Spectacle de danse Danièle Barde

Danièle Barde au final, au milieu de ses élèves. © Photo : C. Carisey

Vendredi soir, 27 mai, 20h. Comme chaque année a lieu le spectacle de danse des élèves de Danièle Barde. Cette année, c’est moi qui me suis rendue sur les lieux munie d’un simple stylo et d’un bloc de feuilles quadrillées…

Le spectacle débute par un joli duo de danseuses, une petite et une grande, accompagnées d’un cerceau. Les robes se froissent et s’envolent, balancées par la cadence des artistes, qui me font penser à des coquelicots.
Ensuite, des groupes de petites filles très sérieuses et appliquées, joliment vêtues de robes jaunes, vertes, rouges, chignons impeccables perchés en-haut de leurs têtes. Pirouettes. Comme les petites ballerines que l’on trouvait autrefois dans les halls de gare et que l’on pouvait faire tourner en cadence au moyen d’une pièce de un franc jetée dans l’automate.
On essaie parmi tous ces visages, d’y repérer la future danseuse professionnelle. Et mon regard se porte sur les duos et les trios. En particulier le trio qui, sur le programme distribué à l’entrée, porte le nom de Carnaval. Un trio composé de Laurence Junod, Audrey Herminjard et de Djunaï Stern Maire. Un je ne sais quoi captive mon attention, et pas seulement la mienne. Les gens ont cessé de respirer, tout paraît comme être figé, en suspens. Pourquoi ? La finesse du geste, les bras caressant l’espace, cette façon de se mouvoir délicate et aérienne, donne à leurs pas une subtilité d’une grâce touchante, digne de grandes danseuses.
Un autre duo qui capte mon attention est celui de Tiffany et de Monica Ryser, qui, toutes de dentelles parées, interprètent d’un pas rapide et assuré Hijo de la Luna de Mecano.

Sinon, que dire d’autre concernant le spectacle en général ?

Qu’on y voit de toutes petites filles sautiller et « pirouetter » avec beaucoup d’énergie et de joie ; des fillettes plus grandes danser sur une musique dans laquelle un certain homme à la voix basse murmure qu’ici tout est très très beau, qu’il est au paradis et que les filles sont en chaleur ; des jeunes femmes se trémousser sur scène habillées de costumes vintage et originaux (un groupe de copines en soirée, peut-être ?) ; une danse post-apocalyptique poignante de sensualité et de richesse poétique ; quatre jeunes chorégraphes (Victoria Jones, Léa Gonzalez, Masha Getman, Melissa Wolfsberger) danser leur propre chorégraphie avec des pas aussi variés que le sont les titres qui les accompagnent (Respect d’Aretha Franklin, It’s raining again, You’re the one that I want, Can’t touch this, Sweet dreams, Staying alive).
Staying alive. Pour certains spectateurs, la suite du spectacle, doit, malheureusement, se résumer à cela.

Après l’entracte, après les sandwiches, pâtisseries, boissons et bavardages, après avoir admiré le travail grandiose des tableaux exposants les centaines de photos souvenirs du spectacle que chacun prendra le soin d’inspecter minutieusement avant de faire son choix, retour en salle pour la suite du spectacle.
Dès que le public est installé, Danièle Barde, la directrice, apparaît avant le lever du rideau pour annoncer que ce qui suit est très subtil est, en appuyant ses mots par un regard soutenu, que les enfants sont priés de se taire. Impérativement. L’assemblée s’impatiente : comment se présente cette suite si subtile ?
La réponse ne se fait pas attendre. Elle arrive à grand bruit. Sur la scène, les petites filles ont laissé la place à des musiciennes tonitruantes. À une jeune femme en lutte et un homme impassible. La musique hurle, appelle les démons, exorcise et ensorcelle sauvagement, armée d’instruments extraordinaires. Il s’agit en fait de l’histoire de Camille Claudel, cette femme qui sculptait les mouvements de sa vie.

Puis, place à l’Égypte de Cléopâtre et à un monsieur, le liseur de lettres. De Marc-Antoine à Cléopâtre, de Cléopâtre à César, d’Antoine à Cléopâtre. Les lettres d’amour fusent dans la mi-obscurité. À la fin, un texte sur l’opulence d’Alexandrie. Cléopâtre apparaît, majestueuse, mais froide, dorée mais éclatante, elle pose pour la caméra, se relève, le regard perdu dans le lointain. Impériale, d’une beauté intouchable, fracassante, froide comme un diamant. Ainsi s’achève la seconde histoire, après quelques personnes du public perdues en cours de route sur les chemins arides du désert égyptien.
La troisième, c’est celle de Mata Hari. Femme mondaine dont le mariage dramatique avec un officier de marine la pousse à se créer une nouvelle vie par la danse. Une danse inspirée des divinités indonésiennes. Lorsque le monde est en guerre, elle est accusée d’espionnage et meurt exécutée.
Le quatrième et dernier tableau, c’est le quotidien de Marilyn Monroe. Ou plutôt, Marilyn Monroe prise sur le vif, derrière les caméras auxquelles elle sourit, avant de danser en titubant, et de s’écrouler sur le sol.

Pourquoi avoir mentionné Staying alive comme quelque chose qui se référerait à cette deuxième partie du spectacle ?
À vrai dire, je ne peux donner de réponse objective à cette question. Peut-être était-ce la musique qui était trop forte ? Peut-être tout cela manquait-il de pirouettes d’enfants heureux de danser, même en grandissant ? De passion ? D’artistes voltigeant gracieusement, simplement, humblement ? Peut-être que la subtilité des enfants n’est pas celle des adultes ? Peut-être que le public de Sainte-Croix a mauvais goût. Quoiqu’il en soi, cela n’a pas empêché les gens de faire, comme chaque année, de la salle communale une salle comble et des petites danseuses comblées, les yeux plein d’étincelles et impatientes de devenir un jour elles aussi des grandes que l’on honore à la fin du spectacle et pendant toute la seconde partie de ce dernier.
Merci à Danièle Barde, merci à toutes les danseuses et au danseur, merci aux responsables de la technique et à tous ceux qui ont contribué de près ou de loin à faire briller de fierté les yeux des spectateurs et des artistes.

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