
Vendredi dernier, les amateurs de théâtre se sont retrouvés à la Salle communale de Sainte-Croix pour assister à la pièce André le Magnifique mise en scène par Frédéric Martin et Antony Mettler, une pièce emmenée, sans entracte, à un rythme infernal par de brillants acteurs. Personne n’a été déçu, loin de là.
Dans un petit village, le maire (Vincent Kohler) s’est mis en tête de sauver le théâtre fermé depuis des lustres et menacé de destruction. Pour ce faire il décide de monter une pièce de sa composition qui s’apparente au répertoire classique. Sa charmante épouse (Anne-France Tardiveau) interprétera le rôle de la promise au héros. Et pour le rôle principal du preux chevalier, il a fait venir de Paris un acteur «professionnel» (Antony Mettler) afin de garantir le sérieux de l’opération. Il faut aussi un souffleur, ce sera le jardinier municipal André (Pierre Aucaigne), pas très éclairé, qui sera également chargé de toutes les basses besognes et notamment de garder l’établissement en y passant ses jours et ses nuits. Par bonheur, il est accompagné par la statue de sa Vierge à qui il accorde une dévotion inconditionnelle.
Le décor présente un théâtre en état de ruine passablement avancée, avec ses murailles ébréchées et des bosquets qui tiennent par la force de l’habitude. Pour la première répétition, bien évidemment, l’acteur parisien est en retard, histoire de correspondances entre les petits trains et de confusion entre les quais… Cela ne l’empêche pas de se montrer désagréable dès les premières minutes, méprisant à l’encontre du brave André, et tout émoustillé par Janine, qui le lui rend bien. Bref, la répétition commence par les tirades grandiloquentes du Parisien, les gaffes du souffleur et les répliques lancées à la mitrailleuse par une Janine totalement survoltée. Ça se présente mal…
Le héros est fatigué, on s’interrompt pour aller se restaurer, boire un peu plus que de raison et tenter de reprendre le lendemain, avec la scène de l’ours. Interprétée par Jacques Vassy, la bestiole se comporte de manière totalement aléatoire et absurde, ce qui met en fureur l’acteur principal et désespère le metteur en scène, pourtant compréhensif et bienveillant.
De fil en aiguille, l’acteur «professionnel» se retrouve, par de malheureux concours de circonstances, à la décharge municipale et c’est André le Magnifique qui doit reprendre son rôle. Ce qui nous vaut une scène finale où sont réunis tous les ingrédients du théâtre comique, du grand art…
André le Magnifique, c’est en quelque sorte du théâtre dans le théâtre, qui fait aussitôt penser aux Quatre doigts et le pouce de René Morax, qui est un des chefs-d’œuvre du théâtre populaire. Écrite par cinq copains comédiens, elle a remporté cinq molières, et a été adaptée au cinéma, c’est donc aussi devenu une sorte de… classique.
À voir encore à Corpataux les 23 et 24 janvier et à Colombier du 26 au 31 janvier.
Leave a Reply