
© S. Zurbrügg
Le corps mortellement blessé d’un habitant du chef-lieu du Balcon du Jura a été retrouvé, vendredi passé peu après minuit, au port des Iris à Yverdon-les-Bains. Au terme de l’autopsie, les spécialistes ont pu établir que la victime, un Sainte-Crix de 53 ans, a été victime d’un homicide.
Vendredi dernier, à minuit passé d’une minute, des témoins signalaient à la Police du Nord vaudois la présence d’un corps ne présentant aucun signe de vie à proximité du camping d’Yverdon. Rapidement sur place, les policiers ont découvert un individu étendu sur le sol dont le médecin du SMUR et les ambulanciers dépêchés sur place n’ont pu que constater le décès. On apprendra qu’il s’agit du corps de Tchang Rolaz, un quinquagénaire sainte-crix, provoquant la stupeur dans la région. Au terme de l’autopsie, les spécialistes ont pu établir que la victime est vraisemblablement décédée des suites de graves traumatismes à la tête, qui n’ont pas été causés par l’utilisation d’une arme blanche ou d’une arme de poing, et qu’il s’agit d’un homicide. Sordide.
Deux individus interpellés
Un appel à témoins a été lancé par la Police cantonale, largement relayé par les médias et les réseaux sociaux, débouchant sur une dizaine d’appels dont certains ont permis à l’enquête d’avancer.
Les investigations, menées par plus de cinquante policiers, ont permis de se diriger rapidement vers deux individus qui ont été interpellés vendredi 24 juillet, en début de soirée, à proximité de la gare d’Yverdon. L’enquête a permis d’établir que ces deux personnes, âgées de 19 et 20 ans, d’origine roumaine et sans domicile fixe connu, ont été en contact avec la victime durant la journée de jeudi 23 juillet dans un commerce en ville d’Yverdon. Ils ont été entendus par le procureur et les enquêteurs en présence de leurs avocats.
Un individu hors de cause
Le travail des enquêteurs a permis de mettre hors de cause le Roumain de 20 ans, qui a été relâché lundi en fin de journée. Le plus jeune, lui, a été entendu comme prévenu de meurtre par le procureur et le Tribunal des mesures de contrainte l’a placé en détention provisoire pour une durée de six mois, un délai qui en dit long.
Les investigations se poursuivent et de nombreuses analyses techniques sont encore en cours. Le suspect refusant de coopérer, le mobile et les circonstances exacts de ce drame n’ont pas pu être encore clairement expliqués à ce jour, laissant famille, amis, proches ainsi que toute une région dans l’incompréhension.
AMR
« L’ami public numéro un »
Cette citation a pris tout son sens mercredi après-midi puisque le temple de Sainte-Croix était bondé pour rendre les derniers hommages à Tchang Rolaz.
De son nom d’origine Kart Chang, il est né en 1961 en Corée du Sud et a perdu ses parents très tôt pour se retrouver dans un orphelinat où vivotaient 750 enfants. A l’âge de six ans, par l’intermédiaire de Terre des Hommes, il se retrouve en Suisse où il est adopté par la famille de madame Viviane Favez et leurs trois enfants Geneviève, Jean-François et Fado elle aussi enfant adoptée.
Il apprend à lire et à écrire dans la classe de sa maman adoptive, institutrice à Puidoux, puis suit la classe de développement où il s’épanouit. Il obtient ensuite son CFC de boulanger après un apprentissage chez le syndic du village. Mais les horaires imposés du métier ne lui conviennent pas (il n’arrive pas à dormir de jour) et il doit exercer d’autres activités. Il suit également d’autres formations, puis le décès prématuré de son papa adoptif le plonge dans un certain désarroi qui lui vaut quelques moments de galère.
Tchang arrive à Sainte-Croix au milieu des années nonante, alors que ses parents vont s’installer à Bullet dans le chalet qu’ils ont acquis. Dans notre région, il trouve tout de suite à s’occuper, il vend les vignettes aux amateurs de ski de fond aux Rasses et devient un peu la mascotte du Groupement qui l’emploie. Il offre ses services pour entretenir les jardins et, notamment entretien la pelouse chez Pascal Broulis et tant d’autres qui apprécient son efficacité et sa gentillesse.
Bien qu’il reste très attaché à sa famille, Tchang est un homme épris de liberté, et il vit de manière autonome et paisible dans un petit deux-pièces à la rue du Jura. Comme il ne conduit pas, c’est un fervent adepte de l’auto-stop et la plupart d’entre nous l’ont vu déambuler dans les rues de Sainte-Croix.
« L’ami public numéro un » est un homme sensible, humble, parfois mystérieux et craintif, peut-être aussi quelque peu naïf. Et absolument honnête. Non-violent, Tchang est né dans la violence en Corée du Sud, et il est mort dans la violence un soir de canicule au chemin des Iris à Yverdon. Paix à son âme.
Nous présentons notre sympathie émue à sa famille et à ses amis.
Jean-Cl. Piguet
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