Depuis le vendredi 24 janvier, les murs de la Galerie Le Bunker offrent une symphonie de styles. L’accrochage est le résultat d’un projet novateur signé : Jenny-Anne Maeder. La galeriste-plasticienne inaugure la nouvelle décennie en revisitant la tradition du Salon de peinture et de sculpture, dit Salon. Avec l’exposition collective « 3 », l’hôte souhaite mettre davantage en lumière la communauté des artistes nichés sur le Balcon du Jura. Un zoom sur une manifestation qui récompense créateurs et visiteurs.
Face à l’entrée : trois acryliques principalement de ton bleu ciel. La répétition reposante accueille les amoureux de l’art dans un univers éclectique. La scénographie établit un dialogue ouvert entre les œuvres des douze exposants. La variation esthétique est mise en verve. Une sculpture en terre cuite évoquant une forêt fantastique côtoie une peinture abstraite haute en couleur. Une création conceptuelle fait face à une toile qui fait écho aux traits de l’art naïf. En sus des styles différents, le thème « 3 » renforce la diversité. Le chiffre se prête à des interprétations de toutes sortes. Lors d’un discours au nom de la Municipalité, Sylvain Fasola, municipal enfance, jeunesse, cohésion sociale et culture, souligne cette richesse créative. Des trois places sur un podium sportif aux trois Grâces dans la mythologie en passant par les trois petits cochons dans la littérature vernaculaire, il rappelle la magie du chiffre.
Lauréats
Soucieuse de promouvoir la création et de solidifier la communauté artistique, l’organisation de l’événement a créé un concours. Un jury neutre composé de trois artistes confirmés, Véronique Walter de Lausanne, Adriana Ioset de Fleurier et Étienne Volery de La Sarraz, sélectionne deux réalisations. « Au vu de la qualité de toutes les pièces, la tâche nous a été difficile », explique Véronique Walter. Un œil rivé sur la complexité de la technique utilisée et de la concordance avec le thème imposé « 3 », le trio a décerné le deuxième prix à : « Voie du milieu » de Marilyn Villiger. Tantôt figuratif, tantôt abstrait, tantôt organique, tantôt linéaire, le tableau se présente tel un univers bleu dans lequel trois visages flottent en apesanteur. La recherche sur la matière donne la pleine expression à la composition. « En sus de la maîtrise technique, une émotion forte émane de cette toile. Elle invite à se centrer, à trouver la voie du milieu. Puisée dans le bouddhisme, l’interprétation du thème « 3 » est percutante », remarque Étienne Volery. « C’est autour des trois bouts de bois collés au centre que j’ai structuré ma pensée », raconte Marilyn Villiger.
Quant au premier prix, « Le cycle de la vie » de Iara De Jong Gonçalves le remporte. Son dessin aquarelle se distingue par le calibrage de la composition, le camaïeu de couleurs ou encore par la tournure donnée au thème « 3 ». L’illustration se développe en hauteur au milieu d’une feuille. Un fin motif doré délimite un rectangle se terminant sur un arc brisé. Ce cadrage ancre la création dans l’histoire lointaine. Il se réfère à l’art du vitrail. À l’intérieur de ce cadre : la naissance, la vie et la mort s’esquissent. En avant-plan, un nouveau-né en jaune-orange symbolise le début. Un personnage éclairé par le bambin et ombragé par le squelette, la mort qui surplombe l’ensemble, donne corps à la vie. L’organisation du champ pictural et le travail sur le coloris traduisent pleinement la continuité du cycle de la vie. Apprenant après coup l’âge de l’artiste, les membres du jury ne sont pas peu fiers d’avoir saisi l’occasion de récompenser un jeune talent émergent.
« Autour d’une agape soignée par les artistes et d’un verre offert par la « Cave chez Nathalie », les amateurs de l’art votent pour le troisième prix », explique Jenny-Anne Maeder. L’exposition est à visiter jusqu’au 9 février. Un pot-pourri d’art signé Balcon du Jura qui vaut le détour.
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