Sheherazade, 1100 ans de musique classique iranienne ou rêve musical d'Orient en Occident, c'est le magnifique programme proposé par la Guilde de la musique de chambre pour le troisième et dernier concert de cette saison.
Les artistes, Layla Ramezan, pianiste et Shahab Eghbali, percussionniste, ont su emmener les auditeurs, comme sur un tapis volant, jusqu'au souffle chaud du désert entouré de montagnes dorées... cette invitation au voyage permet à l'imaginaire de s'évader, de rêver d'un ailleurs plus ou moins lointain...
Une musique dont les sonorités inédites pour nos oreilles européennes nous a permis d'apprécier la richesse artistique de l'Orient.
« Sherherazade »
Le programme présenté dimanche soir chez Mélodies, à L'Auberson, est un projet de la pianiste iranienne Layla Ramezan, qui rassemble pour la première fois des œuvres de plusieurs générations de compositeurs iraniens, turcs, arméniens et européens nés au XXe siècle. Il s'agit d'une exploration de la culture musicale perse qui met en lumière les liens étroits entre monde oriental et occidental, sources d'inspirations fécondes. La musique folklorique de ces pays est teintée et influencée par les codes musicaux occidentaux, l'attirance et la fascination qu'ont l'un pour l'autre l'Orient et l'Occident font éclore de précieux sons.
Fruit d'une recherche autour d'un répertoire inédit, ce voyage traverse un siècle musical jusqu'à nos jours, mêlant les générations et les styles. Il met à l'honneur la rencontre et le dialogue entre ces régions éloignées, et pourtant si proches puisque les influences de la France apparaissent dans l'écriture de la musique orientale, avec notamment la recherche de couleurs propres à l'impressionnisme du début du XXe siècle.
Les artistes
Layla Ramezan vit à Lausanne depuis 2007 et, après avoir débuté son éducation musicale et pianistique à Téhéran, elle est venue à Paris poursuivre sa formation avec des musiciens de renom. En Suisse, elle a obtenu deux Masters en interprétation et accompagnement à la Haute École de Musique. Son talent lui a permis de se produire régulièrement en France, en Suisse, au Canada, aux USA et ailleurs encore. Actuellement elle prépare l'enregistrement d'une série de quatre disques, consacrés au projet « 100 ans de musique classique iranienne pour piano ». Sa dextérité et son jeu donnent par moments l'impression de perles qui s'égrènent sur les touches...
Quant à Shahab Eghbali, né en 1992 à Téhéran, il a commencé sa formation en 2009 auprès de ses instructeurs, puis a appris en autodidacte les différents instruments de percussion, permettant des sons très divers selon les pièces interprétées au piano. Par exemple le zarb, ou tonbak, instrument en bois ressemblant un peu au djembe, puis le daf, sorte de grand tambourin très sonore dont le tour, à l'intérieur, est muni de petits anneaux métalliques permettant une sonorité vraiment originale et typique. Puis l'artiste enrichit ses techniques d'improvisation et d'accompagnement mélodique et, depuis 2014, il est professeur de daf iranien aux Ateliers d'ethnomusicologie de Genève. Il s'est produit en concert avec une grande variété de musiciens en Europe et en Asie.
Ses doigts extrêmement agiles effleurent la peau des instruments avec une délicatesse et une rapidité fabuleuses !
Le programme
Il est à relever que tout le programme a été interprété sans interruption, permettant à l'auditeur de s'imprégner complètement de cette musique écrite par des compositeurs orientaux. Durant la pièce intitulée Butterfly, les artistes ont récité un poème en langue persane, parlant d'un papillon qui, aimant trop les bougies, a fini par s'y brûler les ailes...
La fille aux cheveux de lin, de Claude Debussy, interprétée au piano solo, a offert une tout autre couleur, mêlant douceur et tendresse. Plusieurs improvisations ont également enchanté le public, mettant en évidence la parfaite connivence et une synchronisation irréprochable entre les deux artistes.
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