Le Balcon du Jura est faiblement doté en termes de places protégées dans des abris de protection civile. Ils couvrent 25 % de la population à Bullet, 31 % à Mauborget et 43 % à Sainte-Croix.
« Tout comme la crise Covid-19 a fait apparaître des lacunes dans les plans d’urgence, le conflit en Ukraine en soulève d’autres et il faut maintenant y remédier, ce que les Municipalités sont en train d’entreprendre », assure Patrice Jaquier, municipal et délégué de Bullet à l’Office régional de protection civile (ORPC). Vaud compte 26’000 ouvrages protégés, dont 25’000 dans des constructions privées, précise Tania Bonamy, conseillère en communication au Service de la sécurité civile et militaire. En outre, une centaine de constructions protégées sont destinées à la protection civile et aux organes de commandement.
Le taux de couverture est disparate. Le territoire du Jura Nord vaudois affiche 75 % de places disponibles. Sur le Balcon du Jura, comme dans d’autres régions éloignées des centres, les chiffres sont bas. Les abris couvrent 25 % de la population à Bullet, 31 % à Mauborget et 43 % à Sainte-Croix, où il manque 2’781 places.
« Les citoyens disposent d’une place protégée, certes peut-être pas sur le territoire communal », reconnaît Sylvain Fasola, qui considère que la protection des habitants « est garantie au niveau cantonal, grâce à un taux de couverture de 97 % ». « Il est vrai qu’au vu du faible taux de disponibilité dans les abris, une grande partie des habitants du Balcon du Jura auraient à se déplacer assez loin et la situation n’est pas adéquate », admet Patrice Jaquier.
À proximité
Les dispositions légales vaudoises stipulent que tout habitant doit disposer d’une place protégée « dans un abri situé à proximité de son lieu d’habitation. Elle doit être accessible à 30 ou 60 minutes à pied » selon que l’on se trouve en plaine ou en montagne. La loi attribue aux communes la responsabilité de la réalisation, de l’usage et de l’entretien des abris publics (art. 4, al.1, let. b LVLPCi, BLV 520.11).
Patrice Jaquier rappelle que les abris ont été massivement construits pendant la guerre froide « où la menace nucléaire et son très fort pouvoir destructeur étaient à leur apogée. Depuis la fin du 20e siècle, avec l’évolution des conflits à une échelle moindre, il est vrai qu’on a eu tendance à minimiser cette menace ».
La règle cantonale oblige les propriétaires à doter leur immeuble d’habitation en construction d’un abri de protection civile dès qu’il compte 38 pièces : « C’est ce qui a été fait à la rue de France 2, ou pour les locatifs du Platon », précise Sylvain Fasola.
Les propriétaires de maisons individuelles demandent en général d’être dispensés de construire un abri PCi. Depuis les allégements des dispositions dans les années nonante, ils paient une taxe compensatoire de 800 francs par place. « Un système validé par la commune, l’Office cantonal de la protection civile et le canton », relève le municipal sainte-crix.
« Pas adéquate »
En cas de situation d’urgence ou de conflit armé, et sur ordre de la Confédération, les Offices Régionaux de Protection Civile communiqueront directement aux habitants l’adresse de l’abri qui leur est attribué, en principe dans le cadre des limites de temps imposées par la loi pour les atteindre.
La Municipalité bullatonne se dit « consciente du sentiment d’urgence résultant de la situation géopolitique actuelle, dont découlent la prise de conscience collective et l’inquiétude de la population concernant les places à disposition dans les abris », évoque Patrice Jaquier. En termes pratiques, la commune de Bullet dispose d’un fonds de réserve affecté aux abris PC, « qui peut servir à financer la construction d’un nouvel abri ou les travaux d’entretien d’abris existants selon les besoins ».
La situation ne devrait pas évoluer dans l’immédiat à Sainte-Croix. « Nous n’avons pas de locaux que nous pourrions facilement transformer en abri PC, et nous n’avons pas prévu de construire un abri PC public, puisque le taux de couverture cantonal est suffisant », réitère Sylvain Fasola.
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