Élus respectivement le 22 octobre au Conseil national et le 12 novembre dernier au Conseil des États, Yvan Pahud et Pascal Broulis achèvent ce vendredi leur troisième et dernière semaine de session parlementaire à Berne. Chambre basse pour l’un, haute pour l’autre, mais pour tous deux, les débuts dans leur nouvelle charge politique au niveau fédéral. Ils racontent leurs impressions et tirent le bilan de cette session d’hiver qui s’achève.
Yvan Pahud : le Conseil national
Depuis son élection le 22 octobre denier, les choses se sont enchaînées rapidement pour le nouveau conseiller national UDC, Yvan Pahud. Dès la semaine suivante, il reçoit les ordres du jour pour la session d’hiver, des informations envoyées par son groupe politique et de nombreux dossiers dont il doit prendre connaissance pour se préparer au maximum pour le jour-J.
Le 4 décembre, jour de son assermentation, il a fait son entrée dans la salle du Parlement et prêté serment sous les yeux de sa femme et de sa maman. « C’est vrai que c’est impressionnant et apporte beaucoup d’émotion. Lorsqu’on entre dans le bâtiment et qu’on s’assied à sa place (au numéro 84), on se dit « Voilà, cette fois c’est parti ! ». Après un bref moment pour saluer sa famille, la séance de la journée se poursuit immédiatement avec l’ordre du jour. Un rythme intense, qui va durer trois semaines, vient de démarrer.
La vie d’un conseiller national
Les journées commencent généralement à 8h du matin pour se terminer à 19h. Sauf le lundi, précise Yvan Pahud, où les séances ne démarrent que l’après-midi, ce qui lui permet de prendre part aux séances de la Municipalité de Sainte-Croix où il est encore vice-syndic. Ne logeant pas à Berne, il effectue les trajets chaque jour depuis la Prise-Perrier, en covoiturage depuis Yverdon avec d’autres conseillers nationaux, pour arriver vers 7h45 au Palais fédéral. Père de deux jeunes enfants, Yvan Pahud tient à préserver sa vie familiale, et ne loge à Berne que lorsque les séances finissent tard (21h45 parfois !) ou commencent particulièrement tôt. Les journées sont rythmées par les votes et l’étude des dossiers. Entre les prises de parole, les conseillers nationaux peuvent sortir de la salle réservée à la Chambre basse pour se rendre dans celle, fameuse, des «Pas perdus». Entre sollicitations des journalistes, diverses associations, lobbys, et rencontres avec des visiteurs du Parlement, les conseillers nationaux ont peu de temps pour se reposer. Puis une notification arrive par SMS, la cloche sonne : il faut retourner voter.
La commission des finances
En plus de sa fonction de conseiller national, Yvan Pahud a également rejoint la commission des finances. « Je suis extrêmement content d’avoir eu la chance, en tant que nouveau venu, de pouvoir y accéder », explique-t-il. Les conseillers nationaux font leurs vœux pour les commissions qui les intéressent, puis ce sont les chefs de groupe des partis qui décident où ils placent leurs membres, en fonction des capacités de chacun et de l’ancienneté. Le Sainte-Crix obtient donc son premier choix, peut-être notamment grâce à son expérience dans la commission des finances du canton de Vaud. Il a également appris, le 19 décembre, qu’il rejoignait la délégation des finances. Celle-ci se penche sur des objets spécifiques (c’est elle qui était chargée de se pencher sur la crise du Crédit Suisse). Des sujets complexes, avec des implications majeures pour le pays, et qui demandent une excellente préparation pour bien en saisir tous les enjeux. Pour le moment, Yvan Pahud indique ne pas avoir fait appel à un assistant parlementaire (un montant est alloué aux conseillers nationaux pour s’offrir le service de ces aides). « Je veux déjà laisser passer cette session et j’adapterai le dispositif si nécessaire », relève-t-il.
Intégration facilitée par l’allemand
Malgré le travail conséquent et le rythme effréné des sessions, Yvan Pahud se dit très satisfait de sa position au Conseil national et de son intégration dans son groupe politique, l’UDC, le plus important au sein du Parlement. « J’ai été très bien accueilli et je me suis déjà fait beaucoup de copains, ça aussi c’est important ». Il faut dire que le Sainte-Crix peut compter sur sa bonne maîtrise de l’allemand pour nouer contacts et relations. « Il faut que nos collègues suisses allemands puissent nous comprendre. Les Romands sont minoritaires, donc si on ne reste qu’entre nous on ne fait pas beaucoup avancer les choses. Il faut aller vers les autres, autant vers les Suisses allemands que les Tessinois, mais aussi vers les collègues socialistes, PLR, du Centre, pour avoir le plus de contacts avec les collègues parlementaires et pouvoir créer des majorités ensuite », analyse Yvan Pahud.
Fin d’une ère au Grand Conseil
Cette semaine signait aussi son départ du Grand Conseil où il a siégé une dernière fois mardi. Après sept années passées au Parlement vaudois, Yvan Pahud a fait le choix de renoncer à cette fonction, difficile à assumer en parallèle à celle de conseiller national. « C’est un mandat qui me tenait beaucoup à cœur et ça a été difficile de prendre cette décision. Mais depuis cette dernière semaine, je sens que la page est tournée. C’est le Graal de tout politicien d’accéder au Conseil national et maintenant je sens que je suis pleinement à Berne ». Mardi, le président du Grand Conseil a lu sa lettre de démission et rendu hommage à Yvan Pahud qui aura déposé en sept ans 81 interventions (dont 40 interpellations, 3 motions, 10 postulats, 8 résolutions, 2 initiatives, 1 détermination, 2 simples questions et 14 questions orales). « C’est presque un record, ça m’a même impressionné moi-même », note le Sainte-Crix, amusé. Et avec sa première intervention au Conseil national, effectuée en allemand le 12 décembre dernier, on se demande s’il ne vise pas déjà à réitérer l’exploit à Berne.
Pascal Broulis : le Conseil des États
Pascal Broulis fait partie des conseillers aux États qui ont été élus sans passer par le Conseil national. Il a ainsi accédé, le 12 novembre dernier, directement à la Chambre haute au côté de son ancien collègue au gouvernement vaudois, Pierre-Yves Maillard. Rompu aux rouages de la politique, il s’agit tout de même d’une première pour le PLR sainte-crix. « Je connaissais bien les mécanismes du Parlement, mais maintenant je vis ça de l’intérieur. Les services sont très professionnels, donc ça met en condition, c’est rassurant, et j’ai reçu un très bon accueil de mon groupe politique aussi ».
La vie d’un conseiller aux États
À la Chambre haute, la journée démarre à 8h15. Il s’agit d’être ponctuel puisque l’appel est fait à l’heure pile, et les personnes en retard, et non excusées, sont marquées comme absentes. Pascal Broulis effectue les trajets entre Sainte-Croix et Berne, mais il lui arrive de loger également dans la capitale.
Les horaires des semaines sont codifiés et se répéteront de manière systématique durant les quatre sessions. Le lundi, les conseillers aux États entament leur journée de travail à 16h15… pour la terminer à 20h. Durant les deux premières semaines, les vendredis sont consacrés à des séances de relevés et de groupe et de travail. Comme pour le Conseil national, les journées sont ponctuées de nombreux votes. En décembre, le budget a été examiné en trois temps et des votes importants ont eu lieu, notamment sur l’attribution de subventions. Le conflit israélo-palestinien était également au cœur des discussions.
Moins nombreux qu’au Conseil national, les 46 conseillers d’États fonctionnent un peu comme les émissaires de leur canton au sein de leur parti qu’ils doivent convaincre lorsque l’objet des votes touche des intérêts régionaux. Ce sont donc à la fois des logiques partisanes, mais aussi cantonales, qui s’entremêlent lors des votations où chaque voix compte. Le 12 décembre dernier, Pascal Broulis a ainsi déposé une interpellation concernant l’arrivée du F-35 à Payerne et ses implications pour les communes riveraines de l’aéroport. Par hasard, c’est une place de choix qui a été attribuée à Pascal Broulis : à l’arrière de la salle, ce qui lui permet d’avoir une bonne vue d’ensemble pour observer les votes.
Le Sainte-Crix s’est vu attribuer trois commissions : celle des institutions, celle de la sécurité et celle des finances (avec la sous-commission pour les transports et l’aménagement du territoire). Il travaillera également sur la thématique des affaires franco-suisses, est membre de la délégation avec la francophonie, et de celle qui examinera le programme de législature du gouvernement fédéral. Si la charge de travail semble encore plus dense qu’au Conseil national, Pascal Broulis n’en est pas surpris. « C’est un rythme ordinaire ». Tout comme Yvan Pahud, qui continue à exercer son activité professionnelle (responsable des ventes pour la scierie Schilliger), Pascal Broulis est attaché à poursuivre ses divers mandats hors des sessions parlementaires comme la présidence d’Y-Parc, ou, notamment, son engagement auprès de la Fondation de l’école suisse d’archéologie en Grèce.
Fin de la première session de la 52e législature
Ce vendredi 22 décembre marque la fin de la session d’hiver (la prochaine reprendra le 26 février). Elle sera clôturée par un récapitulatif des résultats des différents votes effectués par la Chambre haute et basse, réunies pour l’occasion en Assemblée fédérale. Pascal Broulis et Yvan Pahud auront ainsi l’occasion de se côtoyer une dernière fois à Berne cette année, ce qui n’arrive pas si souvent. Les deux Chambres, pourtant distantes d’une trentaine de mètres seulement, ont toutes deux des rythmes effrénés... mais décalés.
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