Une centaine de personnes a suivi jeudi soir la présentation de la stratégie touristique du Balcon du Jura par l’ADNV et les autorités. Les projets et les attentes du Masterplan ont suscité une quinzaine d’interventions et suggestions.
Développer les valeurs, l’attractivité et le rayonnement du Balcon du Jura vaudois. Stimuler les collaborations des acteurs touristiques autour d’une vision commune. Activer des ressources financières disponibles pour des projets innovants de nature à « créer d’ici 2026 une destination touristique forte, reconnue et estimée ». Ce sont, en très résumé, les propos tenus jeudi soir par Nadia Mettraux, directrice de l’ADNV, pour présenter le Masterplan, autrement dit les enjeux du développement touristique à la centaine de personnes rassemblées à la salle communale de Sainte-Croix.
« Longtemps, la saison d’hiver a suffi à faire vivre le Balcon du Jura. Aujourd’hui, l’été est une saison à part entière », a souligné Cédric Roten, syndic de Sainte-Croix. Selon lui, le passage à une offre quatre saisons demande des investissements et la mise en œuvre d’une gouvernance touristique « globale et transversale » pour le Balcon du Jura.
Moins de neige
Une nouvelle stratégie se prépare depuis 2015, suite à une étude sur l’avenir des destinations touristiques dans un contexte d’adaptation aux changements climatiques : hausse des températures, moins de neige et plus de pluie en hiver, saison d’été rallongée. « La mise en place de la stratégie touristique se fera en plusieurs étapes, allant du court au long terme. Elle ira aussi de l’étude des concepts à leur réalisation », a souligné Maude Gonthier, syndique de Bullet.
Les grands projets sont déjà connus : la création du Musée unique, la construction du Centre sportif quatre saisons aux Cluds et la rénovation de la piscine des Replans, a exposé Laurent Hall, chef de projet basé à Sainte-Croix. Ce qui est nouveau, c’est une recherche poussée de synergies et de complémentarité entre eux. Divers maillons se grefferont sur ces centres de loisirs, qui à l’horizon 2025 seront interconnectés, de préférence par une liaison VTT ou à vélo électrique. Un concept de signalisation devrait être en place à la même échéance.
« Mettre sur pied de nouveaux itinéraires, c’est bien, mais pédaler avec de l’herbe jusqu’au guidon, un peu moins », a relevé en substance Cédric Baumer, posant la question de l’entretien des chemins. Un bémol reconnu par le chef de projet, qui travaille à un concept de gestion et d’entretien des parcours.
Loger des groupes
Le manque d’hébergements a prix doux pour des familles et des groupes, style auberge de jeunesse, n’a pas (encore) trouvé de réponse du côté du COPIL. De la salle sont venus plusieurs propositions : prendre contact avec les propriétaires de la cabane du CAS du Rocher, ou solliciter les propriétaires des bâtiments de la Colonie de Payerne et celle des Amis de la Nature, toutes deux équipées d’une cuisine. Cédric Baumer a déploré l’impossibilité de trouver un commerce ouvert le dimanche pour se procurer un pique-nique.
Pour répondre à l’essor des camping-caristes, une place va être aménagée vers la salle de gymnastique de L’Auberson. « Et pourquoi pas au Platon », a suggéré Marylin Guinet. Pour Yvan Pahud, ce serait plus logique au Centre Sportif, d’où partent les parcours de rando. Le responsable du camping des Cluds a annoncé qu’il mettait 14 places à disposition pour des campings-cars sur son site et 4 pour des voitures électriques.
Patrice Bez a relevé « un gros souci » au niveau de l’accueil dans certains restaurants et l’absence de coordination des jours de fermeture. Après la séance, Laurent Hall précisait que les premiers contacts noués avec des tenanciers en vue d’organiser une discussion commune semblaient favorables.
Des déçus
Inquiet des projets qui risquent de renforcer une pression sur les prés et pâturages, Daniel Gander, agriculteur aux Cluds, a plaidé pour le retrait du balisage des sentiers raquettes et pistes de fond pour l’été. « Nous croisons des gens au milieu des prés, dans l’herbe haute, qui nous disent qu’ils sont passés par là en hiver », a-t-il déploré. Dans un autre registre, Jean-Bruno Wettstein, ingénieur agronome, a annoncé qu’il fallait tenir compte d’une possible arrivée d’une meute de loups, comme à la Vallée de Joux, avec notamment comme incidence un changement de comportement du bétail, qui pourrait être plus agressif.
Les propositions ont fait des déçus : Isabelle Dessonnaz a relevé leur manque d’audace, tandis que pour Maria Caramia, des promesses semblables formulées il y a 20 ans « n’ont pas été suivies d’effet, en matière de possibilités de repas de midi et de logement pour groupes, ainsi que d’amélioration des transports publics ». Pendant et après la présentation, plusieurs personnes ont estimé que le mot ADNV pour tourisme ne sera pas compris par les Suisses alémaniques.
« Il faudra du culot, de l’ambition, être présent sur le terrain, et travailler ensemble dans un but commun », a exhorté Nadia Mettraux. « Sainte-Croix et le Balcon du Jura ont toujours su faire cohabiter leur histoire industrielle et celle du tourisme », a abondé Cédric Roten, rappelant qu’en 1957, Sainte-Croix comptait 7443 habitants. C’est à cette période que les remontées mécaniques, le télésiège et la piscine ont été réalisés. Le syndic en veut pour preuve que la région sait « capitaliser sur ses forces et faire de ses faiblesses des opportunités ».
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