i21 pour industrie du 21e siècle. Le pari d’Acompany ? Lier deux villes distantes de cinquante kilomètres dans un projet industriel visant à renforcer les échanges de savoir-faire, de formation et de surfaces industrielles dans le but de développer leur économie respective. Le projet a été lancé officiellement vendredi.
« Cela fait deux ans que nous travaillons sur ce projet », indique Nicolas Servageon, qui dirige Acompany, société qu’il a cofondée avec son épouse Halima. Sise aux Rasses, la société active dans le développement économique est mandatée depuis 2011 par la ville de Renens et collabore depuis 2016 avec Sainte-Croix. Deux villes qui peuvent sembler radicalement différentes. Et pourtant. « Nous avons un ADN identique », constate Franklin Thévenaz, syndic de Sainte-Croix. Renens, quatrième ville du canton, renaît de ses cendres. Tout comme Sainte-Croix, elle a connu un fort déclin industriel à la fin du siècle dernier. Elle a dû trouver des solutions pour se réinventer et revaloriser des espaces industriels laissés vacants par le départ ou la faillite d’entreprises de renom comme Kodak. « Nous avons pris le couteau par le manche en voulant absolument que l’industrie, l’artisanat, et par là les emplois, restent au cœur de notre ville. Nous avons mis tout en œuvre pour revaloriser ces friches en créant, notamment, la Fondation des Ateliers de Renens », note Jean-François Clément, le syndic de Renens.
Échange de savoir-faire
Directement impliqués dans le processus, Halima et Nicolas Servageon ont détecté le potentiel de synergies entre les deux villes. Pour Renens, il est possible de trouver à Sainte-Croix un cadre naturel propice à la réflexion et la recherche, mais surtout un savoir-faire unique en mécanique, micromécanique et fabrication additive. « Notre savoir-faire a été acquis au fur et à mesure des évolutions technologiques. Nous sommes toujours à l’affût des nouvelles techniques. Ce projet permet d’échanger dans nos domaines respectifs et de mettre au service d’entreprises à la pointe notre savoir-faire unique », se réjouit par ailleurs Denis Flageollet, fondateur de la manufacture horlogère De Bethune et représentant des artisans de la mécanique d’art au sein du projet.
Ces artisans, comme le CPNV ou la heig-VD qui exploitent l’Addipôle, sont source de solutions et de soutien pour le développement d’industries à haute valeur technologique comme le sont L.E.S.S SA et Swissto12, sises à Renens, et partenaires du projet. « Notre entreprise est active dans la création par procédé additif d’antennes aérospatiales réalisées en impression 3D. Nous avons trouvé ici des compétences uniques en matière de technologies additives complétées par l’usinage et les mesures des pièces », apprécie Jean-Marie Jacquet, directeur d’exploitation de la société Swisto12. « Dans l’autre sens, nous accueillons actuellement un élève du CPNV qui réalise son travail de diplôme chez nous », souligne-t-il.
« Actuellement notre marché se compose essentiellement du contrôle qualité dans l’industrie horlogère, médicale ou microélectronique. Nous visons un développement dans l’industrie automobile. Pour ce faire, nous avons déjà pu bénéficier du savoir-faire sainte-crix », se réjouit Yann Tissot, directeur de L.E.S.S SA. Cette entreprise a développé une source lumineuse basée sur la fabrication d’une fibre optique nanoactive ultra-fine qui pourrait être une alternative à la LED.
La société songe même occuper un petit espace à Sainte-Croix. « Mais pour cela, il faut de la surface disponible, et aujourd’hui, si les surfaces commerciales foisonnent, les surfaces industrielles prêtes à l’emploi manquent à l’appel. C’est l’un des volets du projet (voir encadré) », réagit Nicolas Servageon.
Outre les collectivités, artisans et entreprises, « i21 » peut également compter sur l’implication des écoles professionnelles des deux régions dont l’ECAL. La venue au début du mois d’une dizaine d’étudiants de cette école pour la conception de la pièce école de la Formation en mécanique d’art de 2020 (voir notre édition du 5 avril) en est d’ailleurs l’un des premiers effets concrets.
D’un point de vue financier, les collectivités des deux villes ne devraient pas ou peu investir de deniers dans le projet. Ce dernier a reçu l’aval de l’ADNV et fait l’objet d’une demande auprès du Service de la promotion économique et de l’innovation (SPEI).
Infos : www.industrie21.ch
Rue de l’Industrie 21 : l’incubateur
« Le Technopôle affiche complet. Afin de pouvoir répondre rapidement à la demande, nous privilégions le recours à notre patrimoine industriel bâti. Et le bâtiment de la rue de l’Industrie 21 s’y prête bien », déclare Lionel-Numa Pesenti, président de la Fondation du technopôle sainte-crix. Le troisième étage de ce bâtiment, dont une surface de 3’500 m2 est actuellement libre, pourrait contenir des espaces accueillants, sur de courtes périodes, des entreprises désireuses de développer des projets en s’appuyant sur les compétences de la région. Des espaces pour des cours seront également aménagés.
Pour cela, il fallait que le propriétaire des lieux, Procimmo SA, soit d’accord d’investir. « Nous croyons au projet « i21 » qui est une belle opportunité de revaloriser cet espace. Nous souhaitons que ces locaux soient le plus accueillant possible afin que les futurs utilisateurs puissent s’y projeter facilement. Il faut qu’ils puissent s’y installer rapidement. En ce sens, nous allons les rénover, au fur et à mesure des besoins, ces prochains mois », annonce Alexandre Monney, Fund Manager chez Procimmo SA.
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