La cérémonie officielle des Portes ouvertes du centre taoïste Ming Shan, samedi, a permis au Dr Fabrice Jordan, initiateur du projet, de mesurer le chemin parcouru. Les représentants des instances partenaires ont salué l’architecture innovante et la quiétude des lieux.
« Je ressens une immense satisfaction et un peu d’excitation. La première partie de notre projet s’achève, au terme d’une épopée de huit ans ». Le Dr Fabrice Jordan s’exprimait ainsi lors de la partie officielle qui s’est déroulée samedi à Ming Shan, le premier centre d’arts taoïste d’Europe. Implanté à Bullet selon les préceptes du feng shui, adossé aux contreforts du Chasseron, le bâtiment réalisé essentiellement en bois s’ouvre en U, face à la plaine. Son architecture est simple et moderne, sa pièce maîtresse, le temple, surplombant l’ensemble. L’aile sud-ouest abrite l’entrée principale, le restaurant de soixante places et la cuisine, ainsi que l’espace médical en arrière-plan. L’étage est dédié au logement pour trente personnes. L’autre aile abrite une vaste salle de 220 mètres carrés, haute de sept mètres, et une salle plus petite à l’étage. Une palissade en bois, ajourée, délimite l’ensemble en lui conférant un caractère intime et ouvert à la fois. Une quinzaine de personnes y travaillent et des partenariats se tissent déjà avec le tissu local, notamment le Grand Hôtel des Rasses.
Procédure rapide
Pour la commune de Bullet, qui a soutenu et accompagné le projet dans les arcanes cantonaux, l’aventure a commencé en 2013, a rappelé le syndic Jean-Franco Paillard. Lors de sa présentation à la Municipalité, « sa nature en a surpris plus d’un », se souvient-il. La procédure d’enquête, sans aucune opposition, a été rapide. Samedi, le syndic de Bullet a dit apprécier « cette magnifique réalisation, plus parlante que les plans initiaux ».
Nadia Mettraux, directrice de l’Association de développement du Nord vaudois (ADNV) qui a contribué financièrement à la réalisation, a relevé « l’énergie très particulière et la quiétude d’un lieu comme suspendu dans le temps ». Elle a salué l’association des traditions culturelles chinoises avec les disciplines issues des sciences cognitives et sociales occidentales.
Réponse originale
Charles-André Ramseier, expert de l’Aide suisse aux montagnards qui a accordé 80’000 francs au projet, a mis en avant « le développement d’une activité innovante, pour le bien-être et l’équilibre du corps et de l’esprit, dans un environnement idéal ». À ses yeux, le centre taoïste répond de manière originale aux questionnements de la société occidentale, confrontée à la perte de lien avec la nature et la vie sociale, à la perte de sens ou à la dépression. Il lui prévoit un impact touristique et économique important pour le Balcon du Jura.
Évoquant la première règle du taoïsme, qui veut que les choses ne se passent jamais comme prévu, le Dr Fabrice Jordan a rappelé les aléas du chantier, et le changement d’architecte qui ont débouché sur « la chance hallucinante » de travailler avec Raphaël Laroque et Marcella Fiori du bureau Assyneo. « Ils ont rattrapé le retard et trouvé des solutions à tous les problèmes ». Marcella Fiori s’est même rendue pendant ses vacances à Hong Kong afin de s’imprégner de l’atmosphère des temples taoïstes. Pour les aménagements intérieurs, le chef de file a pu compter sur le dévouement et les compétences de Dominique Binder, administratrice de la société et responsable de la construction ainsi que de Judith Baumann, qui a mis en place et supervise le concept de restauration basé sur la diététique chinoise.
Dialogue concret et exigeant
La Chine avait fait la sourde oreille aux sollicitations matérielles de l’initiateur du centre au cours de ses voyages dans le berceau du taoïsme. Un mal pour un bien selon Fabrice Jordan, le financement de cinq millions de francs étant aujourd’hui 100% helvétique. De son côté, Gérald Béroud, président de la section romande de la société Suisse Chine, a estimé important, dans cette période de refroidissement général au niveau politique, qu’une « forme de dialogue concret et exigeant continue ».
L’humoriste Yann Lambiel, a clos la partie officielle dans les rires.
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