Une étape importante a été franchie dans les opérations de relevage du train fou qui a déraillé vendredi 2 octobre au matin sur la ligne reliant Sainte-Croix à Yverdon-les-Bains. La motrice a pu être remise sur les voies. Elle a été remorquée ce samedi 3 octobre en fin d’après-midi. Il reste encore beaucoup de travail pour remettre cette portion de ligne en état. Il paraît peu probable qu’un train ne puisse circuler entre Baulmes et Sainte-Croix avant le milieu de la semaine. La situation sera évaluée jour après jour.
Un peu moins de huit heures. C’est le temps qu’il a fallu pour remettre la motrice sur les rails. L’équipe de relevage est arrivée sur les lieux aux environs de 8 heures samedi matin. A 15h40, la locomotive de 54 tonnes était à nouveau sur la voie. En état de rouler, elle a pu être remorquée en direction de Sainte-Croix. Les opérations de relevage ont été confiées aux pompiers professionnels des CFF. Cinq d’entre eux se sont déplacés avec le wagon de secours contenant le matériel nécessaire pour effectuer ce travail. Ils ont pu compter sur la collaboration d’une dizaine d’employés de la société Travys SA.
Amarée, la motrice a pu être redressée au moyen de vérins hydrauliques. L’avant de la rame a été ensuite ripé pour être remis sur les voies. Il a fallu procéder de la même manière pour l’arrière du véhicule. Le relevage de l’autre wagon, renversé en contrebas de la voie, devrait poser plus de problèmes. En raison de la distance le séparant de la voie, il ne sera peut-être pas possible de soulever ses 17 tonnes avec un wagon-grue. D’autres procédés sont actuellement envisagés comme, par exemple, le découper en plusieurs morceaux pour faciliter son évacuation.
Pollution du captage évitée
Suite au choc, de l’huile du compresseur de la locomotive s’est déversé dans le ballast. Quarante mètres cubes de gravats souillés ont été évacués. Une pollution qui menacait le captage, situé à 250 mètres de l’accident, d’une source qui alimente le village de Baulmes. Selon le directeur de Travys SA, Daniel Reymond, le captage n'a pas été touché. Eric Raetz, inspecteur cantonal des eaux, précisait samedi : "qu'il n’y avait aucun risque pour la santé, il s’agit d’huile minérale et non pas de produits chimiques. »
Remise en état de la ligne
La ligne de contact a été arrachée sur quelque 500 mètres, des pylônes ont été détruits ou ont plié sous la force de l’impact, le ballast doit être refait, il reste encore beaucoup de travail pour remettre la ligne en état. La voie elle ne semble pas trop avoir souffert de l’accident. « Nos employés travaillent sans relâche, ils font le maximum. Il subsiste encore des inconnues liées aux travaux de réfection de cette portion du parcours. Ceci ne nous permet pas d’annoncer précisément quand la liaison ferroviaire entre Sainte-Croix et Baulmes sera à nouveau établie. » explique Raphaël Gerbex, chef du département gestion du trafic chez Travys SA. Selon lui, il y a peu de chance que cela soit avant le milieu de la semaine. En attendant, un service de bus a été mis en place et relie Sainte-Croix à Vuiteboeuf. Le train circule normalement entre Yverdon-les-Bains et Baulmes.
Causes toujours pas établies
Les investigations se poursuivent toujours pour savoir ce qu’il s’est passé ce vendredi 2 octobre au matin. Le mécanicien du train a été entendu vendredi soir par les enquêteurs de la Gendarmerie vaudoise et du Service suisse d’enquête de sécurité (SESE). « Le train n'a pas été arrêté par les systèmes de sécurité habituels », indique Raphaël Gerbex. Grâce au système de veille automatique, le train aurait dû s’arrêter après avoir parcouru une courte distance, ceci pour autant que ses freins soient en état de fonctionnement. Dans ce cas, il aurait dû également s’arrêter de lui-même après avoir « grillé » un feu rouge en halte de Trois-Villes. « L'enquête en cours déterminera pour quelles raisons cela n’a pas fonctionné », précise le chef de département. Malgré cet incident, Raphaël Gerbex tient à rappeler que «le train est un moyen de locomotion sûr et que les accidents sont heureusement très rares ».
Pour rappel, un train sans passager circulant de Sainte-Croix en direction d’Yverdon-les-Bains a parcouru plus de cinq kilomètres sans conducteur vendredi matin. Après un arrêt suite à une panne, le train s’est emballé laissant son chauffeur sur place. Le convoi, composé d’une motrice précédée par un wagon, qui circulait à une vitesse folle, a croisé le train suivant, alors en attente à la halte de Trois-Villes. Il a déraillé peu après, au lieu-dit « Les Grassys-Brûlés ». Aucun blessé n’est à déplorer. Un miracle si l’on pense que le train montant, occupé par une centaine de voyageurs, aurait pu se trouver, à cet instant, sur une portion de voie unique et ainsi être percuté par le train fou.
AMR
Le remorquage de la locomotive en vidéo !