Immersion dans le damage des pistes de ski de fond

Serge Gander a des heures de damages à son compteur, depuis vingt-six ans d'activité !

Nombreux sont les skieurs de fond, novices ou expérimentés, en traditionnel ou en skating, qui pratiquent sur les pistes du Balcon du Jura. Au départ des Rasses, 60km de pistes sont tracées par le GSFR. Il n'y pas vraiment de règles pour savoir à quel endroit et à quel moment il faut damer, " c'est la météo et l'état de la neige qui décident ", confie Serge Gander qui travaille beaucoup à l'instinct et qui a eu la gentillesse de nous accueillir dans sa dameuse durant une matinée.

Samedi 7h00, un épais brouillard persiste. Devant le centre nordique des Rasses, situé sous le restaurant des Planets, on distingue à peine le gyrophare de la dameuse Prinoth. Avant de partir, Serge Gander enregistre le message du répondeur. Très décontracté, il annonce le nombre de kilomètres tracés entre Les Rasses-Les-Cluds-Caravane-Combaz-Rochats-Prise Gaille-Chez Amiet et Ronde Noire, en précisant l'état : " pistes généralement bonnes, mais attention de ne pas vous laisser surprendre dans les descentes ! ", conclut-il. Le jour se lève à peine, on embarque dans sa machine et on apprécie que celle-ci soit bien chauffée !
En route en direction des Cluds, accompagnés par les vrombissements et les vibrations de la Prinoth. Dehors tout est blanc, on aperçoit à peine les piquets de marquage ! Serge connaît les pistes comme sa poche, même s'il lui est déjà arrivé de se perdre dans le brouillard et de tracer une boucle supplémentaire !

Une passion et beaucoup de patience
Serge a repris le traçage des pistes quand son oncle Etienne Gander a arrêté, en 1992. À l'époque, agriculteur de formation, Serge travaillait encore dans la ferme familiale aux Cluds, en plus de son entreprise forestière. Deux activités intenses qui ne lui laissaient guère de temps libre pour sa famille. En 1997, il renonce à la ferme. " En 1992, c'était le début du skating, il fallait enlever le traceur et mettre une planche pour lisser la piste ", déclare-t-il. Il devait donc choisir, au moment de partir, s'il allait tracer les bandes pour le traditionnel ou le plat pour le skating. " J'avais souvent des remarques, car les anciens n'aimaient pas ceux qui pratiquaient le skating et disaient qu'ils n'avaient qu'à aller skier en France ! "
Mais ce nouveau sport de fond n'a jamais cessé de prendre de l'ampleur. Heureusement, les dameuses actuelles sont équipées d'un système de traçage qui peut faire les deux en même temps ! Aux Cluds, le brouillard est en chapeau, on peut enfin admirer le spectacle hivernal des sapins givrés. Arrivés à la Combaz, on peine à différencier la limite entre la neige et le brouillard... Après la bosse de la Tête à l'ours, plus aucune trace, tout est soufflé ! On arrive à l'intersection où tourne la boucle des 25 km de la Mara. Arrivés aux Prises Gaille, on est à 15 km de notre point de départ.
Le vent souffle dans ces magnifiques paysages vallonnés... On rejoint la route qui monte depuis Couvet, dehors tout est paisible, on ne distingue pas âme qui vive. En direction de la Ronde Noire, les repères se font rares. Notre bûcheron connaît bien toutes ces forêts pour y travailler régulièrement à la belle saison, ce qui l'aide à se repérer en hiver. Au besoin, il donne volontiers un coup de main pour récupérer des randonneurs en peau de phoque qui se seraient égarés dans le brouillard...

Des refuges très appréciés
Il est 8h45 quand on arrive à la Ronde Noire. La patronne pèle les pommes pour les gâteaux pendant que son fils Guillaume nous fait de la place à la table familiale. Café et papotage dans l'ambiance chaleureuse de ce refuge hivernal sont les bienvenus ! " Les lundis on essaie de se retrouver ici avec Daniel, le traceur qui vient des Rochats, et on refait le monde ! ", confie Serge. On repart en direction de la Caravane par le chemin du Lavaux. Au pâturage de la Calame, on continue tout droit sur la piste dite " facile ". " Les skieurs demandaient plus de difficulté, on a évalué le parcours et créé une nouvelle piste dite 'difficile', qu'on reviendra tracer après ". Serge connaît sa machine par cœur et se faufile entre les arbres avec une grande précision.
On poursuit sur les Cluds où il échange deux mots avec Camille, qui vend les vignettes à la " Cabane à Tchang ". Camille s'informe sur le traçage, afin de renseigner au mieux les skieurs. Parvenus aux Rasses, on repart en direction de la Caravane pour tracer la piste qui descend dans la forêt. " Il doit être 10h30 " lance Serge, réglé comme une pendule. C'est l'heure du vin chaud dans la Caravane de Jacqueline. Trois skieurs se régalent avec la soupe du jour, tout en relevant les conditions excellentes et cette météo grisâtre qui rend les paysages mystérieux et magiques à la fois. On repart pour rejoindre le parcours de la Mara en passant par la Joux nouvelle, puis le pâturage de la Cruchaude. Arrivés sur les Mésanges, le virage est serré. Serge lève le traceur du classique. " Le gros avantage, quand tu pratiques également le ski de fond, c'est que tu sais si ça passe ou pas, et tu traces en conséquence, car avec des virages trop secs, tu finis dans le décor ". On monte en direction du Pré Bornoz. " Cette montée, c'est le juge de paix de la Mara, soit tu largues les autres, soit tu te fais larguer ! ", lance l'habitué. Arrivé en haut de la bosse, on coupe dans le bois pour rejoindre le pâturage des Cluds, afin de tracer la piste des chiens. Il est midi quand on revient aux Rasses. Le brouillard ne s'est pas levé, mais cela n'empêche pas les skieurs de venir tester les pistes fraîchement damées !

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