Ambiance festive à retardement, chalets d’alpage, lanternes et branches de sapin, il s’agit du premier août…
Et c’est un premier août qui commence très tôt cette année avec une grande première : un atelier confections de lampions pour enfants à 15 heures. Ça marchera « plutôt bien pour une première », annoncera plus tard Isabelle Curchod, secrétaire de l’ADIS (Association des Intérêts de Sainte-Croix). Soutenue par la commune et présidée par Eric Vuissoz, elle compte sur le partenariat du Unihockey Club qui s’occupe des petites têtes blondes et des boissons.
Des enfants, il en viendra quinze. Et de l’intérêt, ils en montreront plus que les adultes en cet après-midi ensoleillé. Après cette animation pour enfants, s’ensuit un calme plat… J’ai compté : nous sommes dix personnes. Il est alors 17 heures 42. La musique de la radio seule se propose pour venir combler le manque d’animation et surtout de gens. Autant dire que l’ambiance n’a pas encore réellement « décollé ». Peut-être aurait-il fallu faire davantage de publicité ou organiser des animations pour les adultes ?
Quoi qu’il en soit, la soirée est loin de toucher à sa fin et personne ne perd espoir. C’est alors que soudain, à 18 heures 02, cinq autres personnes viennent s’ajouter au tableau. Puis, alors que le soleil doucement se cache, trois, quatre autres s’approchent. Soulagée, je peux constater que l’endroit se remplit gentiment mais sûrement.
A 20 heures 30, rassemblement autour du monument aux Morts où nous vibrons au rythme des tambours et des trompettes de l’Union Instrumentale de Sainte-Croix.
Après l’hommage qui ne connaît pas de limite d’âge, les soldats bleus suivent le plus petit d’entre eux pour parader à travers les rues de Sainte-Croix, en un cortège émouvant. Pourquoi émouvant ? Parce que tout le monde y est cordialement invité, mais que les mots qui invitent ne sont pas nécessaires. Ainsi salués par les habitants internes (aux fenêtres) et rejoints par les habitants externes (sur le bord des rues), nous paradons jusqu’au centre sportif, où le susdit lieu s’est considérablement rempli pour prendre enfin vie dans une ambiance chaleureuse.
Isabelle Curchod remercie les soutiens apportés pour cette grande organisation.
Après, le discours du 1er août de Jean-Bruno Wettstein, président du Conseil communal, visant à remotiver la troupe du peuple suisse en évoquant l’importance de voter face aux défis économiques, démographiques, environnementaux, sanitaires… Ce qui fait beaucoup.
En évoquant les défis… Il se trouve que Jean-Christophe Jaermann (pasteur de Sainte-Croix) et Thérèse Aubert (diacre) présents ce jour-là, tenaient justement à nous éclairer sur ce point… Avec une lanterne. Comment ? Ce n’est pas très utile pour faire face aux défis économiques, démographiques, etc. ? Mais si ! Bon. J’admets qu’en apparence non, bien sûr. Mais en réalité ce soir-là, ce lampion nous a symboliquement été présenté comme un phare, une lumière qui guide. Et un si beau lampion est utile seulement s’il peut être utilisé comme un phare et non comme une lampe de poche individuelle. Car alors elle n’éclaire plus, elle éblouit. Tout l’enjeu est d’oser. D’oser donner, aimer, espérer, de vivre. D’oser prendre le risque d’être libre. D’oser prendre le risque d’être soi. Être soi, c’est pouvoir être disponible pour les autres. Et pour terminer ce discours, une citation d’André Malraux :
« Dans notre monde passablement absurde, il y a quelque chose qui n’est pas absurde : c’est ce que l’on peut faire pour les autres. Car si l’absurdité du monde est à laisser aux philosophes et aux humanistes, c’est notre affaire à tous que notre monde ne soit jamais injuste. »
Et si lutter contre l’injustice contribuait aussi à notre propre bonheur ?
En cette soirée extraordinaire, dans cette atmosphère magique où tout semble possible, sous les lueurs éclatantes des guirlandes disposées au-dessus de nos têtes comme des étoiles, nous entamons le Cantique suisse mêlant ainsi nos voix pour promettre de grandes espérances envers la Suisse pour qu’elle reconnaisse davantage les richesses qui ne s’achètent pas. Si l’on avait raconté cette fête en termes de couleur, nous aurions été un arc-en-ciel. Chacun d’entre nous aurait été une goutte d’eau dans l’orage des feux d’artifice. Des feux d’artifice qui ont contribué à l’émerveillement des plus petits aux plus grands.
Et c’est sur les dernières notes d’un jazz manouche aux airs de vacances élégamment joué par un groupe de quatre musiciens aux doigtés d’une finesse extrême, aux cheveux d’une noirceur profonde et au charme discret, que les chers concitoyens repartent en mettant aussi long à partir qu’ils en ont mis pour arriver.
D. Zäch
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