
La société de développement de L’Auberson, qui gère les pistes de fond, peut compter sur l’un de ses fidèles membres, Denis Montandon, qui s’occupe du damage depuis vingt-six ans. L’une des nombreuses casquettes de ce Ttrololo durant la saison froide ! Nous avons embarqué à bord de la dameuse de la marque Kässbohrer, pour le suivre à travers forêts, pâturages, lieux-dits et hameaux…
Le jour se lève à peine, la brume cache le paysage au loin, il fait -4° devant le hangar situé à l’entrée du village, dans lequel se cache la dameuse, propriété de la société de développement. Le forestier-bûcheron a à cœur de nous montrer les pistes qu’il connaît comme sa poche. « Bien sûr ça m’est arrivée de m’égarer par temps de brouillard, quand on ne voit pas d’un piquet à l’autre », explique celui qui finalement arrive toujours à se repérer. Depuis peu il est secondé par son fils Jérémie, apprenti de deuxième année au sein de son entreprise forestière et qui reprend gentiment le flambeau pour le damage. Il est 8 heures quand on embarque à bord de la machine. On fait un crochet en direction de la salle de gymnastique qui marque le départ des pistes, avant de repartir sur nos traces en direction de La Chaux. Les vibrations et les vrombissements typiques de la dameuse nous mettent vite dans le bain !
Domaine franco-suisse
Passé La Chaux, le traceur se lève pour traverser la route et l’on tourne en direction du Carre. Arrivé au refuge de la Combettaz-Verte ou Gare d’Olten, la neige commence à tomber. À l’extérieur tout est blanc, on distingue à peine le sol du ciel. Au volant de la machine, l’entrepreneur forestier slalome entre les sapins, tantôt en pleine forêt, tantôt traversant une petite clairière. « C’est un plus de bien connaître la forêt et aussi de pratiquer le ski de fond », précise Denis qui a participé à plusieurs courses populaires. « Maintenant j’aime parcourir les pistes le soir, à la lampe frontale, avec ma fille Estelle ». On passe la croisée des Ordons, les maisons de Vers-chez-Henri, La Vraconnaz, la liaison avec les pistes de La Côte-aux-Fées. On franchit la frontière pour tracer jusqu’à la piste des Prises, une boucle de 14 km entre Suisse et France, très appréciée des fondeurs voisins. Une particularité du domaine skiable de L’Auberson, en effet le mur marquant la frontière n’est jamais très loin ! On le passe, on le longe, on le repasse pour finalement oublier de quel côté on se retrouve !
Une nature intacte
Aux Ordons, Denis enclenche son klaxon : « il faut être prudent, car si quelqu’un arrive en face à la descente, il n’entend pas forcément le bruit de la machine ». Un bruit de moteur qui peut paraître assourdissant de l’intérieur, mais qui ne dérange apparemment pas la faune. « Quand il y a moins de neige, on voit fréquemment des chevreuils. Ils sont habitués au parcours où passe la machine et utilisent nos traces pour se nourrir. Quand on passe, ils restent sur le côté, sans bouger, un peu comme les chamois dans la côte ! » De retour à la Gare d’Olten, on n’est pas mécontent de remettre les pieds sur terre un instant, sentant encore les vibrations de la machine dans les jambes ! « On voit plus de passage depuis la construction du refuge. Il est facile d’accès, depuis Vers-chez-Henri ou la Grand’Borne ». C’est là que la société de développement a son petit local séparé pour le contrôle des vignettes. « Il y a 20 ans ce n’était pas dans les mœurs de faire payer l’accès aux pistes, on devait courser les skieurs pour qu’ils nous versent les cinq francs de redevance ! Maintenant heureusement ça a beaucoup changé. Les gens s’arrêtent toujours pour discuter ou demander un renseignement », explique Denis. « Nous sommes une quinzaine pour contrôler les vignettes et avons de la chance, à la société de développement, de pouvoir compter sur de nombreux bénévoles qui viennent donner des coups de main, aussi pour les manifestations », tient à souligner Denis.
On reprend le damage et, arrivée à la douane, la machine recule jusqu’à la route, afin de permettre aux skieurs qui se parquent de l’autre côté, de pouvoir traverser et chausser directement les skis ! C’est de là aussi qu’une autre piste est tracée jusqu’au village, spécialement pour les petites moto-luges électriques, que l’on peut louer à la Grand’Borne. Le brouillard se fait moins épais. Depuis le Plateau des Granges, on aperçoit à peine la silhouette de l’église de La Chaux. On traverse le Carre, les Cygognes, le Crêt français, les maisons sont comme posées au milieu de nulle part, on ne distingue plus les routes sous la neige ! Aujourd’hui Denis ne fera pas la liaison jusqu’aux Grangettes : « j’y vais sur demande, quand André Pastoris trace les pistes du Mont-des-Cerfs ».
Il est 11 heures quand on revient au hangar. C’est là qu’on laisse le dameur vaquer à ses autres occupations hivernales. Quand il n’est pas dans sa dameuse, Denis déneige une quarantaine de privés avec l’aide de son fils. Puis il s’occupe de faire les services et fartages des skis de fond au magasin Joseph Sport, effectue le déneigement de la patinoire ou selon le planning, comme cet après-midi, retourne au refuge où il est de piquet pour le contrôle des vignettes !
Domaine des pistes de fond de L’Auberson
• 25 kilomètres tracés pour le ski de fond traditionnel et skating.
• Liaisons directes avec les pistes de La Côte-aux-Fées, des Fourgs (F) et du Mont-des-Cerfs. Soit 97km au total.
• Point de vente des vignettes : La Grand’Borne, Joseph Sport, Coopérative, Tea-Room chez Taggi.
• Parking pour les départ des pistes : à l’entrée du village de L’Auberson (côté Sainte-Croix), à la salle de Gym, à la Grand’Borne et depuis Vers-chez-Henri.
• Particularités : pas de redevances encaissées si les pistes n’ont pas été tracées.
Leave a Reply