Jean-Christophe Jaermann célébrera son dernier culte le 4 août 2024 au temple de La Chaux, avant de prendre une retraite à laquelle il ne goûtera qu’une partie de son temps. Rencontre avec un homme épris de contacts humains et de spiritualité.
« Vivre ici, c’est vivre heureux ! » Rencontré dans la cure de Sainte-Croix, Jean-Christophe Jaermann, pasteur de la paroisse du Balcon du Jura depuis dix ans, s’apprête à changer de vie, une nouvelle fois. Le 4 août prochain, au temple de La Chaux, il sera sans doute très entouré lors de la célébration de son dernier culte en tant que « ministre » attitré de l’Église protestante réformée du canton de Vaud. Avant de s’en aller, avec Isabelle, son amour de jeunesse et épouse, prendre un pas après l’autre la mesure de ce changement de vie, de Sainte-Croix à la Bretagne où le couple a des attaches près de Concarneau.
Une page blanche s’ouvre donc pour celui qui vit chaque étape de sa vie comme une nouvelle jeunesse. Il y eut celle du petit Jean-Christophe, né à l’heure du goûter, le 9 août 1954 à Lausanne et qui en a gardé un vrai penchant pour la pâtisserie ! Il grandit au sein d’une famille aimante, attentive, cultivée et passionnée de musique. La complicité de deux frères, de cousins et d’amis indéfectibles comble l’ennui qui le tenaille pendant sa scolarité.
Bouleversé
Jeune homme, son intérêt pour la construction et le chantier lui sont transmis par son parrain, patron d’un bureau d’ingénieurs civils à Genève. Il se lance dans cette voie et, diplôme en poche, il est engagé dans un grand bureau d’ingénieurs fribourgeois, où il vit pendant dix ans sa passion pour les questions environnementales, le domaine des eaux en particulier. Il suit une formation aux techniques d’analyses de systèmes d’information et, dix ans plus tard, prend la direction d’un bureau d’une vingtaine de collaborateurs : « J’ai vécu des aventures formidables, entouré d’une belle équipe ».
Dans l’enfance, Jean-Christophe Jaermann dit avoir eu « une spiritualité harmonieuse et toute simple. Dieu m’aimait et j’étais important pour lui ». Un déclic survient vers la fin des années 70 : musicien, il répétait la Passion selon Jean-Sébastien Bach, lorsqu’il s’est senti bouleversé par le texte et le récitatif de l’œuvre. « Jésus, le Christ, venait de faire irruption dans ma vie ». Dès 1989, installé à Bussigny, il s’investit fortement dans la vie paroissiale. En 2002, il choisit de répondre « oui » à ce qu’il décrit comme « un appel » et l’année suivante, il entreprend des études de théologie. Isabelle, son épouse, musicienne, violoniste, professeur de musique et cheffe de cœur, le soutient lorsqu’il se retrouve, à 48 ans, sur les bancs d’école en même temps que leurs enfants, Caroline, Brigitte et Olivier, nés entre 1983 et 1988.
Prendre de la hauteur
Le passage de la faculté de théologie au ministère se fera dans la paroisse de Curtilles-Lucens, puis Jean-Christophe Jaermann deviendra titulaire de la paroisse du Jorat. Entre-temps (2006), le nouveau pasteur a transmis sa société. Il a dit adieu aussi à la belle maison familiale de Bussigny – aujourd’hui reprise par sa fille aînée - et bonjour à la cure austère et froide de Mézières. Il y passera cinq ans, avant de prendre de la hauteur et s’installer au printemps 2014 avec son épouse à la cure de Sainte-Croix. La maison a été rafraîchie et d’emblée, le couple s’y sent bien. Il y accueille Samson, un jeune Erythréen en formation, qu’il considère comme leur quatrième enfant.
À l’heure du bilan, le pasteur confie : « Nous nous sommes tellement plu ici que c’est presque impossible d’arrêter. Exercer avec Frédéric Steinhauer – qui reprend le flambeau à 50 % secondé par Jacqueline Ménétrey, à 10 % - c’était aussi un cadeau. Plus qu’un collègue, c’est un ami, il est bienveillant, très créatif, avec une grande force spirituelle… »
Jean-Christophe Jaermann a pu rester pasteur au-delà de 65 ans, puis il a eu le statut de vicaire. Il rend également son poste régional « d’ambassadeur de la Transition Écologique et sociale (TES) ».
Pour pallier le manque de pasteurs, qu’il qualifie de « terrifiant », il interviendra en renfort dans la paroisse d’Echallens, entre l’Avent et Pâques et les mois d’été. À son retour de Bretagne, le couple séjournera encore quelque temps à la cure.
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