Un étang, trois bassins et une coupe de bois ont été réalisés sur les flancs du Cochet. Ils s’inscrivent dans une volonté de préservation des prairies et pâturages secs.
Les coupes de bois réalisées durant l’hiver sur les flancs du Cochet sont visibles loin à la ronde. Elles font partie de différentes mesures prises dans le cadre de la première étape du Plan de gestion intégré des pâturages communaux validé par le Conseil communal sainte-crix en 2015. La forêt gagne du terrain. Il suffit de consulter les photos du début du siècle dernier pour s’en convaincre. Le Cochet était alors « pelé ». Avec la baisse de l’exploitation forestière et le manque de pression du bétail, les pâturages boisés ont tendance à se refermer pour devenir des forêts. Cet état de fait entraîne un changement de biotope. « Depuis 1900, quelque 95 % des prairies et pâturages secs de Suisse ont disparu. Ce sont des habitats riches en espèces qu’il s’agit de préserver », indique l’Office fédéral de l’environnement.
La Confédération a recensé les plus précieux d’entre eux dans un inventaire. Le pâturage sur le flanc ouest du Cochet y est répertorié. La zone n’échappe pas à la règle et la forêt y a repris ses droits au fil des ans. Pour contrer son avancée, une coupe représentant quelque 400 mètres cubes de bois a été réalisée. D’autres coupes sont prévues dans la zone dans les années à venir. « La forêt est essentielle, il n’y a pas de doute. Les pâturages boisés font partie du paysage jurassien. Mais il faut trouver un savant équilibre. À cet endroit, il s’agit de redonner de la place au pâturage sec », explique Kim Fiaux, ingénieur agronome du bureau sainte-crix Montanum.
Pression du bétail
Les coupes de bois sont réalisées en parallèle de la construction d’un étang pouvant recueillir et contenir quelques 150m3 d’eau de pluie. Ce dernier, placé près du sommet du Cochet, alimentera trois bassins répartis sur les 60 hectares de pâturage et disposés à des endroits clés pour que le bétail puisse s’y rendre facilement. « Ceci permettra d’accroître la pression du bétail sur la zone et ainsi éviter son reboisement », explique Benoit Margot, garde forestier de la commune de Sainte-Croix.
Jusqu’alors, la zone ne contenait que deux points d’eau relativement éloignés l’un de l’autre. Les septante génisses qui y pâturent avaient donc tendance à rester toujours au même endroit laissant ainsi la forêt reprendre ses droits. Les bêtes consomment, quand il fait chaud, environ huitante litres d’eau par jour. « Avec les étés que l’on connaît ces dernières années, les sources se tarissent et elles ne suffisent souvent pas », explique Alain Junod, l’amodiataire du pâturage. La zone étant difficilement atteignable, l’agriculteur n’y amenait pas d’eau. « Nous devions donc déplacer les génisses du côté de la Casba et elles pâturaient finalement assez peu ici », explique l’agriculteur des Praises qui voit d’un très bon œil l’installation de ces trois bassins. « Nous allons créer des parcs plus petits et cela permettra de contenir plus efficacement la forêt », ajoute-t-il.
Benoit Margot et Kim Fiaux ont associé l’amodiataire au projet dès sa phase initiale. « Il sait très bien quels sont les besoins et il connaît parfaitement le terrain », explique Kim Fiaux, responsable du suivi du projet. Il a fallu ensuite trouver les endroits pour placer l’étang et les bassins. « Il faut tenir compte des différentes affectations des zones concernées mais aussi de la topologie du terrain. On essaie aussi que ces constructions soient les plus discrètes possible pour préserver au mieux le paysage », ajoute-t-il. Deux biologistes cantonaux se sont également rendus sur le terrain pour affiner le projet qui a reçu l’aval des services cantonaux et fédéraux concernés. Ces travaux, estimés à 74’560 francs, sont subventionnés à hauteur de 40 % par le Canton et 30 % par la Confédération. Avec l’installation de deux étangs au Mont-de-Baulmes et la réfection du chalet du Mont-de-Baulmes Dessous et de quatre chemins vicinaux, la première étape du Plan de gestion intégré arrive à son terme. Une seconde étape devrait être présentée à la Municipalité courant 2021.
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