L’année 2022 aura signifié pour les milieux culturels la tant attendue année de la « reprise », après deux calendriers marqués par de nombreuses fermetures, ralentissements et restrictions sanitaires, qui n’auront pas laissé sans faiblesses plusieurs des institutions. Il en va de même pour le cinéma Royal, qui tire un bilan mitigé, mais tout de même optimiste et satisfait de cette année 2022 terminée il y a peu.
Près de treize mille spectateurs auront dirigé leurs yeux sur l’écran blanc de la salle obscure de Sainte-Croix ; un chiffre inférieur de vingt et un pour cent à 2019, mais rassurant pour ses exploitants, qui craignaient pire. Le Royal s’en sort ainsi plutôt bien par rapport aux autres cinémas suisses, certains souffrant rétrospectivement d’une baisse de fréquentation plus nette encore, additionnée à ces deux dernières années plus difficiles. Diverses aides et gestes de soutien plus qu’appréciés ont soutenu le cinéma à échelle individuelle, collective, communale ou cantonale, sans que ceux-ci suffisent cependant à combler pleinement l’absence de trop nombreux spectateurs durant ces deux dernières années. Heureusement, des succès populaires plus récents comme Avatar 2 ont attiré un nombre réjouissant de spectateurs, chez nous comme ailleurs, permettant de terminer voire débuter un nouveau cycle sur une note positive.
Les raisons de cette réussite relative sont multiples, mais, un cinéma ne pouvant subsister sans son public, c’est la présence de celui-ci, proche, attaché et enthousiaste, qui se voit décerner une palme. Une grande diversité culturelle a également motivé cet intérêt, deux-cent septante-quatre films programmés par Adeline Stern s’étant succédé devant les rétines de ses spectateurs au cours de cinq cent-cinquante-deux séances (!), dont la variété a permis la venue d’un public parfois différent. Plus de septante évènements ou avant-premières s’y sont déroulés, avec plus ou moins de succès pour certains d’entre eux, ce qui importe toutefois moins que la possibilité de vie culturelle qu’ils constituent pour le Royal. La Loterie Romande a également apporté son soutien au cinéma, ainsi que les Amis du Royal ; l’établissement espère ainsi pouvoir compter à nouveau sur ses acteurs culturels, passifs ou actifs, pour l’année à venir.
Plusieurs nouvelles idées projettent sur cette nouvelle année des auras lumineuses, tandis que la reconduite d’un bon nombre des projets amorcés par le passé devrait assurer la poursuite d’un bon chemin pour l’établissement.
Le vingt-quatre décembre, à l’occasion de Noël, sur une initiative de Sarah Occhipinti, trois séances ont été offertes à la population, ainsi qu’un bol de soupe, dès midi, près de cent-huitante spectateurs s’étant alors déplacés pour l’évènement, certains étant restés durant l’entier de la journée. Adeline Stern, dont cette année signera la vingtième à la tête du cinéma en tant qu’exploitante indépendante, en conclut qu’il existe un certain nombre de spectateurs que les moyens financiers empêchent d’aller au cinéma, mais qui en ressentent l’envie. C’est pourquoi 2023 devrait en conséquence signer la possibilité d’organiser des séances de ce genre, volontiers sujettes au mécénat, permettant à un plus grand nombre de profiter de la magie du cinéma grâce à la générosité de chacun.
En plus des concerts débutés en cette fin d’année, en collaboration avec l’Auberté, qui se dérouleront un vendredi par mois, et se poursuivront tout au long de l’année 2023, signant une diversification de genre, le cinéma poursuit sa politique sociale avec les billets suspendus et les prix libres, ayant pour but de permettre à tous de se rendre au cinéma.
Ainsi se conclut l’année précédente et se profile la nouvelle pour le cinéma de la région, sur les mots d’Adeline Stern, qui, partageant les paroles d’un spectateur, promet de poursuivre cette « navigation à contre-courant » pour le plaisir de son public et ses acteurs.
L.-G. Alloati
0