
© Photo : C. Carisey
Le fleuve Mississippi traverse la salle de part en part, les lumières sont tamisées, de petites tables rondes garnissent le parterre devant la scène, un peu de fumée plane dans la salle, les murs sont ornés d’affiches et de photos de quelques-uns des plus grands jazzmen que notre monde ait porté, ambiance boîte de jazz, l’Union Instrumentale nous accueille à la Nouvelle Orléans en ce samedi soir. Le public s’apprête à déguster une soirée musicale de grande qualité distillée avec beaucoup de maîtrise, de passion et d’humour.
Les rideaux s’ouvrent, les musiciens nous font face, en tenue de circonstance. Debout, à leur droite, le président, Patrick Augsburger, salue le public d’une salle communale presque comble et remercie le directeur, Loïc Sébile, pour tout son travail, notamment pour le choix du thème des soirées. Il félicite Yann Zurbrügg qui fait son entrée dans la société, après avoir fait toutes ses classes de trompettiste à l’École de Musique du Balcon du Jura, ainsi que Stéphanie Habegger pour ses 25 ans de sociétariat. Il précise qu’une nouvelle bannière sera réalisée dans l’année afin de remplacer l’étendard actuel qui montre quelques signes de fatigue. Le président remercie également tous les proches des membres de la société, la commune de Sainte-Croix ainsi que les commerces et entreprises qui soutiennent l’Union Instrumentale de Sainte-Croix, sans oublier le comité et les membres.
Place à la musique !
Assis, armé de sa machine à écrire, le narrateur de la soirée, Alain Jeanmonod, se lance dans l’écriture de la suite des aventures de Tom Sawyer. L’histoire de ce jeune garçon facétieux, née en 1876 de l’imagination de l’écrivain américain Mark Twain, a pour cadre la ville fictive de St. Petersburg sur les rives du Mississippi. Dans son autobiographie, l’auteur explique qu’il a rédigé « Tom Sawyer» au moyen d’une machine à écrire, ce qui en ferait le premier roman composé de cette manière. Et la soirée s’ouvre sur le morceau « The typewriter » dont les percussions ont été assurées au moyen… de quatre machines à écrire… surprenant, astucieux et magnifiquement bien arrangé ! La soirée commence à merveille !
S’ensuivent une marche, dirigée par le sous-directeur, Louis-Claude Villiger puis « Huckleberry Finn suite » permettant à chaque registre de s’illustrer, une suite agrémentée de fort belle manière par Sarah Cusin aux claquettes. Le morceau suivant, « Down in New Orleans », est extrait du dessin animé de Disney «La Princesse et la grenouille » qui a pour cadre la Nouvelle Orléans des années 1920. Ce morceau de Randy Newman a été arrangé par le directeur Loïc Sébile lui-même. Jean-Claude Rossi, professeur de guitare, s’avance banjo en bandoulière, il l’a spécialement acquis et a appris à en jouer pour cette soirée. Il nous enchante, accompagné du piano et de l’Union instrumentale.
« El camino real », démontre, si besoin est, les qualités techniques des musiciens qui composent l’Instrum’. La soirée se poursuit par une œuvre de Don Schlitz extraite de la comédie musicale « The adventures of Tom Sawyer » accompagnée par le son du banjo. Puis vient le tour du morceau « Happy » de Pharell Williams, qui représente bien l’Union Instrumentale tant par la bonne humeur qu’il dégage que par l’aspect intergénérationnel de ce titre mondialement connu sorti à la fin de l’année 2013. « When the saints go marching in », accompagné par Sarah Cusin aux claquettes, conquiert le public qui le bisse, le directeur nous promet de le rejouer à la fin de la soirée, puis l’Instrum’ entame « I want you back » des Jackson 5 qui donne des tournures « funk » à cette soirée avant de la terminer sur « Ain’t life fine » de la comédie musicale « Tom Sawyer ».
Avant de tenir sa promesse en dirigeant à nouveau « When the saints go marching in », le directeur, Loïc Sébile, tient à remercier tous les musiciens et membres de l’Union Instrumentale pour leur fantastique travail, que ce soit pour cette soirée ou tout au long de l’année. Il précise qu’il travaille déjà sur la soirée de l’année prochaine et remercie celles et ceux qui contribuent à agrémenter ce rendez-vous annuel par leurs idées de morceaux ou de décors. Loïc Sébile tient également à faire remarquer la richesse de l’offre culturelle du Balcon du Jura qui permet de vivre, tout au long de l’année, de fantastiques moments.
Les musiciens terminent cette soirée en rejouant « Down in New Orleans » avant de prendre congé de la salle sous les applaudissements nourris, et ô combien mérités, du public.
Dry Throat Five…
…que l’on peut littéralement traduire par « Cinq gosiers secs » est le quintet genevois qui s’apprête à assurer la seconde partie de la soirée. Les amateurs avertis tout comme les néophytes apprécient toute l’expérience et la totale maîtrise des musiciens qui forment ce groupe qui a vu le jour dans les années 1980.
« Dry Throat five » distille un jazz New Orleans de grande qualité en proposant au public, principalement, des œuvres de Jimmie Noone ou Willie « the lion » Smith. Ne se prenant absolument pas au sérieux, les cinq artistes agrémentent leurs morceaux de petites mimiques à destination du public apportant une touche d’humour très appréciée. Ce groupe est composé d’un clarinettiste, passant parfois au piano, d’un saxophoniste, d’un joueur de banjo, d’un joueur de tuba et d’un percussionniste assurant la rythmique au moyen d’une « washboard » (planche à laver) ainsi que, parfois, par un chapeau métallique (si, si) ou empruntant le vibraphone de l’Instrum’. Ces joyeux et excellents musiciens clôturent donc ce voyage musical de la meilleure manière qui soit !
AMR
0