Le café de la Gittaz va réouvrir ses portes samedi 5 juillet, après six mois de fermeture. Isabelle et Christophe Wyssbrod renouent avec leur tradition familiale en reprenant l’établissement qui a marqué leur jeunesse.
Le café de la Gittaz, fondé en 1912, a vu se succéder bon nombre de tenanciers. Les anciens se souviendront peut-être du vieux garçon Ernest Cuenod, qui acquiert le bâtiment en 1946, d’autres auront été marqués par le couple Alain Meuwly et Marina Jaccard qui l’ont tenu ces vingt dernières années (voir encadré). Mais s’il y a une famille qui est indissociable du café de la Gittaz, ce sont les Wyssbrod.
C’est d’abord Hans (décédé en 2012) et son épouse Raymonde qui le reprennent entre 1966 et 1969. « Nous avions la 1ère télévision du hameau, les gens venaient y regarder l’Eurovision. À cette époque, le jukebox et les joueurs de cartes animaient le bistrot », se souvient Raymonde Wyssbrod. Après leur départ pour reprendre l’Hôtel de France, le couple remet le café au frère de Hans, Erwin dit Vinou. Avec son épouse Jacqueline, arrivée comme sommelière, ils tiendront l’établissement durant trente-six ans jusqu’en 2005. C’est là qu’ils élèvent leurs trois enfants, Jean- Louis, Christophe et Catherine. « C’était la liberté totale ! On tirait des filets sur la route pour jouer au tennis, les clients participaient volontiers à nos activités et jouaient un peu les baby-sitters. La fine équipe de la table ronde m’a même emmené au zoo de Bâle ! », raconte Christophe Wyssbrod.
Durant ces années, le couple entreprend de gros travaux, refaisant l’entier de la bâtisse. « Les débuts étaient difficiles, j’ai gardé mon activité de bûcheron à côté, durant plusieurs années », raconte Erwin. Ce dernier est aux fourneaux et Jacqueline, dit Jacquotte (décédée en 2016), s’occupe du déroulement, de l’accueil et voue un amour sans faille à sa clientèle. « Mon papa était une véritable force de la nature et ma maman était la pièce maîtresse, elle rayonnait dans son café », se souvient Christophe. Joueur du club de foot le FC La Sagne, qui s’entraîne alors sur le terrain des Gittaz, pour lui et ses coéquipiers, le café devient vite leur stamm et prend le surnom de La douane, en rapport des arrêts obligatoires après les matchs et entraînements, faisant que les joueurs passaient autant de temps au café que sur le terrain !
Les trois décennies de Vinou et Jacquotte sont aussi marquées par les petits Noël où tous les enfants du hameau reçoivent un petit cornet, en échange d’un chant ou d’une poésie. Les soupers-cagnotte, avec loto et bal qui s’éternisent jusqu’au petit matin, ne laissant parfois qu’une heure de sommeil aux tenanciers. Sans oublier les feux du 1er août préparés par les enfants du village et les carnavals où les guggens venaient jouer. Le café de la Gittaz est le point de ralliement pour plusieurs générations, notamment des enfants Wyssbrod avec leurs cousins et leurs amis.
Après le décès subit de Jean- Louis en 2005, Erwin et Jacqueline, accablés, remettent l’établissement à Tony et Susy Moser qui le tiendront durant trois ans, avant d’être repris par Alain Meuwly et Marina Jaccard.
Reprise en famille
Si Isabelle et Christophe Wyssbrod se sont souvent imaginé reprendre le café, ça n’était jamais le bon moment. « Quand on en parlait c’était plutôt un petit délire qu’on se faisait », raconte Christophe en souriant. Alors, quand Alain Meuwly leur annonce tout à coup qu’il cessera son activité en janvier 2025, le couple voit son rêve se concrétiser. Tous deux très attachés à l’établissement, ils décident de se lancer dans cette nouvelle aventure. « Quand la raison regarde dans la même direction que le coeur, les choix deviennent évidents », confie le couple unanime. Tout comme son mari, Isabelle a grandi dans les restaurants tenus par ses parents. C’est quand ces derniers reprennent le restaurant du Jura en 1984 que la famille s’installe à Sainte-Croix.
Dès 1986, Christophe et Isabelle se fréquentent et le café continuera à faire partie de leur vie. C’est là que leurs enfants Elisa (27 ans) et Raphaël (25 ans) passaient leurs vacances. « On adorait venir, on regardait Top Model au bistrot avec grand-maman et on aimait piquer des biscuits dans les présentoirs », raconte la fille ainée. Si elle et son frère ont été surpris au départ, ils sont tous deux très enthousiastes, engagés et prêts à donner un coup de main. Depuis mars, le projet se concrétise. Les nouveaux tenanciers entreprennent des travaux de rafraîchissement et Isabelle quitte son emploi à l’accueil extra-scolaire de Lully (FR), où elle travaille depuis huit ans, pour se consacrer à l’obtention de la patente. « Pour elle, c’est une reconversion totale et tout comme ma maman à l’époque, Isabelle sera l’âme du café », confie Christophe, rempli de fierté pour son épouse. De son côté, il garde son activité d’administrateur des finances aux écoles secondaires de la Broye et sera là en renfort en fin de semaine. Isabelle et Christophe se réjouissent d’accueillir les clients et fusent déjà d’idées. Ils souhaitent réorganiser les petits Noël qui ont marqué leur jeunesse. Remettre à la carte les fameuses croûtes aux morilles de Vinou, tout en s’inspirant de ce qui a fait la renommée d’Alain Meuwly, comme les buffets de chasse et les mets de brasserie. Tout ceci en gardant toujours la même ligne, soit proposer une carte de saison, axée sur le terroir et les produits régionaux, et bien entendu, servi dans la bonne humeur !
Contact :
Café de la Gittaz
Famille Wyssbrod
024 454 38 38
www.lagittaz.ch

Alain Meuwly et Marina Jaccard, 20 ans de bonheur au Café de la Gittaz
Tenanciers du café de 2005 à 2025, Alain et Marina ont marqué leur clientèle par leur buffet de chasse qui accueillait plus de 1000 personnes, les mets de brasserie typique, les thés dansants, la raisinée, ou encore les fêtes à thème. C’est après trois ans à la tête du café des Quatre marronniers à Yverdon que le couple reprend la Gittaz. « Alain en avait assez de la ville, il voulait être à la montagne », raconte sa compagne Marina en ajoutant « au début c’était difficile, nous faisions à peine 200 francs de caisse par jour, il a fallu redonner sa renommée au café ». Bosseurs et jamais à court d’idée, le couple a su fidéliser sa clientèle. « Nous étions heureux là-haut et n’avons que de bons souvenirs. Nous sommes encore reconnaissants envers Erwin et Jacqueline Wyssbrod de nous avoir fait confiance et sommes ravis que leur fils et belle-fille reprennent le café », confie Marina. Alain Meuwly a stoppé son activité à la suite d’un accident pour lequel il se soigne encore. « Maintenant, nous profitons de vivre tranquillement. Nous remercions notre clientèle qui a été fantastique durant toutes ces années et nous nous réjouissons de retourner au café comme clients », conclut Marina Jaccard.
V. Duvoisin