Ce week-end, le Swiss Canyon Trail a vu plus de 3’300 coureurs de plusieurs nationalités traverser les massifs jurassiens au pas de course. Ce long trail balisé, qui trouve son départ (et ses origines) à Couvet, se profile comme un atout touristique et économique indéniable pour la région du Balcon du Jura également.
Le Swiss Canyon Trail est né de la volonté de ses organisateurs, il y a 30 ans, de proposer un défi sportif qui mette en valeur les paysages jurassiens tout en exploitant par la même occasion leur potentiel topographique volontiers propice aux pratiques sportives en tout genre.
Son tracé reliant deux cantons et plusieurs communes, dont celles du Balcon du Jura, l’évènement fait collaborer avec succès plusieurs régions limitrophes et mobilise les autorités politiques comme les sociétés locales intéressées. Entre vendredi et samedi, les coureurs, venus du monde entier, se sont alors essayés à des courses de 16, 31, 51, 88, 111 ou même, grande nouveauté de l’édition 2025, 166 kilomètres, dont 8’147 mètres de dénivelés. Cent cinquante personnes étaient inscrites pour ce défi. Le Népalais Sange Sherpa a remporté la première place en vingt-deux heures. Une performance qui donne une idée de la dimension hors-normes du défi sportif. Le trail comportait également une section féminine dont les 111 km ont été remportés par la Neuchâteloise Ariane Wilhem.
Plus de 40’000 téléspectateurs de quarante pays ont suivi l’évènement rediffusé en live par TV Mont Blanc, apportant une visibilité indéniable aux régions jurassiennes par-delà le monde.
Les organisateurs travaillent en bonne entente avec la Commune de Sainte-Croix, qui leur délivre les autorisations nécessaires au déroulement de la course et leur apporte un soutien financier, moyennant le stimulus économique qu’apporte l’évènement à la région.
En effet, en plus de l’afflux touristique des spectateurs, des coureurs ou des proches, les organisateurs investissent au-delà de 44’000 frs de frais d’hébergement sur le Balcon du Jura à destination des trente-trois sportifs d’élite participant cette année, des sponsors, des membres de la presse et d’influenceurs sportifs. Étaient notamment invités, et présents, les membres du comité du trail de Hong Kong, des Pyrénées et autres courses mondiales, sans compter les coureurs d’élite venus du monde entier.
Une équipe conduite en visite par les organisateurs dans les littoraux vaudois et neuchâtelois. L’occasion d’un week-end de tourisme profitable aux restaurants et commerces de la région, le comité les ayant par exemple conviés aux Cluds le dimanche soir.
La région se mobilise
Le Swiss Canyon Trail fait constamment appel aux membres des sociétés des régions traversées pour occuper les différents postes de permanences et autres fonctions indispensables au bon déroulement de la course. Parmi ceux-ci, on compte notamment des postes commissaires, dont les tenanciers ont pour mission d’orienter les coureurs et signaler aux organisateurs les éventuelles blessures, ou les abandons, les postes de ravitaillement, auxquels on ajoute la responsabilité de sustenter les coureurs, et des postes plus étendus sur lesquels les coureurs peuvent se reposer quelques temps ou se doucher.
Le balisage des sentiers était également assuré en amont par les membres des sociétés volontaires, tout comme le débalisage.
L’évènement fait également appel aux samaritains locaux pour la prise en charge des éventuelles blessures des coureurs.
La délégation sainte-crix a expliqué avoir principalement traité des blessures sans gravité et pratiqué de la « bobologie ». Ses membres bénévoles expliquent avoir apprécié rendre ce service indispensable à la manifestation et la bonne ambiance générale malgré la pluie.
Les sociétés présentes étaient défrayées en échange de leurs services, l’engagement bénévole de leurs membres permettant d’engranger quelques recettes pour leurs structures respectives. Cela représente alors pour celles-ci une rentrée financière stratégique. Les organisateurs mettent un point d’honneur à recruter en priorité les sociétés des régions des territoires concernés.
Cette année encore, le Boxon a tenu plusieurs postes commissaires sur la région et un poste de ravitaillement au Col de l’Aiguillon, tandis que la Jeunesse de Bullet assurait des fonctions similaires à Vuiteboeuf, et que le club de badminton du Val-de-Travers ravitaillait les coureurs au Col des Étroits.
Un groupe du Boxon, composé notamment d’Inès Crausaz, Léo Bernardi, Fiona Weber et d’un groupe d’amis, ont par exemple assuré une permanence nocturne au Col de l’Aiguillon, débutée peu après minuit, sous une pluie battante.
Assignés au poste de ravitaillement, ils avaient pour mission d’accueillir les quelques coureurs venus briser l’obscurité et le calme environnant.
À l’image de leurs collègues bullatons, plusieurs d’entre eux, après une nuit blanche, sont revenus dans l’après-midi, toujours motivés, malgré la météo désagréable et des températures relativement froides.
Si le temps n’était pas à leur avantage, ils sont ressortis très satisfaits de l’expérience, estimant la valeur de l’entre-aide des sociétés et la camaraderie qui régnait sur leur poste. Ce dernier, niché dans la forêt, ne bénéficiait pas d’un accès à l’eau potable, ce qui demandait également une logistique de transports et d’approvisionnement assurée par ses tenanciers.
Jeremy Develey et Bastian Weyrich, commissaires à la Gittaz-dessous, se sont fait un grand plaisir d’accueillir et renseigner les coureurs le temps d’un après-midi, faisant découvrir à plusieurs étrangers les saveurs nouvelles du Rivella qu’ils offraient aux plus curieux et aux assoiffés. Les deux membres du Boxon voyaient dans cette mission l’opportunité d’une demi-journée sympathique, en bonne compagnie, dans un cadre inhabituel.
Retour des organisateurs
Patrick Christinat, membre fondateur et président du Swiss Canyon Trail depuis 30 ans, met en exergue les conditions météorologiques « abominables »
de cette édition 2025 qui, sans empiéter sur le succès public et sportif indéniable de l’évènement, ont donné du sérieux fil à retordre aux coureurs comme aux partenaires.
En effet, les fortes pluies ont rendu les terrains particulièrement boueux et glissants, nettement plus difficiles pour les coureurs, tandis que ces conditions inconfortables ont sérieusement péjoré l’expérience des bénévoles trempés et fatigués, sans toutefois parvenir à venir à bout de leur motivation et dévouement sans faille. C’est donc à ces derniers que le président exprime sa profonde gratitude.
Il souligne également la force de la volonté extraordinaire de ces coureurs et se réjouit de reconduire l’aventure en 2026, en espérant consolider davantage sa collaboration avec les régions concernées.
Pour elles, la course apporte une visibilité, un dynamisme et un afflux touristique précieux, estime-t-il.
L.-G. Alloati