
Le mot n’est pas trop fort pour exprimer ce qui a été la raison de vivre de la Famille Baud durant 60 ans et le succès rencontré par le musée. Une soirée festive pour commémorer cet anniversaire, mais également un hommage rendu pour la somme de travail effectué jusqu’à ce jour, aboutissant à la réputation planétaire de ce lieu d’émerveillement pour petits et grands !
Arlette Baud a ouvert les festivités en saluant les membres des autorités et des délégations venues de France et de Suisse alémanique, ainsi que les représentants du Musée allemand de Rüdesheim.
« Que de chemin parcouru, d’obstacles surmontés, d’étapes franchies, mais aussi de patience, de volonté et de persévérance pour arriver à ce qui fait notre fierté aujourd’hui » c’est par ces propos que la directrice du musée a proposé à l’assemblée un retour sur le passé et sur la naissance de l’entreprise des Frères Baud.
Histoire et souvenirs sont étroitement mêlés
Arlette évoque 1940 et le décès de son grand-père, Auguste Baud, auquel a succédé le benjamin de la fratrie, prénommé Auguste également et âgé de 16 ans. Comme Frédy Baud travaillait dans une usine de la place, il a pris en main l’apprentissage de son jeune frère et lui a enseigné le métier de rhabilleur, tout cela à côté de l’exploitation agricole à laquelle chacun se devait d’aider, notamment aux travaux des champs. Les cinq enfants d’Auguste Baud ont été élevés dans un milieu à la fois rural et artisanal, puisque les garçons ont été initiés au travail sur les boîtes à musique, alors que les filles, dès l’âge de 15 ans, ont été placées dans des familles afin d’y apprendre les multiples tâches utiles à leur future vie de femmes.
En 1946, les trois garçons Frédy, Robert et Auguste, s’associent et deviennent propriétaires de l’atelier, tout en donnant un coup de main au train de campagne, et ceci jusqu’en 1955. Les demandes de réparation et les commandes affluent, mais les délais de un à cinq ans étant beaucoup trop longs pour les clients, les Frères Baud sont contraints de s’organiser différemment. Tout d’abord ils relèvent le défi de participer à l’exposition « Montres et bijoux » de Genève, en 1955, et présentent des pièces à musique, ce qui leur donne l’idée de trouver une salle dans laquelle ils pourront montrer le fruit de leur travail au public. Ils font alors l’acquisition d’une baraque en bois démontable de 21 mètres sur 6 qui, par la suite, grâce à des transformations, deviendra le musée, ouvert au public le 2 octobre 1955, peu après l’exposition de Genève.
Au fil des années, le musée s’agrandit, s’enrichit et c’est de tous horizons que les Frères Baud voient arriver des personnes désireuses de se débarrasser de leurs musiques mécaniques. Ils achètent donc et réparent pour des clients du monde entier, car la réputation de leur passion et de leurs compétences a traversé les continents !
Une nouvelle gestion du musée
Les 40 ans du musée sont fêtés en 1995 et c’est durant cette même année qu’Arlette Baud et Michel Bourgoz reprennent l’entreprise et rachètent les collections. Puis, en 1997, l’Association des Amis du Musée Baud voit le jour et c’est grâce à elle et aux nombreuses personnes prêtes à soutenir financièrement la bonne marche du musée, sans oublier des dons ponctuels de la Loterie romande, que les nouveaux propriétaires peuvent continuer à faire vivre l’héritage légué par leurs ancêtres.
En 2004, Michel Bourgoz organise une vente aux enchères dont le bénéfice a permis la construction de la cafétéria, puis une année plus tard, les 50 ans du musée sont célébrés avec un grand succès. Arlette relève que, sans la famille, les bénévoles et l’association, rien n’aurait pu être réalisé, la directrice remercie toutes ces personnes qui, à nouveau, permettent de fêter les 60 ans dans une ambiance familiale et chaleureuse.
Et pour l’avenir ?
Faisant suite au discours d’Arlette Baud, le Syndic Franklin Thévenaz salue l’assemblée et démontre par de nombreux exemples d’entreprises créées il y a plusieurs siècles que, malgré ses 60 ans, le Musée Baud est encore jeune et qu’il n’est qu’au début de l’âge adulte ! Après avoir évoqué les trois frères de génie et adressé ses remerciements aux nombreux bénévoles ainsi qu’aux amis du Musée, l’orateur parle d’une réflexion indispensable sur l’avenir de nos musées, réflexion qui a débuté lors de la visite récente de Madame Isabelle Chassot.
A son tour, le conseiller d’État Pascal Broulis rappelle que, lorsque les régions ont des projets, il est possible de trouver un chemin ensemble afin de garder le passé pour préparer l’avenir. Les Frères Baud ont été des pionniers sachant gérer judicieusement le travail, réparti entre l’atelier et l’exploitation agricole, et en 2015, il s’agit de maintenir vivant ce savoir-faire, de le transmettre et de le pérenniser par le passage du témoin à une nouvelle génération. Pascal Broulis encourage la Direction du musée et la Commune de Sainte-Croix à s’approcher du Conseil d’État afin de trouver une solution satisfaisante pour tous les partenaires, gardiens d’un passé prestigieux qui ne doit pas s’éteindre…
Une soirée bien animée
Après un numéro de claquettes présenté par trois messieurs, les participants ont eu le plaisir de déguster le repas concocté avec brio par Eric Rustichelli et son équipe. Tout fut parfait, présentation, finesse du goût, choix très vaste de mets servis sous forme de buffet afin que chacun y trouve son bonheur, un vrai festin de fête largement apprécié de tous. Et durant le repas, le Juraboots a régalé l’assemblée de plusieurs prestations rythmées et bien enlevées, durant lesquelles la joie de danser et de virevolter était palpable.
Pour terminer en beauté cette célébration, le trio Duperrex, venu de Lausanne, composé du père et de ses deux filles, a enchanté l’auditoire par ses talents musicaux et l’imagination inépuisable de Jean en matière d’instruments de musique ! Un moment à la fois de franche rigolade et d’admiration au vu de la polyvalence de ces instrumentistes, n’hésitant pas à se relayer au clavier en cours d’interprétation, alors que le père de famille épatait l’assemblée grâce à ses instruments improbables, tels le caquelon à fondue, les tuyaux ou encore le tuba pour une mélodie marine… en bref, un voyage autour du monde grâce à des mélodies connues, présentées de façon originale et une brillante démonstration de tout ce que l’on peut exprimer simplement avec sa voix !
Un tout grand merci et bravo aux organisateurs, ainsi qu’à l’ensemble des intervenants de cette soirée-anniversaire !
Texte et photos : Martine Stoeckli
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