Le chantier des éoliennes avance. Rencontrée la semaine dernière sur le site en construction, Florence Schmidt, cheffe de projet chez Romande Énergie, fait le point sur l’état des travaux.
Depuis neuf mois, les pâturages boisés de La Gittaz et du Mont des Cerfs voient leur quiétude troublée par les travaux préparatoires à l’implantation de six machines de 98 mètres de haut (139 mètres en bout de pale). Impliquée dans le projet dès 2008, l’ingénieure Florence Schmidt, de Romande Énergie, « n’imaginait pas, à l’époque, qu’il faudrait attendre plus de 12 ans pour commencer le chantier du premier parc éolien vaudois ».
Accessibles par un chemin élargi et couvert de grave, deux trous destinés à accueillir la base d’ancrage des mâts sont encore béants au Mont des Cerfs. Sur leur pourtour, l’aspect minéral des plateformes d’environ 2000 mètres carrés contraste avec le vert du pâturage amputé d’une centaine d’arbres pendant l’hiver. Les matériaux extraits et concassés en vue de leur réutilisation en cours de chantier, mais aussi du matériel destiné aux futurs travaux, sont stockés en bon ordre sur ces aires aménagées et ceinturées d’un grillage qui en interdit l’accès.
Jongler avec le planning
Le temps relativement clément de l’hiver dernier a permis le déroulement du chantier avec une seule semaine d’interruption, hormis la période des vacances de fin d’année. En revanche, « nous avons dû jongler avec les équipes sur place pour le planning des travaux », reconnaît la cheffe de projet. Dans l’attente du feu vert de l’Office fédéral de l’énergie (OFEN), Romande Énergie a différé le raccordement du câblage électrique prévu au départ en même temps que l’aménagement des pistes (voir sous-papier). Les travaux de construction des socles ont donc été avancés, les trente tonnes de ferraille nécessaires à chaque site ayant été livrées au préalable.
Les trois plateformes de La Gittaz et la première du Mont des Cerfs présentent différents stades de la réalisation des socles d’un diamètre de 15 mètres, sur 2,85 mètres de haut. Un géotextile a été posé sur le rocher au fond de l’excavation, puis du béton maigre a été coulé sur la surface. L’eau récupérée dans les drains sous le géotextile est captée et stockée pour le contrôle de son PH avant son rejet. Jusqu’ici, elle n’a pas dû être traitée, son PH étant dans la norme, équivalente à de l’eau de pluie, indique en substance Florence Schmidt.
Bétonnage sous surveillance
Enercon, le fabricant allemand des éoliennes, a confié au consortium JPF-Francioli le soin de procéder au ferraillage. Au jour de la visite, sur l’emplacement E4 (une des trois éoliennes au Mont des Cerfs), un petit groupe d’ouvriers s’affaire au maillage de fers à béton pour la partie interne de la fondation qui supportera l’éolienne. La cheffe de projet connaît tous les intervenants, et les salutations sont cordiales. « Il y a un bon esprit d’équipe, c’est primordial », souligne-t-elle.
Présent ce jour-là, le Bâlois Félix Glatz, chargé de sécurité, mandaté par l’entreprise allemande, suit les opérations. Les consignes sont strictes et multiples en vue du risque zéro. « Jusqu’ici, aucun accident n’est à déplorer », souligne Florence Schmidt.
Le maillage de l’anneau terminé, les ouvriers procèdent au coffrage. Vient ensuite l’opération qui génère le plus de trafic, le bétonnage des socles en une journée par base. Des agents de circulation et des employés d’une entreprise de sécurité sont présents pour faciliter le passage d’une cinquantaine de camions qui déversent au total 350 mètres cubes de béton entre les deux éléments du coffrage « et pour assurer le déroulement fluide des opérations ». Florence Schmidt précise qu’il s’agit d’un béton bas carbone, fabriqué par l’entreprise Holcim et destiné à des éléments massifs.
Le socle achevé se présente avec une partie centrale proéminente d’une vingtaine de centimètres, d’un diamètre de 9.50 mètres. Le béton refroidi séché est « coiffé » d’un revêtement hydrofuge. Sur un côté, les sorties pour les câbles électriques sont en attente. Au stade le plus avancé, les ouvriers procèdent au remblaiement.
Début août, les travaux seront interrompus pendant deux semaines, pour les vacances du bâtiment. Selon Florence Schmidt, cinq des six socles devraient alors être bétonnés.
Prix à la hausse
Le montage des éoliennes est toujours agendé au printemps 2023. Mais leur prix a évolué à la hausse : « nous venons de signer le contrat avec Enercon, avec environ 10 % d’augmentation », précise Florence Schmidt. Une hausse du prix des matières premières frappera également les travaux de raccordement électrique. « Nos équipes recherchent les meilleures offres pour tout le raccordement électrique du parc. C’est une situation extraordinaire et nous négocions ces plus-values de manière aussi à répartir le risque équitablement. »
Les marges s’érodent, reconnaît Florence Schmidt. Le coût supplémentaire sera assumé par Romande Énergie, maître d’ouvrage, une entreprise en mains publiques.
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