La descente aux flambeaux du 31 décembre est une tradition, voire une institution sur le Balcon du Jura. Celle du Cochet, bien sûr, puis plus tard celle du Plateau des Granges. Quand cette coutume a-t-elle démarré dans notre région et pourquoi a-t-elle perduré ?
C’est au soir du 31 décembre 1967 qu’a lieu la première descente aux flambeaux de Sainte-Croix, à l’initiative d’une petite bande de copains. Près de cinquante skieuses et skieurs y participent et dévalent les flancs du Cochet, torches en mains, en direction des Praises et de la place du Stand. L’un des instigateurs de cette toute première édition, Paul-André Simon, raconte comment est née l’idée. «Avec notre bande d’amis du «rallye du Becquet» on aimait skier et se retrouver pour passer des soirées à la Casba. On s’est dit que ce serait une jolie activité pour fêter le Nouvel An et que les pentes du Cochet étaient un bel endroit pour cela. On a eu des éditions splendides, avec beaucoup de neige, et d’autres fois la météo n’était pas avec nous.»
En 1972, l’évènement prend de l’essor et ce sont environ huitante personnes qui font la descente et qui retrouvent les spectateurs sur la place du Marché pour se réchauffer autour d’un picoulet et d’un vin chaud. Au cours des années qui suivent, ce n’est plus seulement un essor mais une véritable ruée, à tel point qu’en 1981 les organisateurs doivent répartir les cent huitante participants dans une dizaine de groupes ! C’est également la première édition «masquée».
En 1986, on apprend que le bénéfice de la manifestation, alors organisée par les membres de la Maison des Jeunes, est reversé à la Ligue vaudoise contre le cancer. Ça n’est d’ailleurs pas la première, ni la dernière fois que les responsables font un tel geste.
Décembre 1992, malgré la récente fermeture du télésiège des Avattes, entre cent vingt et cent cinquante personnes répondent à l’appel du comité d’organisation. Mais deux ans plus tard, ce chiffre est divisé par deux en raison du mauvais temps et du vent qui s’acharnent sur la région. Les caprices de la météo ont bien souvent retenu marcheurs et spectateurs à la maison, mais les mordus eux, qu’il pleuve, qu’il neige ou qu’il vente, ont toujours été au rendez-vous. Et les bandes de copains se sont succédé pour que perdure la tradition.
Sur le Plateau des Granges
Chez les Q-Gelés, c’est grâce à l’impulsion des membres du Hockey Club L’Auberson, que la première descente aux flambeaux a lieu en 1982. Les participants montent en téléski où parfois sur un char et se retrouvent au café de La Gittaz. De là, départ pour Les Grangettes d’en Haut d’où le ruban lumineux peut être admiré aisément depuis le village. Voilà plusieurs années déjà que la descente se fait à pied, dans les champs ou, au gré des chutes de neige, sur une piste damée pour l’occasion. Les marcheurs se retrouvent vers le collège et de là partent en direction des Grangettes d’en-Haut où les attend la soupe au pois.
En 1997, suite à la dissolution du HCA, la Société de développement reprend à son compte l’organisation de l’évènement. Et comme il se doit, c’est le traditionnel picoulet qui met un point final à la manifestation. Il se forme directement sur la route, ce qui donne parfois lieu à des scènes comiques, comme cette voiture pressée de passer et qui s’est finalement retrouvée piégée au milieu du cercle de danseurs, contrainte d’attendre la fin de la farandole pour repartir !
Tout comme sa grande sœur de Sainte-Croix, la descente aux flambeaux de L’Auberson a pris de l’essor au fil du temps et désormais ce sont près d’une centaine de personnes, dont de nombreux enfants, qui sont fidèles à ce rendez-vous. Les flancs du Cochet et les champs des Grangettes seront restés dans le noir le 31 décembre 2020, mais la coutume reste bien vivante. Souhaitons dès lors que les torches puissent à nouveau éclairer la nuit jurassienne lors du prochain Nouvel An !