C’est ce qu’ont vécu durant trois ans, de mai 2007 à mai 2010, Céline et Mathias Berovalis, actuellement installés rue du Nord 10 à Sainte-Croix. Un itinéraire les emmenant à pied, la plupart du temps, d’Yverdon, leur ville d’origine, jusqu’aux hauts cols népalais proches de l’Himalaya.
Le cycle d’animations du PRAD a fini en apothéose avec la présentation de ce voyage hors du commun et hors du temps, alliant rencontres improbables, partages et découvertes de paysages rudes ou paradisiaques, et surtout d’êtres humains au cœur grand ouvert et à l’hospitalité généreuse. C’est aussi l’histoire d’une profonde amitié reliant Céline et Mathias à leurs fidèles compagnons de route, deux ânes achetés au cours du périple et un chien qui s’est soudainement joint à eux et les accompagne encore puisqu’il a été la mascotte de ce jeudi après-midi !
Pourquoi partir ?
Le couple Berovalis, déjà connu à Sainte-Croix puisque Monsieur est ostéopathe et Madame infirmière-réflexologue, avaient trois raisons d’entreprendre ce voyage ; tout d’abord un besoin d’expérimenter, puis une fascination pour l’Himalaya et surtout la réalisation d’une promesse qu’ils s’étaient faite à la fin de leurs études au gymnase.
Ainsi ils se sont retrouvés huit ans après le gymnase et ont décidé de concrétiser leur rêve, celui de voyager différemment, de manière plus authentique, en étant proches des gens et de la terre, proches des humains en général. De plus, la quête spirituelle et la connaissance de soi-même les ont guidés tout au long de ce cheminement sur les routes du monde, et cheminement intérieur également.
Le voyage
Le 12 mai 2007, c’est le départ, près des menhirs de Clendy, lieu symbolique puisque ces pierres dressées sont reliées à la fois à la Terre et au Ciel. A ce moment, Céline et Mathias ont éprouvé un sentiment d’excitation et de peur à la fois, se demandant s’ils allaient revenir…
D’entrée pieds, épaules et corps sont mis à rude épreuve au vu des charges à porter et des distances parcourues, ils se souviennent avec reconnaissance du premier accueil qui leur a été offert, encore en Suisse, dans une ferme, avec une bonne soupe et de la paille pour dormir. En Italie, ils ont profité de visiter les grandes villes du Nord, mais l’hospitalité n’était pas forcément évidente, comme le dit si justement Mathias « chaque pays a ses clés, il suffit de les découvrir » et, prenant conscience qu’ils étaient des pèlerins, ils sont allés de village en village, de prêtre en prêtre, ayant ainsi l’opportunité d’être reçus et de dormir le plus souvent dans des maisons de catéchisme.
Après quarante jours de marche, ils sont arrivés à la mer et ont rejoint les Balkans pour une traversée de neuf mois, durant lesquels ils ont surtout longé la côte, faisant quelques détours par les îles ou par les terres où l’accueil était beaucoup plus chaleureux. Les voyageurs racontent le Monténégro, peu connu, où ils ont rencontré quelques problèmes de ravitaillement en eau, puis l’Albanie, très contrastée où tout peut arriver à n’importe quel moment, ce pays ayant vécu un communisme très dur, les habitants ont subi énormément de privations et, de ce fait, ne comprenaient pas que l’on puisse rechercher ainsi la simplicité ! C’est dans ce pays qu’a été acheté le premier âne, précieux compagnon aidant à porter les bagages, et que Willie, le fidèle labrador, s’est joint à la petite troupe.
Au nord de la Grèce, le couple a fait halte dans la famille de Mathias, avant de continuer en direction de la Turquie, pays traversé en six mois.
En Orient
Continuant leur route spirituelle, le couple s’est fiancé dans ce pays aux contrastes très marqués, passant par Istamboul, ville grouillante aux magnifiques mosquées, puis traversant des forêts luxuriantes suivies de plaines arides, c’est là qu’ils ont acheté le deuxième âne afin de porter plus d’eau. Dans les villages, ils ont été très bien accueillis, surtout avec les animaux et ont ainsi assisté aux pratiques traditionnelles et aux récoltes, notamment des olives et des pignons.
Une fois traversés la mystérieuse Cappadoce et ses maisons troglodytes du temps des Hittites, puis les hauts plateaux d’Anatolie, les pèlerins ont rejoint la Mer Noire puis les confins du pays au pied du Mont Ararat.
Quant à la traversée de l’Iran, pays où l’on peut se faire mettre en prison sous n’importe quel prétexte, n’ayant pas pu obtenir de visas, elle se fait en camion, de plus avec une tenue vestimentaire adéquate, afin de se protéger. Visite d’Ispahan, ville magnifique, avant de continuer, en camion à nouveau en direction d’Islamabad pour obtenir des visas indiens et là, Céline et Mathias ont appris le détachement. Après quatre mois et demi de tractations pour faire passer les ânes et de nombreux aller-retour entre la douane et New Dehli, il a fallu accepter de donner l’un des animaux, alors que, dans l’intervalle le deuxième avait disparu mystérieusement, hommage leur est rendu car, sans eux, les marcheurs ne seraient pas arrivés si loin.
À Daramsala, le couple décide de reprendre la route à pied jusqu’au Népal, ce qui les oblige à passer plusieurs cols à plus de 5000 mètres d’altitude. C’est avec émerveillement qu’ils découvrent les couleurs ocre, jaune et verte du Zanskar, ses parterres d’edelweiss et ses montagnes sacrées, ils resteront deux mois dans ce pays, ayant le privilège de rencontrer le Dalaï-Lama et de vivre une semaine avec des moines, partageant les prières, les repas et les tâches quotidiennes. Le périple s’est terminé à Katmandou où, là aussi ils ont été conviés à des cérémonies rituelles et ont partagé le quotidien des gens, en apprenant également la peinture et le sertissage des pierres précieuses.
Puis ce fut le difficile retour sur la planète européenne, après 1000 jours de voyage, 23’000 km parcourus, dont 10’000 à pied, à raison de 8 à 12 heures de marche par jour !
Ce récit captivant et touchant est un témoignage de confiance en la Vie, mettant en valeur la densité de l’instant présent, la perte de la notion de temps et l’existence d’une vraie chaîne humaine ouverte à l’accueil…
ms
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