En réponse à l’interpellation déposée en février 2023, le Conseil d’État a annoncé officiellement, le 7 mars dernier, que la filière médiamatique resterait en place au CPNV. Elle ne sera pas déplacée, comme il l’avait été envisagé, sur le nouveau site de formation professionnelle de Payerne.
Soulagement pour le Balcon du Jura qui voit la filière qu’il a lancée à l’aube de l’an 2000 garantie de rester au CPNV. Jeudi passé, le Conseil d’État a répondu à l’interpellation déposée il y a près d’un an par Jean-Franco Paillard et l’ancien syndic d’Yverdon, Jean-Daniel Carrard, demandant des clarifications sur le sort de la médiamatique. Dans sa réponse, le gouvernement vaudois indique en préambule être « tout à fait conscient que les établissements de formation, en tant que lieux de vie, sont profondément intriqués dans les structures économiques et sociales régionales qui les modèlent et qu’ils modèlent à leur tour ». Après étude du regroupement des médiamaticiens CFC à Payerne, la Direction générale de l’enseignement postobligatoire (DGEP) serait venue à la conclusion que les avantages découlant de ce rassemblement n’en compenseraient pas les désavantages. Sa réponse finale : « L’éclatement tant de l’écosystème positif que des partenariats vertueux en place, qui serait provoqué par le déplacement de la formation en médiamatique CFC, ne profiterait pas à la formation professionnelle. Cette variante n’a donc pas été retenue par la DGEP ».
Un départ impensable
« C’est un soulagement et une bonne nouvelle pour la commune », commente Cédric Roten, l’un des 45 cosignataires de l’interpellation au côté, également, d’Yvan Pahud. En effet, le départ des apprentis médiamaticiens aurait signifié une perte de 50 % des effectifs du CPNV, sans garantie qu’une formation remplaçante puisse assurer un contingent similaire.
Pour Marcel Jubin, doyen actuel de la filière au CPNV, et à l’initiative de sa création en 1999 (voir encadré), le départ de la médiamatique était simplement impensable. « La commune a dépensé plusieurs millions pour un nouveau bâtiment (Métiers 3) pour accueillir la médiamatique en 2017, donc pourquoi on déménagerait dix ans plus tard ailleurs ? La commune a cru en ce métier et on lui prendrait maintenant le morceau de gâteau ? Non ». Pour le doyen, les politiciens de la région se sont bien battus.
L’interpellation de Jean-Franco Paillard, mais aussi les discussions entreprises avec les responsables de la DGEP, Cesla Amarelle d’abord, puis Frédéric Borloz, son successeur, ensuite, semblent avoir finalement permis d’attirer l’attention du Canton sur les efforts entrepris par la commune de Sainte-Croix pour développer la filière et la rendre attractive.
Quid de l’informatique ?
Dans sa réponse, le Conseil d’État en dit plus sur l’École professionnelle de Payerne (EPP) qui devrait ouvrir ses portes en août 2027. Selon les prévisions actuelles, celle-ci recevra des élèves de maturité technique, de l’École de la transition, et proposera 240 places pour les métiers de l’informatique, 450 pour les filières commerciales et 700 pour la formation en logistique, pour un total de 760 places sur son site en moyenne par jour. Une réserve supplémentaire de 100 places pourrait aussi permettre d’étendre la formation de polymécanicien, avec une spécialisation en aéronautique.
Cédric Roten se réjouit que la formation professionnelle augmente dans le canton qui, dit-il, se trouve en situation de pénurie de places d’apprentissage. Si l’informatique sera aussi proposée dans la Broye, le syndic, qui enseigne lui-même aux apprentis en informatique au CPNV, veut croire que les places resteront demandées partout. « Augmenter le nombre de places en informatique correspond à un besoin car c’est un métier en pleine expansion et on manque d’étudiants formés ». Point que confirme Pedro Coelho, directeur général adjoint de la DGEP. « Le nombre de candidates et candidats pour une formation d’informatique en école des métiers dépasse la capacité de formation du Canton, plus ou moins fortement en fonction des années, mais généralement plus d’une centaine. Les études prospectives démontrent d’ailleurs qu’il faudra former plus de professionnels dans ce domaine pour répondre aux besoins du monde du travail ».
Un nombre d’élèves garanti ?
Si dans sa réponse à l’interpellation, le Conseil d’État avance qu’« aucun transfert de formation ne présentera, au terme de l’exercice, un solde négatif en termes d’élèves dans les différents sites de formation professionnelle du Canton », Cédric Roten mise déjà sur la capacité du CPNV de Sainte-Croix à adapter les plans de formation pour maintenir l’attractivité de la filière informatique, susceptible de subir une concurrence de la part de la nouvelle école professionnelle de Payerne. « C’est une inquiétude que l’on a et qu’on va surveiller de près. Mais ce sera à nous aussi de faire la promotion de cette formation et d’être innovants ».
Quant à la médiamatique, si celle-ci est garantie de rester à Sainte-Croix, elle devra également maintenir ses efforts pour continuer à attirer les jeunes. « Il faut que le métier réponde à une réalité. Les technologies évoluent, donc c’est aussi notre rôle d’être force de proposition, comme on l’a toujours été », conclut le syndic.
0