Portrait d’un personnage adulé ou détesté, mais qui ne laisse pas indifférent

Cinéma
© Fanchon

Dimanche dernier au Cinéma Royal a eu lieu la projection du film « L’expérience Blocher », en présence du réalisateur vaudois Jean-Stéphane Bron. Faire le portrait cinématographique d’un personnage aussi controversé est un exercice périlleux, mais le réalisateur a parfaitement relevé le défi.

Au risque, comme le souligne Adeline Stern, de décevoir à la fois les partisans et les détracteurs de l’homme politique et en fin de compte, de ne contenter personne, donc de prendre le risque de faire un flop dans les salles. Mais l’intérêt du film ne réside pas dans les idées de l’homme, mais dans le personnage lui- même. En le filmant dans son intimité, chez lui, dans sa piscine ou devant ses nombreux tableaux d’Albert Anker, ou dans sa voiture lors des nombreux déplacements pour ses meetings, le cinéaste a su garder suffisamment de distance par rapport au personnage tout en montrant son côté humain, ses peurs, son humour, la relation avec son épouse.

Qu’est-ce qui a poussé Jean-Stéphane Bron, qui ne partage pas du tout les idées de Christoph Blocher, à avoir envie de réaliser un film sur lui ? « J’ai voulu me confronter à un personnage qui me faisait peur et comprendre pourquoi, en Suisse, on en était arrivé là ». Comment s’est passé le premier contact et comment avez-vous défini ensemble la trame du film ? « Christoph Blocher m’a posé beaucoup de questions, m’a dévisagé, et finalement m’a dit qu’il ne se connaissait pas, qu’il ne savait pas qui il était, qu’il ne s’observait jamais, qu’il vivait toujours dans l’action, et il m’a demandé de faire ce film avec honnêteté ». Et lui-même, a-t-il essayé de faire de la mise en scène ou de manipuler ? « Non, il m’a laissé filmer de longues heures dans sa voiture où il passait un nombre important de coups de fils et préparait sa stratégie avec sa femme. Il m’a juste demandé d’éviter de filmer certaines conversations téléphoniques, par respect pour l’interlocuteur. Il n’y a pas eu non plus de scoop ou de grandes révélations, durant ces heures de tournage, qu’il m’aurait demandé de ne pas divulguer ».

Le film révèle aussi l’importance de son épouse; très présente, elle est toujours là pour le rassurer, pour l’admirer, le seconder, mais ce n’est pas elle qui « tire les ficelles ».

Comment a réagi Christophe Blocher après avoir assisté à la projection ? « En fait, il n’a pas eu vraiment de réaction, il ne savait pas quoi penser de ce film. Par contre son fils et sa femme n’étaient pas d’accord entre eux sur certaines choses et se sont quelque peu disputés ».

Que pense Jean-Stéphane Bron de la suite de la carrière politique de Blocher ? « On voit clairement qu’il est en fin de course. Il a mis son parti sur les rails, il devrait se retirer. Mais je doute qu’il le fera, il est plutôt du genre à aller jusqu’au bout, à mourir sur scène ».

Quels sont les projets d’avenir du réalisateur ? Encore énormément de choses à expérimenter, notamment dans le domaine du documentaire. Ce sera certainement l’occasion de le revoir à nouveau présenter ses œuvres au Royal, puisqu’il dit toujours apprécier l’accueil qui lui est réservé chez nous.

M. Guinet

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