Romande Energie, qui détient une concession depuis juillet 2018, met à l’enquête publique en partenariat avec la société Estia un projet de turbinage de l’eau de l’Arnon. D’une puissance de 600 kW, l’installation alimentera 500 ménages en énergie électrique.
Il a coulé beaucoup d’eau dans l’Arnon depuis le premier projet de microcentrale électrique dans les gorges de Covatanne. Imaginé par la société vaudoise Estia SA, soutenue par Romande Energie, la demande de concession a été déposée en février 2008. L’énergéticien l’a obtenue dix ans plus tard, en juillet 2018, pour une durée de cinquante ans. Le projet définitif est à l’enquête publique dans les communes de Sainte-Croix et de Vuiteboeuf. Le turbinage de l’eau de l’Arnon devrait produire 1,8 GWh par an, soit la consommation moyenne de 500 ménages.
Concrètement, le projet porte sur la réalisation d’une prise d’eau dans le lit de l’Arnon, à 741 mètres d’altitude, et 30 mètres en aval de l’ancien captage d’eau potable de Vuiteboeuf, dans les gorges de Covatanne. « Intégrés dans une large mesure dans le lit de la rivière », selon le dossier d’enquête, la prise et le dessableur mesureront 5 mètres de large, 12 mètres de long et 4,6 mètres de hauteur. Des blocs de calcaire atténueront l’impact visuel de la partie émergée.
Chute de 143 mètres
La conduite forcée en fonte ductile, longue de 1304 mètres, sera enterrée sur 90% de son parcours et suivra le tracé du chemin pédestre pour l’essentiel. La fouille sera drainée, et la canalisation enrobée de béton en présence de rocher. D’anciens tuyaux d’eau qui alimentaient le réservoir de Vuiteboeuf, ainsi que la conduite de secours du gaz, devenus inutiles, seront démantelés. À noter que la fontaine du refuge sera toujours alimentée, Romande Energie s’étant engagée à réaliser son raccordement.
Après une chute de 143 mètres, l’eau de la conduite aboutira à une minicentrale (turbine Pelton et alternateur) aménagée dans un bâtiment attenant à l’ancienne scierie de Vuiteboeuf, à 20 mètres du pont routier. Un canal de fuite ramènera l’eau turbinée à l’Arnon.
La capacité de turbinage a été calculée par les promoteurs entre 40 litres/seconde et 500 litres/seconde. Sachant qu’un débit résiduel de 50 l/s doit impérativement être laissé dans la rivière, l’installation ne fonctionnera pas en dessous de 90 litres/seconde.
Les travaux dureront du printemps 2020 à l’automne 2021 (hormis l’hiver). Treize aires de stockage seront aménagées pour le chantier sur des surfaces non boisées. Les étapes de creuse seront réalisées sous contrôle archéologique, et des précautions seront prises pour éviter toute pollution.
Réduction des frayères
Des arbres – hêtres, frênes et érables – devront être coupés sur une centaine de mètres. Un reboisement est prévu après les travaux. Quant aux conséquences sur la faune, la notice d’impact du dossier d’enquête relève que les rapaces, chamois, chats sauvages et autres chauves-souris disposent de suffisamment de positions de repli éloignées de la présence humaine pendant les travaux. En revanche, une diminution du débit de l’eau de la rivière réduira l’espace vital des poissons. Le document fait mention d’une réduction de 30% du nombre potentiel de frayères.
Les gorges de Covatanne étant très prisées des randonneurs en été, un itinéraire alternatif sera aménagé sur un sentier existant.
Des doutes avaient été émis par le Tribunal fédéral sur la viabilité économique du projet, d’un coût de 4,5 millions de francs. « Selon nos prévisions, le projet est équilibré et sa rentabilité assurée », répond Lawrence Armstrong, chef de projet chez Romande Energie.
Le dossier peut être consulté auprès des communes de Sainte-Croix et de Vuiteboeuf, jusqu’au 11 juin 2019.
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