Les couples qui ont repris cette année les chalets du Mont-de-Baulmes et de Grange-Neuve tirent un bilan très positif de l’été écoulé. La météo ensoleillée a favorisé une belle fréquentation de tous les établissements sur les hauteurs du Balcon du Jura.
Une très belle saison: tant Camille Joseph que Julien Audergon sont ravis de leur nouveau job, la première aux fourneaux de Grange-Neuve avec son mari Patrick Joseph et le second aux manettes du Mont-de-Baulmes en tandem avec Mickaël Magnin. De concert avec tous les exploitants de chalets d’altitude, ils soulignent le rôle joué par la météo que Camille Joseph résume ainsi: «Beaucoup de soleil, beaucoup de monde». Novice à la tête d’un restaurant de l’envergure de Grange-Neuve – 116 places à l’intérieur et 40 en terrasse - Camille Joseph confie que cette première saison « a complètement répondu aux attentes».
De son côté, Julien Audergon reconnaît avoir sous-estimé tant le volume de travail que la fréquentation: « pendant près de six semaines, nous avons affiché complet midi et soir », soit cent couverts à l’intérieur et près du double en terrasse». Les serveuses ont souvent dû expliquer la différence entre les beignets emblématiques du Mont de Baulmes et les malakofs. « Nous allons être plus explicites sur notre carte l’an prochain », promet Julien Audergon.
Prolongations
Camille Joseph constate que «La terrasse a été bien sollicitée, mais les gens sont également venus chercher le frais à l’intérieur. Nous avons été bien occupés. Les autochtones ont joué le jeu, certains sont venus plus de dix fois. Les mythiques croûtes au fromage, les meringues et les glaces artisanales ont cartonné». Le personnel a même reçu une demande insolite: une croûte au fromage sans fromage. « Nous avons répondu que cela risquait d’être un peu sec!»
La saison d’été a joué les prolongations jusqu’à mi-octobre et amené du monde dans les chalets, «surtout le week-end. En ce moment, les clients viennent manger la chasse», précise Cristina Ferreira Lima au Mont de la Mayaz. De son côté, Gökhan Bozdag se dit très content de ce troisième été, avec «beaucoup de passages et de nouvelles personnes aux Avattes». Sylvie Oberson, à la Grandsonnaz-Dessus, fait état d’une fréquentation légèrement inférieure à celle de 2022 – « les gens sont beaucoup partis en vacances ». Un rattrapage s’est fait en septembre.
Au Mont-des-Cerfs, Ludovic Besse glisse avoir passé « un bel été », avec des clients fidèles. Le chantier des éoliennes a conduit des ouvriers, mais aussi des curieux, vers sa terrasse.
De son côté, Ulrich Bliggenstorfer termine ce week-end sa 37e saison, le JSCE y reviendra dans une prochaine édition.
Un séjour de 1,8 jour en moyenne
Les hôteliers font état d’une belle fréquentation alémanique, mais les touristes européens se sont pas encore de retour en grand nombre. Légère diminution au niveau régional.
« La saison d’été 2023 était satisfaisante, mais tout de même en dessous du niveau de l’été 2022 », témoigne Marina Capacini, patronne de l’Hôtel de France. Les Suisses alémaniques sont venus, mais les « touristes européens ne sont pas encore de retour en grand nombre ». Vincent Demiéville, responsable des agences ADNV de Sainte-Croix et de Grandson, dresse un constat similaire et relève qu’en termes de nuitées, les premières données démontrent une légère diminution pour la région.
Au Grand Hôtel des Rasses, Nicolas Rollin, nouveau directeur, se réjouit d’une légère hausse du taux d’occupation par rapport à l’été 2022, « ce qui correspond à un peu plus de 6000 nuitées de juin à septembre. En juillet et août, le taux était de 72 %, avec une demande un peu réduite en août versus 2022 ».
Beaucoup de passage
« Nous avons retrouvé la fréquentation de 2019 », se réjouit Nicolas Blanchard, de l’Hôtel du Chasseron. L’établissement, « qui réalise 90 % de son chiffre d’affaires avec la restauration », a connu beaucoup de passage. Mais également une grosse déconvenue. La bulle transparente d’hébergement qui affichait complet jusqu’à la fin de l’été a été emportée par un violent coup de vent le 24 juillet.
Aux Planets, le taux d’occupation des dix chambres, dont plusieurs avec jacuzzi, commence à monter. « On s’attendait à un peu plus. Mais l’établissement a été fermé plusieurs mois, et il faut nous faire connaître », confie en substance Altin Sylejmani, dont la famille a repris et rénové l’hôtel-restaurant. « Maintenant, c’est la période de la chasse, et on s’en sort mieux », poursuit le patron.
Au chapitre des hébergements type B&B, « les premiers retours sont positifs, avec de très bons taux d’occupation », relaie Vincent Demiéville.
Globalement, la durée moyenne de séjour des hôtes reste stable, avec 1.8 nuitée.
Comme Nicolas Rollin, du GHR, Marina Capacini remarque que Sainte-Croix profite de son emplacement sur les parcours des Crêtes du Jura. Une clientèle de passage qui ne s’arrête en général qu’une nuit.
La forte affluence sur les sentiers s’est poursuivie en septembre et octobre. Un capteur, installé sur le plateau des Planets dès juillet a mesuré un pic de fréquentation en octobre, et le passage de plus de 500 randonneurs en une seule journée, révèle Vincent Demiéville.
Cependant, Marina Capacini relève que pour des séjours plus longs, « l’offre restreinte en transport public est un facteur limitant ». Elle ne permet pas de s’ancrer à Sainte-Croix pour explorer les attractions de la région, dont le Creux du Van et le Val de Travers… »
Peu d’activités en intérieur
Et par temps pluvieux, « il faut trouver des occupations, notamment pour les familles », relève Nicolas Rollin. Et ce en sus de l’offre de l’hôtel, comme la piscine et espace SPA, le minigolf et l’échiquier géant.
« La région souffre encore d’un manque d’activités, en particulier en intérieur », reconnaît Vincent Demiéville. Le responsable de l’ADNV cite une nouvelle offre, l’Escape Room créé en avril par la société Dream Studio à Sainte-Croix. L’an prochain, l’ouverture du Musée donnera une impulsion.
Autre bémol, pour l’accueil de groupes, de familles et des petits budgets, l’absence d’une auberge de jeunesse ou d’un établissement similaire se fait sentir, et ce d’autant que les structures d’hébergements de La Grange à L’Auberon et du Centre MingShan à Bullet sont actuellement occupées de manière permanente. « Il faut anticiper et réserver plus tôt, en particulier pour les périodes à forte demande », conseille Vincent Demiéville.
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