
Ouvert le 19 mai dernier, le Centre d’enregistrement et de procédure aux Rochats, sur la Commune de Provence, a vécu un été calme. Prise de température dans un univers très fermé.
Un nouveau Centre d’hébergement pour les requérants d’asile récemment arrivés en Suisse est exploité aux Rochats par l’Office fédéral des migrations (ODM), et ceci depuis le 19 mai 2014. Il s’ajoute à quatre autres nouvelles structures du même type (Bremgarten/AG, Airolo/TI, Bedretto/TI et Gantrisch/BE) qui visent à accélérer les procédures d’asile. Afin de pallier aux flux massifs de requérants (cf. JSCE du 6.9.2014) l’ODM cherche à libérer des places dans les abris de protection civile et peut, dans ce but, utiliser ses propres constructions pour une durée maximale de trois ans. Ce sont principalement des infrastructures appartenant au Département fédéral de la défense qui servent actuellement d’annexes aux centres d’enregistrement existants. Ainsi, l’ancien cantonnement militaire des Rochats dispose d’une capacité maximale de 120 places dont 80 à 100 sont occupées en moyenne. Durant l’hiver dernier, la caserne a été rénovée et mise aux normes pour près de 4 millions de francs; travaux qui, en partie, ont été confiés à des entreprises locales.
Sur place domine l’ambiance de tout centre de requérants d’asile: dortoirs sommaires, couloirs froids et portes blindées côtoient un univers rythmé par des auditions, des transferts et de la surveillance. Les personnes hébergées aux Rochats arrivent principalement depuis Vallorbe, sans enfants à scolariser. Dans ce collectif, avec des arrivées et des départs très fréquents, il n’y a que peu de possibilités qu’un équilibre s’installe véritablement. Ce sont des contacts de fortune qui se mélangent aux coutumes des uns et aux histoires individuelles des autres.
Démarrage positif
Les requérants restent sur place durant 90 jours au maximum. Tout comme à EVAM à Sainte-Croix, les demandeurs d’asile proviennent actuellement de Syrie et d’Erythrée, pour la majeure partie. L’ODM précise que le démarrage du Centre des Rochats s’est bien passé: «Pour l’instant, la situation est tout à fait normale, et nous n’avons aucune problématique majeure à signaler. L’équipe d’encadrement est composée de dix personnes, dont une responsable et une infirmière», précise Céline Kohlprath, porte-parole de l’ODM. S’y ajoute un groupe de suivi qui se réunit régulièrement et veille au bon fonctionnement du centre de l’asile. Il est composé de la Commune de Provence, de représentants de la population, de la Confédération et des entreprises chargées de la sécurité et de l’encadrement.
Même son de cloche à la Commune de Provence: ici non plus, aucun problème rencontré avec les nouveaux habitants qui occupent les lieux: «En préambule, beaucoup de personnes dans la population étaient en souci: on a toujours des craintes de ce que l’on ne connaît pas», se rappelle Johny Favre, Syndic. «Aujourd’hui je peux affirmer que la cohabitation sur place se passe bien. Les demandeurs d’asile sont des personnes calmes qui ne posent pas de problèmes.» Sur la base du modèle «Aravoh» de Vallorbe, un groupe de bénévoles est en train de se créer afin d’accueilir les requérants en dehors du centre et de leur permettre des contacts avec le monde extérieur. La recherche d’un local adapté est en cours. L’administration de Provence se réjouit de ce projet concret et convivial.
Occupation utile et
environnement préservé
Afin de préserver au mieux la protection des demandeurs d’asile, les visites dans le Centre des Rochats sont interdites au public. Car moralement le contexte est fragile pour les requérants: doutes et désespoir s’ajoutent souvent aux traumatismes vécus durant leur périple, voire dans leur pays de provenance. Une équipe médicale tâche de désamorcer les problèmes de santé les plus urgents. De l’écoute bienvenue est offerte par un service d’aumônerie. Les requérants du Centre des Rochats effectuent régulièrement des travaux d’utilité publique qui ont lieu dans la Commune de Provence. Ces travaux, souvent dans la nature, permettent non seulement de favoriser l’intégration, mais ils cassent aussi la monotonie du quotidien et sortent les requérants de l’attente. Dans ce même but, des activités sportives et artistiques et des sorties en plein air ont lieu plusieurs fois par semaine. Les cours de français visent à permettre aux nouveaux arrivants une expression basique et un minimum de communication avec leur nouvel entourage.
Au bout du compte, les migrants trouveront une autorisation de séjour provisoire ou une non-entrée en matière (NEM) qui les reconduira dans leur pays d’origine. Espérons, quelle que soit l’issue de leur procédure, que l’accueil rencontré aux Rochats les accompagnera en bien sur leur chemin vers plus d’humanité.
Simone Zurbrügg
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