Entre émotions et actions

Une pyramide de savons d’Alep. © J. Cerutti

Par J. Cerutti

Présentation, samedi 4 mars, de l’association « J’aide comme je peux » au Cinéma Royal de Sainte-Croix. Son initiatrice, Solen le Poupon, a diffusé un documentaire montrant son travail, sur le terrain, pour venir en aide aux réfugiés syriens.

À l’entrée du Cinéma Royal, les deux enfants de Solen le Poupon mettent la main à la pâte. Le 4 mars vers les 10h45, juste avant la projection, ils montent un mur composé de savons d’Alep. Leur vente remplira la cagnotte de « J’aide comme je peux », association qui, depuis août 2014, soutient directement les réfugiés syriens dans les camps qui frôlent la frontière turque.

Cela a commencé par la distribution de nourriture, d’habits, puis de mazout à des familles en détresse. Récoltant des fonds durant le festival Les 5 Continents (août 2016), bénéficiant de la générosité d’un vide grenier solidaire (février 2017), « J’aide comme je peux » déploie sans relâche ses énergies positives.

L’association, basée à Salvan, (VS) a été repérée sur les réseaux sociaux par Laure Fuchs qui a souhaité présenter cette action à Sainte-Croix. Le rideau jaune du Royal s’écarte, débute la projection du documentaire « La petite Syrie ». La caméra de Gilles Vuissoz, également réalisateur, synthétise plusieurs voyages à Kilis. Alep se trouve à 60 kilomètres, de l’autre côté d’une frontière turco-syrienne infranchissable. « En Turquie, il faut se montrer discret. Des équipes de télé sont régulièrement expulsées du pays », témoigne Gilles Vuissoz.

Devant son objectif, Solen le Poupon contient comme elle le peut ses émotions lorsqu’elle rencontre Oussama. Une bombe a ravagé sa vie. Elle a tué son épouse et son père. Elle a rasé sa maison, sectionné ses deux jambes. Malgré tout, Oussama espère se tenir une fois debout pour prendre son fils dans ses bras. Un appel en Suisse et Solen peut commander une chaise roulante.

Sham, « Barry » et sa marraine
Des tragédies comme celle d’Oussama se comptent en millions.

En une fraction de seconde, ces personnes n’ont plus qu’une seule richesse : le téléphone portable où elles conservent leurs souvenirs photographiques, les poussières numériques de leurs vies anéanties. Des clichés qu’elles commentent pour Gilles Vuissoz. L’image se fige, les voix décrivent les atrocités.

La lumière revient dans la salle du Royal. Solen le Poupon laisse à Florence le soin de témoigner. Ses mots sont ceux d’une marraine. Par un don mensuel, Florence soutient, dans le camp de Bab Al Salam, la famille de la petite Sham, qui aura trois ans en octobre. La veille, elle a reçu deux photos de « sa » filleule jouant avec un saint-bernard en peluche, acheté voici quelques semaines à la Fondation Barry. Un cadeau qui lui a été transmis par Salah, un contact humanitaire qui apporte les dons issus des générosités helvétiques. « Salah, depuis le début, refuse de toucher le moindre centime pour ce qu’il fait », glisse, plus tard, Solen le Poupon.

Dans les mains de Sham, « Barry » démontre l’efficacité de « J’aide comme je peux ». Aucune lourdeur administrative, des effets concrets comme la création, toujours au nord d’Alep, d’une école sous tente qui instruit – et nourrit – une centaine d’élèves. Verre de l’amitié au Royal. Les personnes se pressent autour de Solen. « Mais aucune question d’ordre politique, pourtant je m’y étais préparée », sourit-elle.

Contact : http://jaide-comme-je-peux.ch/

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