CONCERT DU TRIO SALZEDO AU TEMPLE
Invité conjointement par la manufacture de harpes David et la commission culturelle de la paroisse, c’est au temple de Sainte-Croix que s’est produit, samedi 3 octobre, le trio Salzedo.
Composé de Frédérique Cambreling à la harpe, de Marine Perez à la flûte et de Pauline Bartissol au violoncelle, ce magnifique trio a interprété diverses œuvres de Debussy (Children’s corner), Fauré (Après un rêve, Dolly suite op 56, et Fantaisie op 79), J. Jongen (Deux pièces en trio op 60) et Kodaly (Adagio) révélant tour à tour la richesse des timbres des trois instruments, ainsi que la créativité de ces différents compositeurs.
Ce trio a vraiment présenté un concert original et d’une très grande qualité, et aurait mérité un public plus nombreux.
Cédric Cachemaille
Ça ne m’arrive pas assez souvent, hélas ! Dimanche 3 octobre, j’ai eu une joie profonde à écouter ce trio magnifique.
La musique française, au tournant du XXe siècle, a livré quelques-unes des œuvres les plus délicates, des plus émouvantes et oniriques qui soient. La harpe, comme la flûte y tiennent une place importante. Leurs couleurs et leurs jeux se prêtent à merveille à l’évocation de sentiments semblables à ceux qui surgissent à la même époque sous le pinceau des maîtres de l’impressionnisme. Ainsi Fauré et Debussy, qui ont été merveilleusement interprétés dans l’atmosphère du temple de Sainte-Croix rendue douce et intimiste grâce à un éclairage intelligent.
La combinaison en trio du violoncelle avec la flûte et la harpe n’a été que fort peu explorée par les compositeurs. À écouter les pièces transcrites et interprétées par le trio Salzedo, c’est étonnant et fort dommage. Et on comprend mieux pourquoi le compositeur et harpiste de légende Carlos Salzedo s’est attaché à transcrire des œuvres de compositeurs les plus divers pour cette formation. C’est la voie qu’a suivie aussi la flûtiste du trio, Marine Perez qui, comme Carlos Salzedo avant elle, a transcrit « Dolly, la suite op. 56 » que Gabriel Fauré a écrite pour le piano. Et sûr qu’il n’aurait pas renié cette version pour trio toute de fraîcheur, avec ses couleurs chatoyantes, merveilleusement interprétée et qui n’était pas sans rappeler certains tableaux de Berthe Morisot.
Et que dire de cette autre transcription des « Children’s corner » de Debussy, si pertinente, si sensible et respectueuse avec ce « Doctor Gradus ad Parnassum » uniquement à la harpe et les mouvements suivants plus chatoyants encore que ceux de la version pour orchestre d’André Caplet ? Peut-être ces mots : une évasion en rêve, beaucoup trop courte, dans des lumières qui évoquaient Monet et parfois Sisley.
A écouter encore avec autant de bonheur les trois interprètes en duo avec la harpe dans des œuvres de Fauré ou de Kodaly, on oubliait complètement la somme de maîtrise technique pour ne plus vivre que la musique. C’est suffisamment rare pour être relevé.
Le concert s’achevait par les deux pièces en trio que le compositeur belge Joseph Jongen a écrites en 1925 pour la flûte, le violoncelle et la harpe. Là encore, une merveilleuse découverte qui mettait toujours en valeur ces trois musiciennes et leurs instruments, dont une harpe magnifique de la manufacture David qui venait d’être achevée et dont c’était le premier concert.
jcj
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