Samedi soir 29 août dernier, le cinéma Royal a accueilli le journaliste et cinéaste suisse David Vogel, pour son dernier documentaire « Shalom Allah », qui est sorti sur les écrans romands le mercredi 26 août.
Né à Zurich en 1978, David Vogel a d’abord étudié les sciences politiques à l’Université de Zurich, mais il a abandonné et a commencé une nouvelle vie dans le monde de la radio. Après deux ans de radio locale, il a décidé d’étudier le cinéma documentaire au HFF de Munich. Dès l’an 2000, il a travaillé comme rédacteur et journaliste pour différentes stations de radio. Depuis 2010, il travaille comme cinéaste indépendant et monteur à la Radio SRF. En février 2020, il a également rejoint le quotidien Die Neue Zürcher Zeitung.
L’origine du film « Shalom Allah » est venue à David Vogel par simple curiosité, suite à la création du Conseil Central Islamique de Suisse, où il a rencontré les représentants de l’organisation.
« C’était en 2010, lorsque j’ai parlé à la radio d’une démonstration du CCIS au centre-ville de Zurich, a expliqué le réalisateur lors du débat suite à la projection, que j’ai remarqué leur barbe hirsute et leurs longues chemises pakistanaises. Mais aussi leur confiance en soi et une certaine défiance. La manifestation a eu lieu peu après le vote sur l’initiative populaire contre la construction de minarets. La discussion sur les musulmans en Suisse était vilaine, elle était de bas niveau. Ceux qui consommaient alors les médias au quotidien pouvaient avoir l’impression que l’islam était une religion de terroristes et de vindicte. Les reportages sur les problèmes avec les musulmans étaient dominants. Il n’y avait pas de place pour les nuances. L’exagération faisait partie du quotidien d’un journaliste, et c’est ce qui me dérangeait. »
Pour David Vogel, il n’est pas difficile de voir à quel point les convertis musulmans sont regardés de façon suspecte. Le rejet de ces personnes et des musulmans s’étend jusqu’au milieu de la société.
En suivant avec sa caméra, pendant plusieurs années, les transformations et réorientations de Johan, Aïcha-Nicole et la famille Lo Mantos, qui ont rejoint l’islam, David Vogel veut montrer comment les convertis musulmans avec une nouvelle revendication de vérité peuvent remettre en question tout un édifice religieux d’une société majoritaire, mais aussi comment et où ils peuvent trouver une place dans notre société. « Car ils peuvent et doivent être libres de choisir leur religion. C’est leur droit. Je me suis moi-même libéré de parenthèses religieuses. Mais avec le film, les émotions sont revenues. »
Pour clore le débat, David Vogel a prononcé ces mots remplis de justesse, « mes protagonistes avaient besoin de prendre pied et ont trouvé des réponses dans l’islam. Au moins pendant un certain temps, car la vie continue et les histoires de Johan, la famille Lo Mantos, Aïcha-Nicole et de moi-même montrent que les biographies religieuses sont toujours dynamiques. Il y a une entrée et une sortie. En aucun cas, nous ne devons fermer les portes ! »