Sculpture. Peinture. Deux disciplines artistiques différentes. Autodidacte. Académicienne. Deux chemins distincts. Et pourtant, une parfaite harmonie émane de l’exposition vernie le vendredi 6 mars à la Galerie Le Bunker. Jenny-Anne Maeder, galeriste, donne toute liberté à deux artistes qui partagent un atelier dans le Nord vaudois. Paul Estier et Olivia Melchior renforcent la synergie tout en amplifiant leur démarche personnelle.
Un mariage d’acier et de verre. Un jeu de transparence et d’opacité. Une recherche sur la lumière. Conjuguant deux composants, des sculptures ponctuent l’espace. Certaines pièces s’articulent autour de la substance soudée. D’autres propulsent le verre en avant-plan. « Il s’agit d’une progression créative. Il y a quatre ans, j’ai remplacé une vitre. Ce geste pratique m’a rendu attentif aux caractéristiques de cette matière. Depuis ce moment, j’ai commencé une exploration de l’univers du verre », explique Paul Estier. Dans un premier temps, le créateur ferronnier-forgeron incorpore des plaques de verre dans ses réalisations. Progressivement, sa main se confond avec celle d’un verrier. À travers le verre, la couleur fait surface. « Quand la lumière est entrée dans ma vie, j’ai eu la possibilité de l’accueillir dans mes pièces », souligne le sculpteur. Sa marche à suivre implique l’expression intuitive. Des ouvrages étonnants sortent du four. Ici, un carré d’un chaleureux orange divisé au milieu par une ligne turquoise. Là, un carré constitué de bandes de dégradé de bleu. Ces compositions intègrent l’acier de façon fonctionnelle et de façon sculpturale. L’équilibre tantôt organique tantôt linéaire est abordé.
De la toile au geste
Un dialogue entre encre et acrylique. Des superpositions au bénéfice de la transparence. Une recherche sur la profondeur. Les toiles accrochées aux murs évoquent l’abstraction aussi bien fouillée que spontanée. Face à la porte, un canevas aux couleurs vibrantes. Le blanc opaque. La transparence des encres vives. Un trait de craie rouge. À droite, un travail à partir de la couleur rouge. Plus loin, un univers pastel ou encore un tableau qui recourt au noir et blanc rehaussé de rouge. L’éventail de couleurs s’unit par l’approche d’Olivia Melchior. Après plus d’une décennie dédiée à l’art figuratif, la peintre se défait du carcan de l’académisme. Les matériaux, l’acrylique, mais avant tout l’encre guident sa création. L’artiste pousse sa réflexion au-delà de la représentation. Les gestes classiques sont également questionnés. « Je travaille la toile posée par terre. Les grands formats imposent l’utilisation d’un pont », révèle-t-elle. Sans dessiner au préalable, Olivia Melchior pose des couleurs. Le geste se fait instinctivement, coup de pinceau après coup de pinceau. « Pour moi, la création est ancrée dans le présent. Je relate l’énergie que je capte à un moment donné », annonce-t-elle.
La démarche de Paul Estier et celle d’Olivia Melchior, colocataires d’un atelier à Fiez, se rejoignent sur différents plans. Tous les deux conçoivent l’expression artistique comme un monde de l’intuitif. Sans croquis ni plan, ils créent avec la matière. Toutefois, l’écoute de soi et de son environnement fait partie intégrante de leur mode opératoire. Deux œuvres faites en binôme ainsi qu’une œuvre réalisée à quatre mains en témoignent. « C’est la première fois qu’on crée ensemble. Une belle expérience », concluent-ils.
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