Il est 19h30 quand les portes de la salle communale s’ouvrent et déjà les gens se pressent à l’intérieur. Quelques minutes avant le lever de rideaux, on ajoute des chaises et on forme de nouveaux rangs, pour cette foule qui ne cesse d’arriver ! Les amoureux de yodel guettent la moindre place libre, pendant que, sur scène, l’orchestre champêtre du Val-de-Ruz « Luusbuebe » nous met déjà dans l’ambiance !
Un chalet, des sapins, des fleurs, des cloches, en arrière-plan un petit hameau surplombé par le Chasseron, les Roches Blanches, les Petites-Roches et le Cochet… pas de doute, la salle a revêtu son costume folklorique pour accueillir les yodleurs de l’Edelweiss ! Toujours ponctuels, ils arrivent au son des cloches, que brandissent de fiers bambins ! La petite vache sur le devant de la scène, qui fait penser étrangement à la Marguerite de Fernandel, ne regarde pas passer les trains, mais fixe fermement le public, comme pour le rappeler à l’ordre. Et c’est devant ce décor soigné et toujours autant apprécié, que nos yodleurs entonnent un magnifique « Jura, oh mon Jura ! » avec ses verts pâturages et l’odeur des foins, ils promettent solennellement « toujours je t’aimerai ».
Souhaits de bienvenue du président Maurus Gerber, qui ne cache pas son immense plaisir de chanter devant une salle comble. Il salue la présence des membres du comité d’honneur de la fête des Yodleurs 2018 qui aura lieu à Yverdon, mais sans pour autant les nommer « je vais en oublier et ça ferait chenit » précise-t-il. Ils seront vingt-trois à chanter sur scène ce soir, avec deux nouvelles recrues : Jonathan Bögli et Frédy Hollenstein. Puis remerciements à Boris Jeanmonod qui succède à P.A. pour présenter les chœurs, tout en humour !
Musique à bouche
Les premiers invités de cette soirée, sont les « Schnoregygeler vo Aarwange » du canton d’Argovie. Ces seize joueurs d’harmonicas ont fait sensation dans cette première partie avec des polkas et le célèbre « Viva España », repris en chœur par le public. Dans un français très bien maîtrisé, le porte-parole du groupe partage leur enthousiasme : « nous sommes heureux d’être à Sainte-Croix, berceau de l’harmonica, où Thorens fut le seul fabricant en Suisse durant des décennies ». Leurs musiques variées et entraînantes enchantent encore le public dans l’ouverture de la deuxième partie. Du rock’n’roll avec « Proud Mary » où l’on peut quasiment entendre le moteur du fameux bateau à vapeur, ou encore le « choo choo » d’un train dans le swinguant « Chattanooga Choo Choo » de Glenn Miller. Leur dextérité impressionne, on croirait avoir tous les instruments d’un orchestre sur scène ! Ces joueurs maîtrisent parfaitement leurs harmonicas, qui passent d’un modèle standard à un modèle d’une cinquantaine de centimètres pour les basses ! Ce groupe aux couleurs de l’arc-en-ciel a été chaleureusement applaudi et bissé pour le plus grand plaisir de tous.
L’Écho de la Doux
Autre belle surprise de cette
soirée, le groupe de yodleurs de Cormoret dans le Jura bernois. Les dix-sept chanteurs, dont trois femmes, ont offert à l’auditoire des chants en allemand et en français comme « Sur la Montagne », « Steimanndli-Jutz », « Ça ne peut être que de l’amour » ou encore « Danse de la moisson ». Ces interprétations nous ont fait découvrir de très beaux yodels, parfaitement maîtrisés par les trois chanteuses à la voix intense, mais tout en douceur, sans forcer, tel un murmure... Trombe d’applaudissements pour ces joyeux Jurassiens qui ont conquis le public par leurs prestations, mais aussi par leur humour !
Nos yodleurs, ces amoureux de notre patrie
Quant à notre club de yodleurs local, cette année encore il a rendu hommage à notre beau coin du Jura, avec « Mon hameau » ou encore « C’est mon pays » écrit par Walter Rüfenacht directeur d’honneur du club. Ses voix nous font aussi tomber amoureux de notre pays, notre patrie, qui sont omniprésents dans leurs chants, tout comme les brebis, les chamois, les marmottes, les cerisiers en fleurs, les pâturages, les vignes et un peu plus loin, le lac de Thoune, les avalanches, les Alpes… on se laisse transporter, on part en voyage à travers toute la Suisse et on en redemande !
Comme ils se sont fait voler la « Danse de la moisson » par leurs collègues jurassiens, nos yodleurs changeront le programme de cette deuxième partie en interprétant le balançant « Sierra Madre del Sur ». Pas rancunier pour un sous, Nicolas Mossu, directeur à la voix d’or, accompagné de son poisson d’avril collé dans le dos (il ne s’en apercevra qu’à l’entre-acte), invite l’Écho de la Doux et tous les yodleurs présents dans la salle à monter sur scène, pour deux belles prestations : « Je pars, adieu campagne » et le magnifique « Steimanndli-Jutz », que l’on peut traduire par petits hommes de pierres, ces petits monticules de cailloux, que l’on trouve le long des sentiers rocailleux. Un final de toute beauté, leur valant un tonnerre d’applaudissements bien mérités.
La soirée se termine avec les « Luusbuebe », qui mettront une belle ambiance ! On danse, on s’attable pour se restaurer, échanger nos impressions, partager un moment convivial en toute amitié On apprécie tout simplement le temps qui s’est pour ainsi dire arrêté, dans cette salle communale aux airs et aux couleurs du printemps !
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