La fromagerie de la Côte-aux-Fées change de mains

C’est le 1er janvier qu’Adrian Tinguely reprend l’entreprise de la Côte-aux-Fées des mains de Serge Jeanmonod. © C. Carisey

Dans quelques jours, Serge Jeanmonod effectuera sa dernière « coulée ». Il est à la tête de la fromagerie depuis trente-trois ans, mais il y a un demi-siècle que la gestion de l’entreprise est aux mains de sa famille puisque son papa, Marc, en avait repris l’exploitation en 1968. À partir du 1er janvier 2019, c’est un enfant de Bullet, Adrian Tinguely, qui reprendra les commandes, secondé par son épouse, Elodie.

« C’est un beau métier, mais c’est un métier exigeant. Physiquement et parfois moralement », rigole Serge Jeanmonod. « Bien sûr que j’aurai un pincement au coeur en quittant ma laiterie et le village, mais je me réjouis des prochains défis qui nous attendent, mon épouse et moi. » Car le futur retraité a déjà des projets. Une maison quelque part dans l’Hérault et l’ouverture d’un gîte. « Peut-être avec une table d’hôte, car Isabelle est cuisinière. » De quoi débuter activement sa nouvelle vie, avec bien entendu de fréquents retours au pays pour venir saluer son papa, ses enfants et ses amis qui restent au Val-de-Travers.

Une belle carrière que celle déroulée par ce passionné, tombé tout petit dans la cuve à lait. Après avoir obtenu son CFC de fromager et travaillé durant cinq ans à Fontaine-sur-Grandson, Suchy, Villarzel et Fribourg, Serge retourne sur les bancs d’école durant une année pour préparer une maîtrise fromagère à l’Institut agricole de Grangeneuve. Une formation théorique qu’il complète par quatre ans de formation pratique chez son papa. En 1985, la laiterie de la Côte-aux-Fées déménage dans de nouveaux locaux flambant neufs et ce changement de lieu s’accompagne d’un changement de patron. En effet, Marc Jeanmonod  décide de passer le témoin à son fils, Serge. Doté d’un nouvel outil de travail, le jeune entrepreneur fera fructifier et évoluer son entreprise. Agrandissement des caves, acquisition d’un robot de soins pour frotter et retourner les meules, élaboration de yoghourts maison et formation d’une dizaine d’apprentis. « La profession a connu bien des évolutions en trente-trois ans, explique-t-il. La robotisation a été un beau progrès, car jusqu’alors plusieurs employés avaient connu des problèmes de santé liés aux énormes charges qu’il fallait soulever chaque jour. Il y a eu également la création de l’Interprofession du Gruyère et la mise en place de l’AOP. »

Et qui dit fromagerie, dit bien entendu producteurs de lait. Là aussi l’évolution a été significative et a été marquée par la disparition de nombreuses exploitations. « Lorsque j’ai repris la laiterie en 1985, on coulait annuellement 1,8 million de litres de lait, fournis par vingt-sept agriculteurs. Aujourd’hui ce sont 2,4 millions de litres annuels qui sont fournis par treize producteurs ».

Pour Serge Jeanmonod et pour son épouse, Isabelle Baumann, l’heure de la retraite a sonné et à leur grande satisfaction, la transition avec la famille Tinguely se présente sous les meilleurs auspices.

Le début d’une nouvelle histoire

Le jeune couple, qui va s’installer sous peu à la fromagerie de La Côte-aux-Fées, sait parfaitement de quoi il parle. Adrian Tinguely, lui aussi fils de fromager, possède un CFC ainsi qu’un brevet fédéral de technologue en industrie laitière. Après quelques années d’expérience à la Brévine et cinq mois au Bémont, il a repris la fromagerie des Jordans, près des Bayards, qu’il gère depuis plus de trois ans avec son épouse, Elodie. Un appui précieux, puisque cette dernière possède à la fois un CFC d’agricultrice et un CFC de technologue du lait. C’est elle qui s’occupera du magasin attenant aux caves. « Nous allons continuer à faire de la crème, du beurre, du gruyère et bien entendu les yoghourts maison. La nouveauté, ce sera un fromage à raclette que je fabriquais déjà aux Jordans, explique le futur patron. On va aussi maintenir les horaires du magasin, en avançant un peu l’heure d’ouverture du matin» ».

Heureux parents d’un petit André, Adrian et Elodie Tinguely se réjouissent de s’installer à La Côte-aux-Fées. Après avoir vécu au milieu des pâturages des Jordans durant quelques années, c’est une tout autre vie qui les attend désormais. « Nous avons choisi de reprendre cette fromagerie car elle est plus grande et elle offre de belles possibilités d’évolution. La transition avec la famille Jeanmonod s’est vraiment bien passée et on est impatients de démarrer le 1er janvier au matin ! »

Un joli défi pour ces jeunes fromagers, mais également une chance pour les Niquelets de voir des emplois et une entreprise maintenus dans leur village.

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