© Photo : C. Carisey
Le Conseil d’État a remis, le 4 mars dernier à la Salle communale, le Mérite cantonal vaudois à quatre personnalités qui œuvrent – ou ont œuvré - au rayonnement du canton.
« C’est un grand honneur et une belle reconnaissance pour notre communauté de recevoir la remise de cette distinction dans notre commune », tels sont les premiers mots du discours de bienvenue de Monsieur le syndic Franklin Thévenaz. La fierté est encore plus grande, souligne-t-il, de voir un habitant de notre commune parmi les lauréats de cette année.
Alternant des portraits en images et en discours de François Junod, Simone Chapuis-Bischof, Michaël Grätzel et Luc Breton avec de beaux moments musicaux en la compagnie du pianiste Daniel Eisler et des choristes de l’Ensemble vocal de L’Auberson, la cérémonie organisée en ce mercredi soir a rendu honneur au travail de leur vie.
François Junod et la mécanique d’art
Enfant de Sainte-Croix, celui qui avoue en toute franchise avoir longtemps voulu quitter cette commune, est très honoré et ému d’être distingué dans ce lieu qui l’a vu naître et où il a décidé de s’établir en tant qu’artisan il y a déjà de nombreuses années. L’automatier connaît désormais une notoriété qui dépasse les frontières de notre pays. Europe, Etats-Unis, Japon, ses créations captivent leur public grâce à toute la magie qu’elles recèlent, « ce souffle de vie mécanique qui leur permet de sortir de leur état léthargique » pour (re-)naître et « accomplir les desseins de leur créateur », selon les propres mots de Madame la Conseillère d’Etat Anne-Catherine Lyon. Repoussant sans cesse les limites techniques et poétiques, l’automatier continue de surprendre avec ses oeuvres, année après année, à l’image de son célèbre Pouchkine qui le fait entrer dans l’histoire des automates comme l’auteur du premier androïde mécanique qui écrit des textes de façon aléatoire.
Simone Chapuis-Bischof et le militantisme féministe
Dans quatre jours, le peuple suisse est appelé à aller voter. Le simple geste de glisser son bulletin dans l’urne, si banal et anodin à l’heure actuelle, était encore interdit aux femmes dans notre pays il y a moins de cinquante ans, comme le rappelle bien justement Madame la Conseillère d’État Béatrice Mettraux.
Grâce à des militantes féministes faisant preuve de courage et de ténacité, les femmes participent désormais activement à la vie politique du canton. Alors qu’une grande manifestation nationale est organisée à Berne le samedi 7 mars prochain pour demander un véritable contrôle de l’égalité salariale et se dresser contre l’élévation de l’âge de la retraite des femmes à 65 ans, le mérite cantonal vaudois décerné à Madame Simone Chapuis-Bischof, ancienne présidente de l’Association pour les droits de la femme (ADF), vient saluer les décennies d’engagement dont elle a fait preuve pour la cause féministe, mais sert également à rappeler aux générations actuelles et futures que le « combat » pour la reconnaissance des droits des femmes n’est pas encore gagné.
Michaël Graetzel et le développement des énergies renouvelables
C’est au tour de Madame la Conseillère d’Etat Nuria Gorrite de décorer le troisième lauréat, Monsieur Michaël Graetzel, professeur de chimie à l’EPFL. Scientifique d’envergure, il connaît depuis de nombreuses années déjà une très grande notoriété dans le monde scientifique, en témoignent les nombreux prix reçus à ce jour. L’inauguration en 2014 du Swiss Tech Convention Center sur le site de l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne l’a fait connaître également du grand public. Poursuivant depuis de nombreuses années des travaux sur la conversion de l’énergie lumineuse en électricité, il a développé une nouvelle génération de cellules solaires à colorant, les cellules Grätzel, qui ont été intégrées dans les vitrages du bâtiment ci-dessus. Cette découverte pourrait devenir, dans un proche avenir, une alternative très intéressante aux cellules photovoltaïques à base de silicium. Très ému d’avoir été distingué, le scientifique d’origine allemande souligne que ce travail est celui d’une équipe et que cette découverte aurait pu rester inconnue s’il n’y avait eu quelques industriels téméraires, qui ont osé croire en son invention et investir dans son développement.
Luc Breton et la recherche du son
La remise du dernier mérite n’est pas chose aisée, selon Monsieur le Conseiller d’Etat Pascal Broulis. En effet, Luc Breton est un personnage aux multiples facettes : luthier et archetier, il est également musicologue et chimiste. Homme de tradition, il respecte le savoir-faire ancestral car, selon lui, les matériaux choisis et les gestes exécutés par les luthiers depuis des générations sont la garantie de produire les meilleurs sons. Son travail est caractérisé par la recherche du beau son, du son parfait.
Quatre personnalités, quatre parcours de vie, quatre domaines de « recherche » tellement différents. Mais au final, ces quatre lauréats partagent de nombreuses qualités, qui les animent et les portent dans leurs démarches : une grande maîtrise de leur domaine de compétence, une volonté tout aussi importante de mener leur tâche à bien, beaucoup d’imagination et d’innovation, une ténacité hors norme. Le mérite qui leur a été accordé ce soir par le Conseil d’Etat récompense d’une belle manière l’engagement dont ils font preuve depuis de nombreuses années à l’égard de leurs activités respectives.
R. Gueissaz
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