
Samedi 6 mai dernier la chorale Psalmodie s’est produite pour la quatrième fois à Sainte-Croix. Ambiance lors de son concert intitulé « Ouvre mes yeux ».
La même pluie, toute la journée, sans cesse. Le matin encore je me suis surprise de regarder d’un air incrédule un homme courir, torse nu, sous la pluie, comme si elle n’existait pas, comme si elle ne pouvait pas le faire changer son entraînement sportif. Samedi soir à l’heure du concert de Psalmodie à Sainte-Croix, toujours des trombes d’eau.
Puis, dès les premières notes, on oublie ce qui se passe dehors. Les quelque soixante-cinq chanteurs et musiciens montent sur la scène de la Salle communale pour amener les spectateurs dans un autre monde. Sous la direction de Joël Desy, Marc Dirlewanger, Jean-David Ependa et Jean Pittet, les jeunes entonnent des chansons d’adoration, de confiance, de repentance et d’espérance. Avec beaucoup de justesse et d’émotion, la chorale sait traduire ses valeurs chrétiennes, sans cacher, sans heurter non plus.
Faire chanter les jeunes depuis plusieurs générations
Elle se trouve peut-être là, la clé du succès de cet ensemble fondé en 1985 sur l’arc lémanique. Avec plus de cent trente évènements à son actif, la chorale se produit plusieurs fois par année en Suisse et dans les pays limitrophes. Concerts en salle, productions en maison de retraite ou en prison, projets de disques : c’est un travail d’adaptation et d’harmonisation ambitieux qui marque de nombreux jeunes chanteurs depuis plusieurs générations.
Face au public, le plaisir de chanter change la donne. Théo, 17 ans, vit la première saison avec Psalmodie. Comme beaucoup, il aime chanter depuis tout petit : «J’adore cela, m’exprimer avec ma voix! Cela fait tellement plaisir ! En plus, il y a un bon esprit qui règne dans cette chorale, c’est vraiment super ! » Sur scène, l’enthousiasme du jeune chanteur est palpable. Quand on l’interroge sur sa relation avec le public, Théo avoue que cela représente un défi: « J’aime me produire sur scène pour partager ma foi, même que c’est parfois difficile de m’affirmer si ouvertement. Mais je suis convaincu que, à l’intérieur des gens, cela doit leur faire quelque chose. »
Maîtrise scénographique
Théo n’a pas tort. En une heure et demie de programme, le spectateur est interpellé à un moment ou à un autre. Que ce soit avec « Ma valeur » qui met en avant un témoignage personnel, avec « Majesté » - magnifiquement souligné de trombone et de trompette -, avec « Homme de douleur » qui m’interroge toujours sur nos souffrances cachées, les chants touchent quelque chose. De nombreux intermèdes audio-visuels, micros-trottoirs et chorégraphiques ponctuent la soirée et parlent à un public largement intergénérationnel. Quand le très réussi « Bien compter nos jours » est repris en fin de concert, je suis fascinée, tant par l’encadrement musical de qualité que par la maîtrise parfaite de la scénographie.
Les longs applaudissements largement mérités se sont définitivement tus. De la copieuse collation offerte ne restent plus que des miettes. Je me retrouve dehors. Devant moi le bitume mouillé de notre petite ville si familière. La pluie tombe toujours. Je l’avais oubliée. Et étrangement, avec toutes les mélodies et phrases qui résonnent encore dans ma tête, je me surprends à repenser au coureur matinal. Comme lui, la pluie ne me dérange plus, elle n’est plus qu’un détail. C’est comme si elle n’avait plus de réelle importance. L’essentiel se trouve ailleurs.
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