L’annonce de la candidature de Pascal Broulis à l’élection au Conseil des États, l’année prochaine, n’est pas vraiment une surprise, mais c’est une très bonne nouvelle pour le Nord vaudois. Le congrès du Parti libéral-radical de jeudi prochain devra choisir entre le Sainte-Crix et la conseillère nationale Jacqueline de Quattro. Ensuite il pourrait se retrouver sur les bancs de la Chambre haute en compagnie de son ancien collègue ministre Pierre-Yves Maillard… Mais tout cela est de la musique d’avenir, nous avons donc rencontré le candidat en compagnie de Jean-Franco Paillard et Patrice Bez.
Pascal Broulis a déjà derrière lui une longue carrière politique. Il fait ses premières armes au Conseil communal de Sainte-Croix en 1985, puis il accède au Grand Conseil en 1990 dans le groupe radical. En 2002, il est élu au deuxième tour au Conseil d’État où il se voit confier le département des finances, qu’il gardera pendant vingt ans jusqu’à la fin de son mandat le 30 juin 2022. Il est le premier président du gouvernement sous le régime de la nouvelle Constitution vaudoise et il est le seul ministre à avoir obtenu plus de cent mille voix lors d’une élection.
Partisan d’une rigueur budgétaire raisonnable, mais favorable à une politique d’investissements, il parvient à réduire la dette du Canton de plus de neuf milliards à quasi rien, réalisant de nombreux exercices financiers positifs. C’est sans doute cette réussite qui lui vaut une célébrité et une aura qui expliquent qu’il sera réélu au gouvernement au premier tour à trois reprises. Pascal Broulis tente d’accéder au Conseil fédéral, mais les membres de l’Assemblée fédérale lui préfèrent le Neuchâtelois Didier Burkhalter ; son collègue d’alors, Pierre-Yves Maillard, fait aussi l’exercice, mais sans plus de succès puisqu’il est devancé par Alain Berset.
Un choix difficile
À cinquante-sept ans, riche d’une carrière aussi brillante et d’une vaste expérience à tous les niveaux du pouvoir politique (communal, cantonal et international), le Sainte-Crix n’allait pas rester les bras croisés. On se doutait bien qu’il pourrait lorgner sur le Conseil des États, ce n’est pas l’envie qui manquait, mais il fallait que toutes les conditions soient réunies. Pascal attendait de voir quelles candidatures émergeraient dans son parti et surtout ce que déciderait l’actuel conseiller aux États Olivier Français, qu’il aurait soutenu s’il décidait de briguer un troisième mandat. Or mardi dernier, le sénateur lausannois a déclaré qu’il ne se représenterait pas. La voie était libre, de sorte qu’il pouvait présenter sa candidature à l’investiture du PLR, tout comme l’avait fait quelques jours plus tôt son ex-collègue au Conseil d’État, Jacqueline de Quattro.
Le Parti libéral-radical vaudois ne présentera vraisemblablement qu’une seule personne pour les États et, lors de son congrès à Savigny le 8 décembre prochain, il aura donc le choix entre une femme et un homme, tous deux anciens conseiller-e-s d’État. La section du Nord vaudois, qui représente environ douze pour cent des délégués, mobilise d’ores et déjà ses forces et le Sainte-Crix utilisera toutes les ressources de son large réseau pour tenter de l’emporter.
Les arguments
Mais que dira-t-il à ses amis libéraux-radicaux pour les convaincre de faire le bon choix ?
« Je dispose d’une large expérience et je connais bien la Chambre haute », affirmera-t-il clairement. En effet, Pascal Broulis a présidé longtemps la Fondation.ch pour la cohésion nationale et la Conférence des gouvernements cantonaux. Il s’est beaucoup engagé pour que, après le refus par le peuple de l’adhésion à l’EEE en 1992, les Cantons soient informés par le Conseil fédéral et associés aux négociations entre la Suisse et l’Union européenne. Il a ainsi rencontré à moult reprises des membres du Conseil des États et s’est largement fait connaître dans la Berne fédérale.
« Je défendrai l’idée qu’il faut investir pour l’avenir, notamment pour assurer la transition énergétique, mais aussi pour les transports. Comme cela a été démontré lors de la crise sanitaire, l’engagement des pouvoirs publics permet de maintenir et de relancer l’économie et en fin de compte l’État s’y retrouve. » Il cite aussi l’exemple des travaux à la gare de Lausanne qu’il conviendra d’accélérer si l’on veut disposer d’un réseau ferroviaire national compétitif.
« Je m’engagerai aussi pour réformer le deuxième pilier. Il faut que le premier franc d’un salaire soit soumis à cotisation, sinon c’est la précarité assurée pour un grand nombre de personnes, et en particulier pour les femmes. »
Pascal Broulis invoquera son expérience de ministre cantonal des finances pour se montrer actif dans ce domaine à Berne, comme dans celui de la fiscalité. Il insistera sur la défense des valeurs pour le canton de Vaud, qui a retrouvé des couleurs, et qui est à la pointe dans le domaine de la formation avec ses hautes écoles, université, formation professionnelle, etc.
Sur le plan régional, le candidat rappelle que de nombreuses thématiques sont importantes, comme les transports, le tourisme, les relations avec l’Union européenne.
Les perspectives
Tout cela suffira-t-il à désigner le Sainte-Crix pour défendre les couleurs du PLR, contre Jacqueline de Quattro ? La question du genre pèsera-t-elle fortement ? Pascal s’en défend clairement. Pour lui, ce sujet n’est pas à l’ordre du jour dans son parti, qui accorde leur place aux femmes à tous les niveaux du pouvoir. Il pique même les Verts qui ont désigné Raphaël Mahaim contre une excellente candidate, présidente du Grand Conseil, pour les représenter aux États…
Quelles sont les chances du Sainte-Crix d’être adoubé par le Parti libéral-radical et, dans l’affirmative, d’être élu au Conseil des États ? Le résultat des trois dernières élections au Conseil d’État montre que Pascal, tout comme Pierre-Yves récoltent chacun environ 58 % des suffrages. À cette aune, on peut très bien imaginer que les deux pourraient être élus… au premier tour déjà. Les vingt ans de Pascal comme grand argentier plaident en sa faveur, tout comme son sens du compromis (que certains appellent « sens de l’État ») en particulier avec Pierre-Yves Maillard. Celui-ci a toutes les chances de son côté pour être élu, alors pourrait-on revoir au Conseil des États ce binôme que des journalistes avaient surnommé « brouillard et malice » ?
«Nous nous connaissons très bien et nous savons travailler ensemble pour le bien du Canton », assure Pascal. Il y aura bien sûr des sujets où les positions des partis politiques l’emporteront, cependant la Chambre haute est un lieu de réflexion et de proposition plutôt que d’agitation, donc tout espoir est permis.
Rendez-vous tout d’abord le 8 décembre pour connaître la décision du Parti libéral-radical vaudois, quant à la suite…
Nous adressons nos félicitations à Pascal Broulis pour sa décision de poursuivre son engagement pour la cause publique et nous lui souhaitons plein succès.
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