Un photographe franco-suisse réalise des installations éphémères avec des centaines de bidons à lait. De vendredi à dimanche, la population pourra participer, sur inscription à l’OT, à une demi-douzaine d’alignements sur le Balcon du Jura.
Symbole de la vie paysanne, témoin de la modestie ou de l’opulence du domaine agricole lorsqu’elle rutile, en solo ou en bande, accrochée à l’envers sur la façade, la boille à lait a perdu ce compagnonnage avec le paysan à l’avènement de la traite directe et des tanks à lait. Le photographe franco-suisse Gérard Benoit à la Guillaume (GBALG) s’est épris de cet objet à la silhouette bonhomme il y a une quinzaine d’années. « Sillonnant le Jura, je venais à Baulmes lorsque j’en ai croisé deux spécimens le couvercle à demi ouvert, barbotant dans la fontaine de l’ancienne laiterie de Vuitebœuf. À l’époque, je faisais un travail sur l’anthropomorphisme pour un éditeur », se souvient-il. Il tombe sous le charme de l’anthropomorphisme fonctionnel de ces instruments en usage sous bien des latitudes. Il ne le sait pas encore, mais cette rencontre va le conduire à la création de Bidons sans frontières, et à des centaines d’installations comme celles qu’il réalise dès aujourd’hui et jusqu’à dimanche sur le Balcon du Jura (voir programme ci-contre).
Désert marocain
Après la rencontre impromptue de Vuitebœuf, une amie de GBALG lui a offert deux boilles. Très vite, il en devient « gaga », comme il dit spontanément. Sa collection s’enrichit jusqu’aux 330 bidons qui servent aujourd’hui de fil rouge à ses installations éphémères qui surlignent les territoires avant d’être immortalisées en photographies, puis rassemblées à nouveau pour renaître à un autre endroit. De nombreux pâturages jurassiens franco-suisses, mais également les stations valaisannes de Crans-Montana ou Nendaz les ont accueillis. Les boilles ont aussi bravé les sables du désert marocain, avec le concours d’un organisateur de treks. Ces personnages inoxydables se sont aussi faits citadins, posant leur fondement sur le bitume à Besançon, Lons-le-Saunier, ou encore sur la jetée du Jet d’eau à Genève et les quais de Nyon.
Le photographe a créé l’Académie franco-suisse du bidon à lait, qui s’attache à promouvoir et à encourager la création autour du bidon à lait. Depuis, il reçoit des photos et des petits textes de toutes parts.
Appel à des porteurs
L’initiative de l’événement qui se déroule ce week-end revient à Jenny-Anne Maeder, de la galerie du Bunker à Sainte-Croix. « Cela fait depuis que je connais Gérard Benoit à la Guillaume que j’avais envie d’organiser une installation de Bidons sans frontières à Sainte-Croix », évoque la galeriste. Il a fallu les changements d’agenda liés au COVID-19 pour qu’une fenêtre s’ouvre à la concrétisation du projet, en lien avec l’exposition de photos sur le même sujet, en cours jusqu’au 16 août à la galerie Le Bunker. « C’est un super événement pour la région, qui nous permet de proposer quelque chose de différent en cette période », salue Justine Paillard, cheffe de l’Office du tourisme sainte-crix qui collecte les inscriptions des bénévoles pour la mise en place des chaînes de boilles.
« J’ai besoin de porteurs, c’est mon point faible », reconnaît Gérard Benoît à la Guillaume. Au début, la famille et les amis ont prêté main-forte. Ils sont toujours là, mais accompagnés de nouveaux bénévoles locaux. Durant trois jours, les Sainte-Crix sont conviés à accompagner l’artiste en participant à une création éphémère et géopoétique, dans un esprit de convivialité.
Cinq ou six installations
Le premier rendez-vous a lieu ce matin à 9h30, sur le parking du Chasseron. Il débute par une présentation du projet par Gérard Benoit à la Guillaume. « Dès 14h30, nous installerons les bidons depuis le restaurant jusqu’au triangle signalant le sommet », précise le photographe.
Samedi 25 : Dès 11h45 (rdv devant le magasin le Sud à la place du Marché), installation à la place du Pont et à la rue Centrale. Dès 15 heures, installation dans les hauts de Sainte-Croix, dans un pâturage proche du col des Étroits. (Rdv à 15h devant la galerie Le Bunker).
Dimanche 26 : Rdv à 10h à la croisée de la route L’Auberson-Baulmes et de celle menant à Grange Neuve. Explications du projet par GBALG. 2 installations dans le secteur du col de l’Aiguillon sont prévues dès 13h30, les « toblerones » et les bunkers serviront aussi de support.
Les participants sont attendus équipés de bonnes chaussures et du vestimentaire adéquat. Les inscriptions se prennent à l’Office du tourisme (024 455 41 42). Les installations peuvent être librement photographiées par le public, les professionnels étant priés de s’annoncer au préalable. Un covoiturage sur les sites est possible (SMS 077 420 82 40).
Des informations complémentaires figurent sur le site www.galerielebunker.com.