Le savoir-faire en mécanique horlogère et mécanique d’art vient d’être inscrit par l’UNESCO sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Une immense fierté pour le pôle d’excellence de la région de Sainte-Croix et L’Auberson.
« Automates, tableaux animés, androïdes mécaniques, boîtes à musique ou oiseaux chanteurs, tous ces objets artistiques, poétiques et emblématiques de Sainte-Croix et L’Auberson sont entrés dans le patrimoine immatériel de l’UNESCO. Ils l’ont fait aux côtés des montres, pendules et chronomètres de tout le pays jurassien, de Besançon à Bienne et de Genève à Schaffhouse. Tombée à 15h34, la décision prise par le Comité intergouvernemental pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel l’UNESCO, réuni en visioconférence, n’a suscité ni doute ni question, seulement des éloges pour la qualité du dossier, « qui peut servir d’exemple », salue l’UNESCO.
« C’est avec une grande fierté et reconnaissance que notre région accueille l’inscription des « savoir-faire en mécanique horlogère et mécanique d’art », au patrimoine immatériel de l’UNESCO », salue Séverine Gueissaz, du CIMA, corédactrice, avec Alain Dugon, doyen de la filière mécanique au CPNV, du dossier de candidature remis au printemps 2019. Cette distinction confirme le statut de Sainte-Croix et L’Auberson de pôle d’excellence dans les métiers liés à l’artisanat d’art et à la mécanique horlogère, la région étant la seule à réunir aujourd’hui aussi bien les boîtes à musique et les automates que l’horlogerie.
Des générations
Tout aussi enthousiaste, le syndic de Sainte-Croix Cédric Roten dédie cette reconnaissance au travail de plusieurs générations d’artisans qui ont fait de leur art mécanique une magnifique vitrine pour la région. Le savoir-faire et l’esprit de Sainte-Croix ont attiré au fil du temps de nombreux artisans. Ainsi Dominique Mouret, restaurateur de pendules anciennes et pendulier. Il a choisi de s’installer sur le Balcon du Jura il y a 35 ans et n’est jamais reparti. Il salue « la reconnaissance de notre travail » et souligne l’engagement de Séverine Gueissaz dans la démarche, « si discrète mais hyperefficace ».
Un autre passionné, Nicolas Court, restaurateur et créateur d’automates et de boîtes à musique, a suivi le Technicum de Saint-Imier, et est arrivé à Sainte-Croix à 19 ans. Il en a 50 aujourd’hui. « J’ai été parachuté dans le domaine de l’horlogerie, de la pendulerie, des pièces uniques de très haute valeur, aux Techniques Horlogères Appliquées (THA), une boîte fondée par Denis Flageollet et François Paul Journe. J’ai baigné là-dedans, appris l’horlogerie haut de gamme sur le tas, et parfois passé plusieurs heures sur une vis d’une pendule qui valait des millions… », rigole aujourd’hui l’artisan.
Loin d’une mise sous cloche, l’entrée au patrimoine immatériel ouvre des perspectives. « Nous avons tout, souligne Séverine Gueissaz : le volet conservation avec les musées et le projet de Musée unique ; la transmission avec le Centre professionnel du Nord vaudois (CPNV), la formation continue « Les Secrets des Maîtres », le projet d’atelier de transmission de savoir (CREITMMA), mais aussi la production et l’innovation. C’est une magnifique dynamique autour de la mécanique d’art, nous avons une carte à jouer absolument unique au monde. »