Le développement touristique du Balcon du Jura ces prochaines saisons prend forme. La mobilisation et la collaboration des acteurs locaux est requise pour donner du souffle aux projets esquissés. Le point avec Laurent Hall, chef de projet Masterplan depuis deux ans.
Pour la première fois en 2023, la pluie cédait le pas à la neige en début de semaine, au moment de l’interview de Laurent Hall, chef de projet Masterplan, cheville ouvrière du développement touristique du Balcon du Jura depuis le 1er décembre 2020. Un signe que le tourisme hivernal connaît des temps difficiles en moyenne montagne et rend plus urgent que jamais le virage vers des activités quatre saisons.
À son arrivée en fonction pour un mandat limité dans le temps (juin 2023) mais possiblement renouvelable, Laurent Hall a dû tout d’abord analyser les études et rapports antérieurs consacrés au développement touristique quatre saisons (voir encadré). « J’ai ensuite rencontré les autorités et une quarantaine de partenaires touristiques du Balcon du Jura et des régions limitrophes », confie-t-il. Il s’agissait pour lui de comprendre les besoins et les objectifs des acteurs de terrain, et de découvrir également l’offre touristique des voisins, afin de pousser des projets différents et/ou complémentaires, exprime-t-il en substance.
Projets phares
Le 4 novembre 2021, une présentation des enjeux du développement touristique mettait en évidence les projets phares du Masterplan. Le Musée unique est aujourd’hui en construction. Le rajeunissement des installations de la piscine des Replans est bien avancé, les travaux devraient débuter en septembre 2023. Des contacts sont en cours avec un prestataire de loisirs yverdonnois pour y développer une activité neuf à douze mois par an.
Le Centre nordique s’est cherché une vocation quatre saisons. Un premier projet, qui butait sur des questions d’aménagement du territoire, a cédé le pas à un rapprochement avec les propriétaires de la colonie anciennement LVT, que son propriétaire depuis 2014, la Fondation Clos du Château, souhaite rénover. La colonie apportant les lits dont voulait se doter le centre nordique, tandis que les locaux pour du matériel pouvant être mutualisés et un garage construit. Le bureau d’architecture Piller Normann, à Champagne a réalisé une étude de faisabilité financée à hauteur de 70 % par le canton (fonds LADE LPR de soutien aux projets régionaux), indique Laurent Hall.
Cinq groupes de travail
À l’automne dernier, cinq groupes de travail ont été mis sur pied sous l’égide du COPIL, un comité de pilotage formé des représentants des autorités de Sainte-Croix et de Bullet ainsi que des chefs de file de l’ADNV. Dans leur viseur, l’augmentation de la fréquentation ainsi que des retombées économico-touristiques du Balcon du Jura.
Issus de la base, actifs dans les différents secteurs de prestations touristiques, les membres des groupes de travail planchent sur des solutions concrètes qui correspondent aux besoins du terrain. « Ce ne sont pas forcément d’énormes projets, mais ils peuvent être facilement et rapidement mis en place à court terme », souligne Laurent Hall. Le chef de projet Masterplan cite quelques exemples de leurs travaux.
Structures éphémères
Depuis la fermeture de l’auberge de jeunesse, le manque de lits à prix doux se fait sentir de manière récurrente en été. Le groupe de travail « Hébergement et restauration » planche sur la possibilité de structures « pop up » (éphémères) en été. Plusieurs colonies ont été ou vont être approchées pour connaître leur occupation et les possibilités d’une utilisation estivale pour l’accueil des touristes.
De son côté, le groupe « Organisation et synergies » planche sur des collaborations en vue de professionnaliser la gestion des sociétés des remontées mécaniques, du GSFR, du ski-club, du skilift-télébob de Mauborget, de la piscine des Replans ou encore de la patinoire de L’Auberson. L’exemple de Vallorbe a été évoqué. Au terme d’un travail de préparation acharné, les responsables de la piscine, de la patinoire et du camping, accompagnés par les autorités communales, se sont engagés dans une démarche de regroupement en août 2017, par la création de la société Sports Loisirs de Vallorbe SA qui gère désormais de manière professionnelle les trois entités touristiques.
L’intérêt pour les circuits VTT et e-bike prend de l’ampleur sur le Balcon du Jura. Une signalisation adéquate permet désormais de moduler la longueur des deux récents parcours Suisse Mobile, soit 20, soit 34 km. Le groupe de travail « Mobilité douce » tient compte d’une cohabitation harmonieuse des différentes pratiques pour envisager de nouveaux parcours, par exemple à destination des chalets d’alpage. Un projet destiné aux familles est à l’étude sur le site des Rasses, où les enfants pourront faire l’apprentissage du VTT. Un pump track, discipline montante qui consiste à enchaîner des bosses et des virages relevés sur un parcours fermé, « pourrait apporter une vraie valeur ajoutée », relève Laurent Hall.
L’amélioration des transports sur le Balcon et vers le Val de Travers, Pontarlier et Grandson est dans le collimateur du groupe « Mobilité et transports publics » dans lequel siège un représentant de Travys et un responsable de Car postal. Un premier pas a été franchi avec l’introduction en décembre 2022 d’un bus à la demande au départ de Sainte-Croix vers L’Auberson et les Cluds. Une connexion avec Mauborget, qui permettrait de rallier Couvet en été, est en cours d’analyse.
Milieu du gué
Renforcer l’attractivité d’une région passe également par la mise sur pied d’événements, comme la course Spartan. La deuxième édition de cette manifestation qui a attiré plus de 2’500 participants et de nombreux accompagnants, principalement de Suisse mais également des pays voisins, est agendée au 17 juin. Au vu du succès de la Coop Rando, l’ADNV cherche une alternative à cette manifestation destinée aux familles, avec un autre partenaire.
En outre, des événements suprarégionaux pourraient être organisés sur le pump track, envisage Laurent Hall. Ces événements aux retombées économiques intéressantes viennent s’ajouter aux manifestations locales auxquelles la population est attachée.
Avec ses approches multi-sectiorielles, le Masterplan est au milieu du gué pour positionner Sainte-Croix/Les Rasses comme une destination quatre-saisons reconnue. Selon Laurent Hall, « Une deuxième phase est essentielle pour consolider et réaliser les objectifs retenus par le COPIL, et accompagner les porteurs de projets avec des recherches de financement ».
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