Entre confinement et activités restreintes, LeZartiCirque a mal à ses finances. Un prêt et deux mois de RHT pour une partie des collaborateurs ont été obtenus, mais aucune aide pour combler l’absence de recettes.
Lieu magique, LeZartiCirque aurait bien besoin d’un tour de magie pour retrouver l’équilibre financier. Depuis près d’un an, l’activité de l’école, des animations et des spectacles oscille entre fermetures et événements réduits à une audience restreinte. Dans l’attente de la version vaudoise des mesures de réouverture prises par le Conseil fédéral, Dominique Bugnon revient sur l’année écoulée. « Au printemps, comme beaucoup de structures, LeZartiCirque a fermé. Certains étudiants et étudiantes de la formation préprofessionnelle sont rentrés chez eux, d’autres, qui venaient notamment de grandes villes comme Paris, ont préféré être confinés à Sainte-Croix et s’entraîner seul-e-s comme ils pouvaient, en se préparant à des auditions. »
L’un après l’autre, les événements prévus ont été reportés, et/ou annulés, qu’il s’agisse de la troupe du ZartiCirque ou des artistes qui les accompagnent, et qui ont tous des statuts d’indépendants assez fragiles. La troupe a maintenu des liens, et les assouplissements de l’été ont permis la mise sur pied d’un spectacle joué pour les parents et amis, au jardin botanique notamment. En septembre, des journées portes ouvertes ont été l’occasion de renouer modestement avec le public. Depuis, l’école a continué de fonctionner avec les jeunes de moins de seize ans.
Gala annulé
Face à la nouvelle hausse des contaminations à la COVID-19, l’école a à nouveau réduit sa voilure en automne, annulant avec regret la préparation et la tenue du fameux gala du 31 décembre. Le début de 2021 a été à l’image du printemps 2020. L’espoir renaît aujourd’hui, mais la possibilité d’un retour à une vie normale, c’est-à-dire des spectacles, des voyages, des échanges intergénérationnels et l’accueil d’artistes étrangers reste encore bien flou. « Nous avons commencé à travailler sur un spectacle. Nous devrions jouer à Pontarlier à fin avril, mais nous restons dans l’incertitude », confie Dominique Bugnon.
« Nous espérons que nous pourrons monter le chapiteau et jouer. » Mais aussi accueillir de nouveau les 16-18 ans, se réjouit Dominique Bugnon. Pendant toute cette période de restrictions, « les ados étaient tellement heureux de venir au cirque. Nous ne les avons jamais vus aussi disponibles, aussi réguliers, aussi prévenants les uns envers les autres ».
L’école de cirque, c’est une PME qui occupe de nombreux collaborateurs, quelques-uns en emploi fixe et d’autres engagés sur mandat. Dominique et Yves Bugnon donnent tout leur temps au centre de formation qu’ils ont créé et dont ils ont maintenu la flamme vivante pendant 18 ans. Le centre de formation n’a jamais roulé sur l’or, et l’absence de recettes des spectacles plombe sa trésorerie.
Mais si les compétences artistiques de cette école qui rayonne bien au-delà du Balcon sont reconnues, il en va tout autrement des démarches de soutien qu’elle a entreprises pour garder la tête hors de l’eau. Certes, deux professeurs et trois collaborateurs administratifs ont obtenu des RHT pour deux mois, et un prêt COVID a été accordé. Depuis, le personnel est revenu au travail, faisant face aussi à une activité administrative accrue, notamment pour se tenir au courant et appliquer les restrictions sanitaires. « Nous avons été bien accompagnés par notre faîtière, la Fédération des écoles de cirque suisses, qui a engagé un juriste. « Mais elle non plus n’a pas trouvé comment faire pour que nous soyons aidés. Le canton de Neuchâtel a bien soutenu les écoles de cirque, la ville de La Chaux-de-Fonds également », constate Dominique Bugnon. Ce qui n’est pas le cas de la commune, ni du canton du Vaud. LeZartiCirque a déjà rempli quatre dossiers de demandes de soutien.
« Nous n’entrons dans aucune case, culture ou sport. Nous sommes une école, nous avons des cours pour amateurs et une formation préprofessionnelle, mais nous n’avons aucune aide du secteur de la formation. »
« Pas en danger »
Aux difficultés de faire vivre la structure avec des recettes au plus bas, aux charges liées aux bâtiments se sont ajoutées la nécessité de réparer un toit qui coulait et l’obligation d’un raccordement en séparatif aux réseaux d’eau cette année.
L’école tient debout grâce aux parents et aux amis du cirque qui ont pour la plupart maintenu leurs contributions financières sans contrepartie. « Grâce à eux et à cet élan de compréhension, nous nous sentons protégés », souligne la directrice. Un coup de pouce est espéré de l’action Support your Sport de la Migros, une demande est en cours.
Malgré les soucis financiers, Dominique Bugnon se montre rassurante : « Nous avons une équipe qui travaille à ce que l’Ecole reste solide. Mais cela va être compliqué ».