En effet, au vu de la large palette musicale, culturelle et théâtrale proposée par le comité d’organisation et offerte par des intervenants motivés et enthousiastes, le mot festival est tout à fait approprié !
Dès le 27 février déjà, le journal local a publié divers articles présentant le compositeur, décrit par différentes personnalités du monde de la radio ou de la culture, ainsi que les festivités à venir et l’énorme travail d’organisation fourni par le Comité et la Commission culturelle communale. Et vendredi soir 8 mai, les feux de la rampe se sont allumés pour le premier acte célébrant la naissance, voilà 150 ans, de notre illustre combourgeois Emile Jaques-Dalcroze.
« Trajectoire d’un compositeur romand »
Avec ce titre accrocheur, le public, venu en nombre, malheureusement pas suffisamment pour remplir la salle communale, a entendu tout d’abord les interventions de Messieurs Paul Schneider, Franklin Thévenaz et Pascal Broulis.
Les orateurs, chacun avec sa sensibilité propre, a présenté l’une ou l’autre des multiples facettes de la personnalité extraordinaire d’Emile Jaques-Dalcroze qui, 65 ans après sa mort, est toujours parmi nous, grâce à son inventivité sans limite et à l’œuvre gigantesque qu’il a léguée, particulièrement au Pays romand, mais également hors de nos frontières.
Il appartenait à l’Union Chorale de transporter le public dans l’ambiance « dalcrozienne » par l’interprétation de trois chœurs connus et chantés à de multiples reprises par les chorales vaudoises notamment, célébrant la maison et la famille, la fête et l’amour, des valeurs simples et authentiques, chères à ce compositeur populaire.
Partie didactique
Monsieur Jacques Tchamkerten, chargé de recherches à l’Institut Jaques-Dalcroze de Genève, a su captiver le public par l’évocation du parcours d’Emile Jaques-Dalcroze, né à Vienne en 1865, personnalité riche et créative, pédagogue et compositeur à l’inventivité constamment en alerte.
Le musicien, qui a toujours conservé un très fort lien avec sa commune d’origine, venait régulièrement se ressourcer au Grand Hôtel des Rasses ; il s’émerveillait devant les boîtes à musique et surtout par le fait qu’elles étaient placées partout et même, parfois, dans des endroits intimes !
Emile Jaques-Dalcroze était un homme cosmopolite et l’ouverture aux autres revêtait une grande importance, il est donc parti à Paris, afin de suivre des cours de diction avec un comédien, puis à Alger, où il obtient le poste de second chef, à la tête de l’Orchestre du théâtre. Le folklore et les rythmes d’Afrique du Nord intéressent particulièrement cet humaniste, habile à confectionner des liens communautaires et toujours curieux de nouveauté… Raisons pour lesquelles son œuvre est tellement vaste, passant de l’Opéra présenté en 1894 à Genève à un « Festspiel », poème alpestre, créé pour l’exposition nationale de sa ville d’adoption. Il a écrit également des œuvres pour son épouse, italienne dont la voix lyrique était très appréciée.
Ses pérégrinations lui ont permis de rencontrer d’éminents compositeurs, tels que Ravel, Debussy, Saint-Saëns et Bruckner, ces derniers ont influencé les œuvres de Dalcroze écrites autour de 1910.
Il a également été chansonnier, humoristique, sentimental ou ironique, créant ainsi une ambivalence entre la composition sérieuse et la chanson populaire romande. Cet homme en perpétuelle ébullition s’est également adressé aux plus jeunes grâce à ses chansons et rondes enfantines, au travers desquelles la nature et les animaux étaient mis en scène !
En 1915, l’Institut Dalcroze voit le jour à Genève, et par la suite, une quarantaine de centres d’enseignement sont créés à travers le monde. La particularité de la méthode réside dans le fait que Jaques-Dalcroze imaginait le corps comme intermédiaire entre les sons et la pensée.
Des musiques fort différentes… et des genres aussi plaisants l’un que l’autre !
Le troisième volet de cette soirée a permis aux auditeurs de découvrir la Sérénade, opus 61 en six mouvements, créée en 1905, interprétée avec beaucoup de finesse par le quatuor à cordes Sine Nomine.
Et pour terminer, une partie cabaret, animée par deux artistes connues pour leurs grandes qualités musicales : Irène Hausammann, pianiste et compositrice, et Jacqueline Savoyant, directrice de chœurs. C’est avec beaucoup de grâce et d’élégance que la pianiste a donné la réplique à sa complice, dont les mimiques et les expressions éloquentes ont teinté les textes de Dalcroze d’une couleur festive qu’aurait appréciée le compositeur !
Pour terminer cette soirée, Martine Jaques-Dalcroze, petite-fille du compositeur, a remercié les intervenants d’engager leur talent pour célébrer cet anniversaire.
Texte et photos : Martine Stoeckli
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