre point de vue : « Une économie sans êtres humains qui travaillent s’arrête. Sur le moment, c’est un coup dur, mais si on tire ensemble à la même corde, aussi bien l’économie, l’humain que la santé se porteront mieux ».
Les difficultés financières sont sévères pour les acteurs concernés, et la répétition de la mesure les place encore davantage dans la précarité. « Nous vivotons, témoigne Vincent Hermann, l’aide obtenue en avril n’a permis que de payer les charges. » « Nous n’avons reçu aucune aide de l’État au printemps, et nous ne savons pas si le Royal pourra survivre jusqu’à l’année prochaine », avertit Adeline Stern. Les uns et les autres attendaient les mesures mises sur pied par le Conseil d’État vaudois, coordonnées avec les annonces fédérales.
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