Les Sainte-Crix non avertis qui ont emprunté la rue Centrale, jeudi 9 février entre 11h et 12h30, auront eu la surprise de se trouver nez à nez avec un impressionnant dispositif de tournage. Sous un soleil radieux, l’équipe de production du film « Passer l’Hiver » de Pierre Monnard inaugurait ses premières prises de vue dans les rues de Sainte-Croix. L’occasion d’observer, comme de nombreux passants ce jour-là, le travail effectué sur un plateau de tournage.
Le 9 février dernier, Sainte-Croix jouait sa star, prêtant son décor au dernier long métrage du réalisateur suisse Pierre Monnard. Devant l’enseigne du magasin Denner de la rue Centrale, une quinzaine de personnes – réalisateur, caméramans, scriptes, ingénieurs du son, acteurs, figurants, etc. - avaient donc pris leurs quartiers pour tourner une scène du film. « Dans celle-ci, nous explique Laetitia Cervini, assistante de production, le protagoniste (incarné par Maxime Valvini) sort du magasin et croise un voisin en voiture ». Cette scène courte dont la durée n’excédera, au total, pas une minute trente, nécessitera tout de même environ une heure et demie de tournage. En effet, la scène est d’abord répétée quelques fois sans être filmée : il faut que chacun connaisse sa place, qu’acteurs et figurants sachent quel chemin emprunter et où se positionner, la voiture à quel moment s’arrêter. Puis, ça tourne ! Durant les prises, le silence est réclamé et la rue, animée et bavarde, se tait. Deux personnes de l’équipe de production sont chargées d’empêcher momentanément les voitures d’accéder dans la rue, les clients d’entrer dans le magasin et les passants de traverser le champ. « Heureusement, les gens sont très compréhensifs », nous glisse Laetitia Cervini. Entre chaque essai, les « rushes » (les extraits filmés) sont analysés, et les bavardages et allers et venues peuvent reprendre.
Plusieurs passants s’attardent aux abords du tournage et observent, amusés. Marie ignorait qu’un film se tournait à Sainte-Croix, mais se réjouit de l’animation et de pouvoir observer « l’envers du décor ». Plus loin, un père et sa petite fille attendent que le tournage commence pour voir « comment ça se passe ». « Ça va nous faire bizarre, si la scène est gardée, de voir cette rue de Sainte-Croix dans le film ! ».
Retombées intéressantes pour Sainte-Croix
Les habitants du Balcon du Jura auront certainement d’autres occasions d’apercevoir les lieux qu’ils connaissent dans le long métrage, puisque Sainte-Croix est la ville où se déroule l’intrigue principale. Croisé sur les lieux du tournage, le syndic Cédric Roten est lui aussi impressionné par la « grosse machine » mise en place. Fier que la région ait été choisie pour servir de décor au film de Pierre Monnard, il informe que la commune n’a pas hésité à rendre disponible ses services à la production, après s’être assurée que l’image qu’elle souhaite donner de la région soit bien représentée. Pour Sainte-Croix, cette collaboration représente donc une forme de publicité indirecte, ainsi que des retombées économiques intéressantes puisque l’équipe du film loge et consomme sur place durant quelques semaines.
Cette après-midi-là, le tournage s’est poursuivi vers l’église, avant de se terminer à l’intérieur du magasin Denner, après sa fermeture. Les Sainte-Crix auront jusqu’au 10 mars pour tenter d’apercevoir à nouveau l’équipe de Pierre Monnard dans la région.
Gros plan sur les figurants
En cette matinée, ils sont quatre à attendre qu’on les réquisitionne pour apparaître, plus ou moins furtivement à l’écran. Ils discutent dans une ambiance bon enfant, le soleil et le ciel bleu de cette journée de février rendant agréable les moments d’attente. Les figurants font partie intégrante du film et contribuent à rendre les images réalistes. Certains, comme Gilles, n’en sont pas à leur coup d’essai. Il a déjà participé à plusieurs productions tournées en Suisse, notamment dans Hors saison, la série de Pierre Monnard filmée entre autres dans le Val-d’Illiez. Par passion pour le cinéma, cet assistant en soin et santé communautaire n’hésite pas à venir du Valais pour participer à l’expérience trépidante d’un tournage. Un couple de retraités venus de Pontarlier a également à son actif plusieurs expériences de figuration, attiré par l’ambiance sympathique et les nouvelles rencontres qui se font sur le plateau. En revanche, pour Daniel, la soixantaine, qui habite Sainte-Croix depuis peu, c’est une première expérience cinématographique. « Je suis un vrai client du Denner, moi ! », plaisante-t-il. Il a vu l’annonce de recherche de figurant et a été encouragé par sa fille à y participer.
L’expérience plaisante nécessite tout de même patience et disponibilité de la part des figurants, rétribués 100 francs pour la journée.
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