Diane Esselborn a pris ses fonctions à 80 % début février. La nouvelle conservatrice du Musée unique, qui devrait ouvrir ses portes au printemps 2024, prend peu à peu ses marques à Sainte-Croix et s’attelle à découvrir l’ensemble des collections regroupées des musées Baud, du MAS et du CIMA. Un patrimoine qu’elle a désormais la charge de mettre en valeur et de préserver. Elle nous a reçu au sous-sol du Musée des Arts et des Sciences, son bureau durant la période des travaux de transformation du bâtiment du CIMA en Musée.
L’isolement relatif de son lieu de travail ne semble heureusement pas avoir raison de la motivation de Diane Esselborn. En attendant l’engagement d’un administrateur qui la secondera, et un possible déménagement vers de nouveaux locaux en début d’année prochaine, la jeune femme est à la tâche, occupée par les nombreux projets à développer en vue de l’ouverture du Musée. Et le travail ne manque pas.
Il y a déjà l’ensemble des collections des trois musées régionaux fusionnés – Baud, le Musée des Arts et des Sciences, et le Centre international de la Mécanique d’Art – avec lesquelles elle doit se familiariser : des boîtes à musique, des automates, des horloges, des oiseaux chanteurs, des gramophones, mais aussi de nombreux objets, tableaux, souvenirs d’époque, archives… Une quantité de pièces uniques qui nécessitent d’être triées et inventoriées dans le but d’une éventuelle exposition, mais surtout d’une valorisation. « Les expositions, c’est la face visible d’un musée, le sommet de l’iceberg », relève Diane Esselborn. La centaine d’objets que le visiteur peut trouver sur un parcours n’est en réalité qu’un fragment parmi des milliers qui sont conservés, explique-t-elle, évoquant ceux en mauvais état, qui attendent d’être, ou non, restaurés, et d’autres, moins clinquants, qui ne seront pas exposés. Tous sont pourtant conservés, témoins de l’histoire régionale. « Un inventaire à jour et une bonne communication au sujet des pièces permettraient notamment d’attirer des chercheurs pour qu’ils puissent les étudier, mais aussi de favoriser prêts et échanges avec d’autres institutions, contribuant à la renommée du Musée et de la région », souligne la jeune femme.
De l’expérience et de l’intérêt pour le « régional »
Historienne et historienne de l’art, formée aux études muséales, le choix de Diane Esselborn comme conservatrice du Musée unique fait sens au regard de son expérience dans les musées régionaux : au musée de Carouge, où elle a fait ses débuts et a travaillé à la valorisation d’une collection industrielle, ou au musée de Saint-Imier, où elle a occupé le poste de conservatrice durant six ans. Originaire de Genève, elle ne connaissait pas Sainte-Croix au moment de son engagement, mais son intérêt pour l’histoire lui permet de s’immerger sans peine dans celle de la région. Grâce à son expérience et ses connaissances du Jura bernois, elle a rapidement identifié les similitudes avec celle du Nord Vaudois - géographie, climat et développement horloger -,
mais aussi certaines spécificités : la présence de fer sur le Balcon du Jura qui a permis son développement industriel, notamment. « Les entreprises Thorens, Paillard-Bolex, entre autres, ont fait la renommée internationale de Sainte-Croix. Mais ce qui a récemment remis la localité au premier plan, c’est son artisanat. Et ça, c’est vraiment très intéressant », pointe Diane Esselborn.
Projets et développements
La nouvelle conservatrice fourmille d’idées, que ce soit en termes de médiation culturelle – proposer des ateliers, conférences, workshops avec des professionnels –, ou de collaborations – avec le Cercle d’histoire de Sainte-Croix, la bibliothèque, le Cinéma Royal, le Centre Professionnel du Nord Vaudois, le Technopôle ou l’Association pour le Développement du Nord Vaudois. Le thème de la prochaine exposition temporaire « La mécanique d’art et le patrimoine immatériel » fera d’ailleurs la part belle aux artisans de la place, qui graviteront autour de l’institution pour restaurer les pièces notamment. « La spécificité ici, c’est qu’on est dans un musée où les collections, automates et boîtes à musique, seront utilisées presque quotidiennement, car on les fait jouer. Il faut donc à la fois assurer leur transmission par leur activation, tout en réussissant à les conserver le mieux possible », indique la conservatrice.
Un autre point essentiel pour elle : créer des liens, que ce soit avec les écoles de la région, en développant l’intérêt des enfants pour les musées, ou avec l’office du tourisme régional, en créant des billets combinés par exemple. Budgets à planifier, réflexions sur l’organisation de l’accueil, de la boutique, de la cafétéria, suivi des travaux, rapatriement des collections du musée Baud... De nombreux projets rythment les journées de Diane Esselborn. Celle-ci vit actuellement dans le canton de Neuchâtel avec son compagnon et sa petite fille, mais les Sainte-Crix auront bientôt l’occasion de la croiser et de se laisser emporter par son enthousiasme et sa capacité à faire des liens entre l’histoire de la région et les pièces exposées, lors d’une visite au Musée
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