Le soir du dimanche 10 mars, au temple de Sainte-Croix, l’Ensemble vocal de L’Auberson, accompagné de l’ensemble « Le Moment Baroque » et de solistes, a clôturé son programme musical « Mozart à Salzburg », gravitant autour de musiques sacrées.
C’est face à une salle comble que se sont produit les musiciens, le parterre à lui seul n’ayant pas suffi à accueillir le public venu en grand nombre.
À l’occasion de trois concerts, les deux autres s’étant tenus à Saint-Aubin la veille et à Genève le 3 mars, l’Ensemble vocal de L’Auberson a présenté un programme orienté autour de la période salzburgienne de Wolfgang Amadeus Mozart, mettant à l’honneur des pièces du compositeur moins connues du grand public avec les Vesperae solennes de Confessore KV 339, la Regina Coeli in C, KV 276 et la Missa in C « Krönungsmesse » KV.317, pour terminer sur une autre de ses pièces en bis ; l’Ave Verum Corpus. En préambule, mais s’accordant à cette lignée sacrale, le concert s’est ouvert avec Deus, in adjutorium meum intende, un psaume composé par Tomàs Luis de Victoria dont la fonction est d’introduire l’office des Vêpres.
Pour mener à bien son concert, l’EVA s’est associé à l’orchestre « Le Moment Baroque », un ensemble composé de musiciens professionnels opérant dans l’interprétation de pièces du répertoire baroque et classique sur instruments d’époque. Quatre solistes professionnels ont intégré les rangs de l’ensemble en tant que mezzo (Claire Cervera), ténor (Maël Graa), basse (Rémi Ortega) et soprano (Élisabeth Peyer). Au total, cela ajoutait 22 musiciens aux 35 voix qui composent l’EVA. Ce programme était pour l’ensemble local le fruit d’un an de travail, ajouté à plusieurs répétitions d’ensemble pour coordonner le tout, et de pré-répétitions avec piano pour s’y préparer.
Retours enthousiastes
Parmi les membres du public (dont certains, convaincus, étaient aussi venus la veille), si tous n’adhèrent pas intégralement à l’esthétique des chants sacrés, admettant ne pas tous y trouver leur style de prédilection, l’appréciation du concert est restée de mise pour la plupart, les éloges et échanges positifs ayant abondé, tant auprès des musiciens, très complimentés, que dans les discussions informelles d’après-concert, où le public a pu se retrouver et échanger. Nombreux sont ceux qui ont relevé l’excellence de l’exécution musicale, notamment de la part de chanteurs amateurs pour beaucoup, faisant alors figurer l’EVA parmi les atouts et acteurs musicaux majeurs de la région. Tant sur le plan de la justesse que la qualité de la coordination, assurée par la baguette experte du chef Alexandre Aegerter et l’expérience de chacun, la prestation technique impressionnait par sa précision, tant dans les départs que dans la conduite des voix, tandis qu’on observait, entre les registres vocaux et instrumentaux, un équilibre remarquable, de même qu’au sein du chœur lui-même. Les contrepoints émergeaient ainsi de la masse sonore avec une clarté remarquable, et les nuances et l’attention portée aux dynamiques assuraient la délicatesse de la prestation. Aux injonctions de l’orchestre succédaient les réponses du chœur, ou vice versa, tandis que s’articulaient parfois des échanges entre les solistes, en duo ou plus.
Des œuvres riches
Les pièces, dans leurs mouvements, alternaient les caractères, tutoyant les gloria enthousiastes aussi bien que les laudate plus plaintifs, rapprochant les envolées lyriques de mélodies très articulées, qui permettaient à tous les registres de s’exprimer, plusieurs passages faisant la part belle aux percussions et aux cuivres, d’autres laissant la vedette aux cordes ou aux bois. Certains membres du public ont d’ailleurs relevé une importante place accordée aux femmes dans les œuvres, les voix masculines n’y étant pas prépondérantes.
Le chef a expliqué avoir sélectionné ces pièces par intérêt pour le répertoire, et par la joie qui émane de ces œuvres, et pour présenter à l’ensemble un répertoire nouveau, plus orienté vers le classicisme que le programme précédent. Il s’estime très heureux de ces concerts, tant au niveau de l’affluence que de la prestation. Les solistes Claire Cervera et Maël Graa s’en disent également très satisfaits et contents de la qualité du résultat fini. Si la première explique adorer Mozart pour la variété des couleurs musicales que présente son œuvre, et la qualité de son écriture vocale, agréable à chanter, et le caractère hautement théâtral des pièces jouées, le second témoigne d’un concert chaleureux, et estime que le défi que représentait un tel programme s’est vu relevé. Quelques musiciens attestent d’une fatigue, la succession de deux concerts représentant un investissement non-négligeable, mais en demeurent heureux.
Le programme prochain de l’EVA demeure secret, mais le succès de sa saison musicale, espère son chef, devrait lui avoir conféré une visibilité, celui-ci espérant voir de nouveaux membres intégrer ses rangs. C’est donc sur la suite d’un succès solide que l’EVA poursuit son parcours musical à venir.
L.-G. Alloati
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